MÈRE (Le symbole de...)
MÈRE
l’enfance, la sécurité
Réceptacle de la vie, matrice dans laquelle fut conçu le monde animé, associée aux eaux originelles, la mère apparaît dans toutes les traditions et sous une grande multiplicité d’aspects, de la mère-vierge à la marâtre infâme.
Les mythes utilisent le personnage de la Mère universelle pour conférer au cosmos les propriétés féminines de la présence première, nourricière et protectrice.
• Il y a 5000 ans, le culte des innombrables déesses-mères était pratiqué dans une partie considérable du monde civilisé. Elles étaient presque toutes des déesses agraires, symboles de la fertilité : les Celtes et les Gaulois les vénéraient comme symboles de la Nature, de la Terre nourricière, force créatrice de toute vie, avec les emblèmes de la prospérité terrienne (corbeilles de fruits, corne d’abondance); comme mères des hommes avec un enfant sur les genoux, un lange... On se plaçait sous la protection des Mères qui veillaient sur le groupement humain ou la région... On demandait tout naturellement aux Matres, en cas de maladie, la guérison, notamment pour les enfants.
• La Mère cosmique est incarnée en Inde par Kali sous le double aspect de l’archétype maternel, terrifiant et bienveillant. C’est la représentation de la Puissance cosmique, la totalité de l’univers... alliant parfaitement la terreur et la destruction absolue à l’impersonnelle, quoique maternelle, consolation... elle crée, protège et détruit.
• La mère symbolise la vie mais également la mort : naissance-sortie de la matrice ; mort-retour à la terre-mère. Dans le Civaïsme, Umâ, la Shaktî (puissance et énergie du dieu conçues comme une femme) est la déesse des céréales, le symbole de la nature qui engendre, maintient, mais qui détruit sous l’aspect farouche de Kâli, la grande Mère ambivalente.
• La mère qui allaite un poupon symbolise généralement une maternité divine. Elle est la Vierge-mère rencontrée dans de nombreux mythes, la mère divine, symbole de l’amour.
• Selon Jung, l’archétype maternel évoque l’origine, la nature, la création passive et, par suite, la nature matérielle, la matrice, le corps, l’aspect instinctif, impulsif et physiologique. La mère incarne le fonctionnement végétatif, l’inconscient, les assises de la conscience ; mais également l’obscurité nocturne et angoissante, le yin chinois.
Sous son aspect nourricier, la mère est le symbole de la satiété, de la sécurité, de la tendresse de l’amour, de la chaleur et de la compréhension... Elle est la protection, le refuge qu’on souhaite atteindre pendant les tempêtes de la vie.
Premier objet d’amour de l’enfant, la mère est aussi son premier idéal, conservé par la suite comme fondement inconscient de toutes les images de bonheur, de vérité, de beauté et de perfection. .. cette unité duelle que symbolisent les « Vierges à 1’Enfant ».
Dans le psychisme masculin, l’image maternelle est en rapport avec l’inconscient et un attachement prolongé à la mère constitue le socle du complexe d’Œdipe: amour et désir de réintégrer le paradis perdu opposés à l’instinct de mort (éveillé par la haine inconsciente pour le père).
Selon Aeppli, de fréquentes apparitions de la mère dans les rêves trahissent un manque d’autonomie dans la conduite de la vie.
Dans les rêves masculins, les aspects négatifs de l’archétype-mère se condensent dans les images de sorcière, cheval (aspect corporel et animal), eau, lune, dragon, baleine, tout animal qui enlace, la tombe, les profondeurs aquatiques, le cauchemar et la frayeur féminine de l'enfant... figurant l’aspect « dévorant » de la mère, son autorité excessive, et renfermant la somme d’agressivité naturellement réservée à la mère méchante ou absente.
Ces monstres indiquent nettement au rêveur la nécessité de se délivrer de l’influence omnipuissante de sa mère pour devenir un homme.
Dans le psychisme féminin, la mère symbolise sa vie consciente, sa jeunesse et l’insouciance heureuse propre à l’enfance.
Les images maternelles sont, selon Jung : l’aïeule, la nourrice, la gouvernante, la déesse, la Vierge, en tant que but des aspirations à la délivrance... dans un sens plus large, l'église, l’université, la ville, le pays, le ciel, la terre, la forêt, la mer et l’eau stagnante; la matière, le monde souterrain; dans un sens restreint de lieu de procréation et de naissance: le champ, le jardin, le rocher, la grotte, l’arbre, la source; dans un sens encore plus restreint de matrice, toute forme creuse; le four, la marmite; sur le plan animal, la vache et tout animal domestique.