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Max Ernst

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Né à Brühl, près de Cologne, en 1891, Max Ernst accomplit d’abord des études secondaires avant de s’inscrire à l’université, suivant les cours de psychiatrie. En même temps il s’intéresse à la peinture de façon assez désordonnée, aux maîtres du passé comme aux contemporains, prêtant une attention particulière aux travaux de certains patients en asile psychiatrique. En 1912, Ernst commence à peindre et expose avec le groupe du Blaue Reiter, dont font également partie Kandinsky et Klee. En 1919, l’artiste entre en contact avec le mouvement Dada, expérimentant ses techniques et exécutant les collages qui lui permettent de juxtaposer des images étrangères entre elles. En même temps, l’artiste découvre les œuvres de Giorgio De Chirico qui inspirent ses premières œuvres surréalistes comme L’Eléphant Célèbes (1921, coll. privée, Londres). En 1922, l’artiste est à Paris où il rencontre André Breton, Paul Eluard et Tristan Tzara et adhère au surréalisme, produisant de nombreuses œuvres comme l’Histoire naturelle (1925, coll. privée) ou les Forêts (1927, New York, coll. privée) dans lesquelles le peintre expérimente la technique du frottage. Respectivement en 1929 et 1934, il publie aussi deux romans-collages, La Femme 100 têtes et Une semaine de bonté. De 1939 à 1953, le peintre vit aux Etats-Unis, période durant laquelle Ernst redécouvre la peinture de paysage (Arbre solitaire et arbres conjugués, 1940, coll. Thyssen-Bornemisza, Madrid). Après son retour à Paris, la renommée du peintre se propage rapidement à travers les nombreuses expositions qui lui sont consacrées. Les œuvres de la dernière période sont caractérisées par un ton plus lyrique et narratif, même si les références aux plus importantes nouveautés de l’art contemporain ne font pas défaut.

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Les études de psychiatrie, les théories psychanalystes et la peinture de la période métaphysique de Giorgio De Chirico constituent les bases sur lesquelles repose le langage artistique particulier de Max Ernst, prestigieux représentant de l’art surréaliste. Ernst adhère au surréalisme après une rapide participation au mouvement de l’art abstrait Der Blaue Reiter et après un rapprochement avec le langage ironique et désacralisant des artistes du Dada, époque à laquelle remonte la composition intitulée Von Minimax Dadamax (1919, coll. Guggenheim, Venise). Si la technique du collage est choisie par Ernst car elle lui offre la possibilité de rapprocher deux réalités différentes comme en une rencontre fortuite, le frottage - peinture obtenue en frottant le fusain sur la toile au contact d’une surface rugueuse -, la décalcomanie, le dripping, sont des langages automatiques qui permettent au peintre de créer des formes casuelles capables de faire naître dans l’esprit une image achevée et complétée par l’artiste grâce à la peinture. Les tableaux d’Ernst sont constitués d’images engendrées par l’inconscient et par les rêves, parmi lesquelles reviennent avec le plus d’insistance les images du corps féminin, des plumes et des oiseaux.

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Ce grand tableau avait été réalisé en 1923 par le peintre allemand Max Ernst pour la maison du poète Paul Eluard à Eaubonne, près de Paris. Ce panneau décorait un des murs de la chambre à coucher d’Eluard et de sa femme, transformant la pièce en un grand jardin. L'œuvre remonte à l’époque de l’adhésion du peintre au Surréalisme, mouvement dont il s’était approché au moment de son arrivée à Paris en 1922, époque où il s’était lié d’amitié avec André Breton, auteur du Manifeste du surréalisme. Les œuvres de Max Ernst sont marquées par sa fantaisie créatrice, mais elles sont aussi le résultat d’expérimentations techniques qui permettent à l’artiste de créer un langage formel très personnel, en mesure de répondre aux nouvelles exigences expressives de l’inconscient.

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Le tableau représente un grand jardin, délimité sur la droite par un mur de brique qui sépare le dedans du dehors. La communication est assurée par une porte bleue qui ferme le tableau sur la droite et qui correspondait à la porte d’entrée de la pièce destinée à abriter le tableau.

La végétation est constituée par d’énormes fleurs pareilles à des artichauts, qui font allusion au thyrse, plante consacrée au dieu grec Dionysos.

Celles-ci alternent avec une énorme fleur blanche et une sorte de cactus aux feuilles tordues.

Tout aussi fantastique est la faune habitant le jardin, avec des insectes bizarres cachés parmi les feuilles et sur les arbres, et des quadrupèdes insolites. Un animal portant son petit sur le dos confère à la scène une impression de sérénité.

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Ce tableau est dominé par un espace ample délimité par le mur de brique, représenté en perspective.

Le caractère irréel et onirique du tableau provient de la disproportion entre les plantes gigantesques au premier plan et la construction représentée sur la droite, au point que l’on se sent petit et impuissant devant la suprématie de la nature.

L’éclairage a quelque chose d’absolu et d’irréel. La seule ombre portée est celle de la boule rouge représentée au premier plan au centre du tableau.

La verticalité des éléments végétaux équilibre le format horizontal de la toile.

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De la décoration de la chambre à coucher de Paul Eluard, il reste un autre panneau peint par Max Ernst et conservé actuellement au Musée de Düsseldorf, qui prolonge le décor représenté dans celui qui s’intitulait Histoire naturelle.

Les paysages figurèrent parmi les sujets préférés d’Ernst, qui dans ses œuvres postérieures transformera les éléments naturels en étranges créatures polymorphes. 

La dimension fantastique et surréelle des paysages de Max Ernst dérive en partie de la connaissance des œuvres métaphysiques de Giorgio De Chirico exécutées quelques années auparavant.

La nature luxuriante illustrée par Ernst fait venir à l’esprit les toiles “naïves” du douanier Rousseau, peintre admiré des surréalistes.

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