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MATIÈRE MAXIME MÉCANIQUE, MÉCANISME MÉCHANCETÉ, MÉCHANT MÉDIAT, MÉDIATION MÉDITATION MENSONGE MENTAL MÉRITE MESURE MÉTAPHYSIQUE MÉTIER MÉTHODE MÉTHODE EXPÉRIMENTALE

MATIÈRE Se dit en deux sens : 1. « On appelle matière tout ce qui existe indépendamment de la pensée ou de l’esprit : c’est la partie non spirituelle du réel. Elle est sans conscience, sans mémoire, sans discours, sans projet ni volonté. C’est l’être inconscient et instantané » (André Comte-Sponville). 2. Depuis Aristote, on oppose la matière à la forme, comme la substance aux accidents qu’elle reçoit. La statue, par ex., est une matière qui a reçu sa forme par l’intervention du sculpteur. -> Accident, substance.

MAXIME Sentence brève exprimant une vérité générale, le plus souvent sur l’homme (par ex. : les Maximes de La Rochefoucauld). C’est aussi « une règle subjective d’action qu’un sujet individuel adopte pour lui-même » (Ferdinand Alquié) ; par opposition à la loi, universelle et par là objective.

MÉCANIQUE, MÉCANISME Est mécanique ce dont le fonctionnement s’apparente à celui de la machine, c’est-à-dire résulte de l’action réciproque de parties matérielles agencées en un système. Le mécanisme est une conception générale du réel, qui cherche à expliquer les phénomènes selon des processus mécaniques, c’est-à-dire des mouvements de matière. La physique cartésienne offre un exemple de conception mécaniste de l’univers.

MÉCHANCETÉ, MÉCHANT Il ne suffit pas d’être nuisible pour être méchant. Est méchant celui qui fait le mal pour le mal, volontairement. MÉDIAT, MÉDIATION Vient de médius : milieu. Est médiat ce à quoi on accède en passant par autre chose. “Par la médiation de...” signifie “par l’intermédiaire de...”. Contr. : immédiat.

MÉDITATION Réflexion recueillie, concentrée, de l’esprit. Comme la rêverie, la méditation est par essence solitaire, mais elle s’en distingue par le fait qu’elle possède un objet et une finalité déterminés, et n’exclut pas l’ordre méthodique. Le modèle en est constitué dans la philosophie par les Méditations métaphysiques de Descartes.

MÉMOIRE Faculté qui permet à l’esprit de se rapporter au passé, en le reconnaissant comme passé.
Au sens le plus général, la mémoire est ce qui conserve, chez l’être vivant, quelque chose du passé. Ce que Bergson appelle “mémoire-habitude” en est un exemple : c’est la conservation de mécanismes imprimés dans le corps (ce qui me permet, par ex., de faire de la bicyclette, ou d’apprendre une poésie). Cette mémoire, qui s’apparente à celle des machines informatiques, n’est pas la mémoire proprement dite, qui suppose le souvenir. La mémoire vraie suppose que le passé conservé soit reconnu comme passé par le sujet. Le souvenir que j’ai (si je l’ai gardé) de mon entrée en sixième ou de la première fois que j’ai embrassé une fille est un souvenir situé dans le cours du temps (même si je ne me rappelle plus la date), comme événement singulier. Ce n’est pas le cas de la poésie que j’ai apprise (même si je peux aussi garder le souvenir des circonstances déterminées dans lesquelles j’ai appris telle poésie).

MENSONGE Le mensonge est la dissimulation délibérée. L’essence du mensonge est dans l’intention et non dans le contenu de ce qui est dit. Je peux mentir et en même temps dire la vérité ; lisez Le mur de Sartre. Le contr. n’est donc pas vérité, mais véracité.

MENTAL Se dit de ce qui concerne l’esprit (en latin mens), considéré comme réalité observable, objet d’une expérience (interne ou externe) possible. “Mental” se distingue de “spirituel” par ce qu’il concerne plutôt l’esprit d’un individu particulier, tandis que “spirituel” renvoie à l’esprit comme entité indéterminée, non liée à un sujet particulier. Cette distinction n’est pas absolue. -> Esprit.

MÉRITE Le mérite est la valeur, dans la mesure où cette valeur résulte d’un effort volontaire du sujet. La beauté est certes une valeur, mais point un mérite. Le courage, si. Et c’est peut-être le seul mérite, puisque l’effort exige toujours du courage. MESURE Mesurer, c’est rapporter une grandeur quelconque à une grandeur de même nature, prise comme unité. La mesure est donc toujours un nombre. On appelle aussi mesure la modération apportée dans une action. Contr. : démesure.

MÉTAPHYSIQUE Ta méta ta physica : titre donné par Andronicos de Rhodes, compilateur d’Aristote, aux livres qui, dans l’œuvre du maître, venaient “après les livres de physique”. Au Moyen Age, le mot désigne l’étude de ce qu’Aristote appelle la « philosophie première », qui a pour objet “l’être en tant qu’être” (aujourd’hui : ontologie). Ensuite, “métaphysique” désigne un certain domaine de la connaissance, caractérisé par la nature de ses objets et une méthode spécifique. Par un jeu de mot sur méta- (en grec) : après, métaphysique se dit de toute connaissance portant sur des réalités situées au-delà de la nature (en grec physis). La métaphysique est l’étude des êtres échappant à toute expérience, du suprasensible, de l’absolu, de la chose en soi. Elle prétend accéder à ces domaines par des voies différentes de celles qu’emprunte la démarche scientifique : intuition directe, raisonnement pur sur les idées. La possibilité d’une connaissance métaphysique a fait l’objet de longues réflexions dans la philosophie ; pour être finalement récusée par Kant (Critique de la raison pure, 1781). Auguste Comte appelle « état métaphysique » le stade transitoire d’évolution de l’intelligence humaine, stade dans lequel elle explique les phénomènes en recourant à des entités cachées, causes imaginaires qui sont des “abstractions personnifiées” (par ex. : l' attraction en physique, l'affinité en chimie, la Nature en général). -► Absolu, chose en soi, expérience, idée, intuition, ontologie.

MÉTIER Ne pas conf. avec le travail ou l’emploi. Un métier est une qualification particulière, qui rend apte à l’exercice d’une profession, et non seulement à occuper n’importe quel poste de travail.

MÉTHODE On appelle méthode toute démarche qui, pour atteindre un but, organise selon un principe d’ordre des opérations distinctes. La nature même de la démarche philosophique impose d’être méthodique. On a coutume de définir une science par les objets qu’elle cherche à connaître et par la méthode qu’elle met en œuvre pour y parvenir. On parle de méthode expérimentale (sciences de la nature) ou de méthode hypothético-déductive (sciences formelles). -► Expérimental, hypothético-déductive.

MÉTHODE EXPÉRIMENTALE « La méthode expérimentale, considérée en elle-même, n’est rien autre chose qu’un raisonnement à l’aide duquel nous soumettons méthodiquement nos idées à l’expérience des faits. » (Claude Bernard.) Remarquer que, dans cette définition, Claude Bernard caractérise principalement la méthode expérimentale par le raisonnement, c’est-à-dire par un acte de l’esprit humain. L’expérience n’est pas par elle-même instructive ; il n’y a pas de “leçons de choses”.




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