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MASQUE la Persona (Le symbole de...)

MASQUE la Persona
Le masque eut pour origine les travestissements en usage dans les fêtes dionysiaques. Dans l'Antiquité, il figurait les types traditionnels de la tragédie et de la comédie avant d’être porté dans les cérémonies religieuses ou profanes : masques de danse, de théâtre, de cérémonie, de carnaval... Cette tradition presque perdue n’est plus perpétuée que par de rares coutumes dont le sens profond initial est depuis longtemps oublié : Gilles de Binche, Géants des Flandres... • D’essence dionysiaque, le masque de théâtre grec fixe à jamais une même émotion, exprimant l'épouvante de l'äme devant le destin ou la gaîté libre de l'esprit qui le bafoue... expression fondamentale de l'Egarement. Il avait pour but d' imposer au spectateur le sentiment de la Fatalité, base de la tragédie antique. L’expression du masque comique est joviale et présente une image du monde renversée... A l'effroi hagard devant la Fatalité succède la grosse ironie malicieuse. ... et à eux deux, ils nous livrent l'énigme de l'existence. • Les masques orientaux accusent les aspects superficiels de la nature humaine, les apparences illusoires adoptées par l’homme : visages bariolés et violemment décorés du théâtre hindou, instruments d’incarnation des dieux, caricatures chinoises des travers humains, types traditionnels dramatiques ou comiques du Nô ou du Gogakou japonais... Ou mimiques effarées et puériles ou placides des tribus nord-américaines, éblouissants masques d’or des Incas... Ils comportent tous un détail: ornement, couleur ou motif symboliques qui indique leur destination, la circonstance où ils sont utilisés. En outre, ils semblent émettre un message, contenir une signification impersonnelle, impalpable, qui jaillit comme un aveu involontaire... la révélation de l'instinct, de ses convoitises présentes, surtout de ses rêves d'au-delà; cette sorte de perception hagarde, diffuse, immense, de quelque chose que nous ne discernons pas et que ce visage sans yeux semble voir au-dedans de lui-même, dans les profondeurs de la vie. • Le message transmis par le masque s’exprime à travers son aspect (forme, adjonction de plumes, ailes, parures, bijoux, tatouages, etc.), expression de son âme et sa mimique, transcription visible de son sens profond.
— Le masque-dieu est le réceptacle permanent d’une divinité ou d’un ancêtre: masques de papier mâché ou de tissu brodé d’or dans les évocations du Râmâyane hindou, où visages maquillés et peints des acteurs du Kathakali se joignent aux mouvements expressifs des danseurs et au choix des couleurs pour symboliser la puissance multiple de l’être démoniaque comme la bonté des divinités bienveillantes. — Investi d’un pouvoir magique, le masque guerrier assure l’invulnérabilité et confère une puissance surnaturelle ; d’un simple mortel, il fait un héros. Evocation du prestige de l’uniforme moderne... — Le masque du chaman est destiné à chasser les forces maléfiques. — Lié au culte des morts, le masque funéraire, dans lequel se réincarne le défunt, exerce une fonction de protection contre les esprits du mal et de préservation de son image. Sa destruction le condamnerait à errer éternellement. Souvent ce masque représente le défunt lors de la cérémonie des funérailles. Porte ouverte sur l’absolu, le masque égyptien formant l’extrémité d’une gaine qui emboîtait le corps, constituait un portrait du mort et une empreinte idéale de son «double». Ce portrait surnaturel aux resplendissantes lueurs d’ocre et de pourpre, d'argent et d'or... indique sa nature nouvelle. La rigidité des lignes enferme la face dans un cadre définitif, dessine une limite géométrique qui l'oriente vers la fixe contemplation des vérités éternelles et la maintient ainsi exposée pour toujours aux rayons du dieu solaire qui est aussi le dieu de la Mort. • Le port du masque est un moyen d’identification avec ce qu’il représente. Dans les civilisations primitives, l’identification est totale; le masque a la même vertu que la peau d’animal dont se revêt le sorcier: celui qui le porte est l’être dont il porte la peau ou le masque. Par conséquent, lorsque dans les cérémonies et les danses rituelles, les acteurs ont mis leurs masques — et souvent ils portent aussi un costume et des ornements qui complètent la transformation — ils sont devenus, ipso facto, les êtres dont les masques... sont les symboles et les représentations. Le chaman sioux revêtu du masque divin s’identifie totalement avec l’Esprit qui s’y incarne: sa démarche, sa voix, ses gestes sont modifiés par la force magique résidant dans les composantes du masque toutes chargées de sens. Le cosmos y est figuré par les couleurs : Nord-jaune ; Sud-rouge ; Ouest-bleu ; Est- blanc ; Zénith-arc-en-ciel; Nadir-noir.
• Moyen efficace de métamorphose, le masque procure la faculté de changer le visage et, par extension, de personnalité. Fard, faux cils et autres artifices, perruque, style de coiffure, lifting... composent le masque en visage de chair. Visage de magie trahissant le désir de plaire et de séduire qui n’est nullement l’apanage des filles d’Eve (on ne peut douter de l’affinité masque-instinct!). Baudelaire énumère aussi les masques de la femme : les airs charmants et qui font la beauté, sont: l’air blasé, l’air ennuyé, l’air évaporé, l’air impudent, l’air froid, l’air de regarder en-dedans, l’air de domination, de volonté, l’air méchant, l’air malade, l’air chat, enfantillage, nonchalance et malice mêlés. • Le travestissement représente donc la persona, cette image idéale qu’on souhaite donner de soi qui passe alors pour le Moi. En même temps, il joue un rôle de protection et procure l’anonymat propice à la disparition des inhibitions et des craintes. Grâce à sa faculté de transformer la réalité au gré de l’imagination, le masque sert de support à la projection et le choix de cette personnalité d’emprunt trouve ses racines au plus profond de l’inconscient. A travers le choix du personnage que l’on aimerait être, du masque qu’on souhaite porter, avec tout ce qu ’il représente d’évasion et de libération, se révèlent des tendances cachées qui n’ont pas la possibilité de s ’exprimer dans la vie quotidienne.

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