Masaccio, Tommaso di Ser Giovanni di Mone Cassai, dit (San Giovanni Valdarno, 1401 - Rome, 1428)
Né dans une des petites villes politiquement liées à Florence, Masaccio arrive très jeune dans le chef-lieu, où il est déjà cité comme peintre en 1417, et où il poursuit une éducation commencée dans sa bourgade natale. En 1422, il entre dans la corporation des médecins et épiciers, association qui acceptait aussi certains artistes em leur permettant ainsi d'être reconnus au sein de la société citadine. La même date figure sur le Triptyque destiné à l'église Saint-Juvénal de Cascia (Arezzo), reconnu comme une des premières affirmations du jeune maître, qui révèle une adhésion totale aux canons de la Renaissance. C'est vers 1424 que se situe la Madone avec sainte Anne, qui témoigne de sa collaboration avec le peintre Masolino, plus âgé (celui-ci peint en effet une partie du tableau, en particulier la figure de sainte Anne). En 1425, Masolino et Masaccio réalisent ensemble le polyptyque de la neige, destiné à l'église Sainte-Marie-Majeure de Rome, tandis que l'année suivante, Masaccio reçoit la commande d'un polyptyque destiné à l'église du Carmine de Pise. Le panneau central de ce polyptyque, représentant la Vierge à l'Enfant (Londres, National Gallery), dénote une maîtrise parfaite des principes de la perspective élaborés à Florence par Filippo Brunelleschi et Donatello, en particulier dans la figure bien campée de la Vierge et l'agencement architectural du trône. C'est au cours de ces mêmes années (mais la datation est controversée) que se situent les fresques sur la Vie de saint Pierre à l'église du Carmine de Florence, réalisées encore une fois en collaboration avec Masolino. La puissante emphase narrative, tout à fait innovatrice de Masaccio, s'y confronte à la peinture de Masolino, encore toute tournée vers les modèles gothiques tardifs. Il réalise là une oeuvre admirée pendant des siècles par de nombreux artistes, qui y trouvent un modèle d'actualité extraordinaire. Immédiatement après les fresques de la chapelle Brancacci, Masaccio peint la Trinité à l'église Santa Maria Novella. Il y atteint un autre sommet de son art par l'agencement des figures dans l'espace, placées à l'intérieur d'une chapelle peinte comparable, en tout et pour tout, aux architectures Renaissance de Florence. En 1428, Masaccio et Masolino sont à Rome, travaillant aux fresques de la chapelle du cardinal Branda Castiglione à Saint-Clément, lorsque Masaccio meurt subitement à l'âge de 27 ans.
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Masaccio eut une vie brève, mais joua un rôle essentiel dans le parcours de la peinture italienne, puisqu'il prépara, avec Brunelleschi et Donatello, l'avènement de l'art de la Renaissance. Il est le premier à appliquer en peinture les règles mathématiques de la perspective découvertes par Filippo Brunelleschi au début du XVe siècle. D'autre part, cet artiste s'intéresse particulièrement à la nature et au milieu ambiant. On s'en aperçoit surtout dans les figures lourdes et concrètes que proposent ses œuvres. Même s'il reçut probablement sa formation des peintres du gothique tardif, les œuvres de Masaccio n'ont rien à voir avec l'agrément narratif et décoratif de ce style. Elles se caractérisent, en effet, par des compositions essentielles et par un langage sobre, mais efficace qui atteste un certain intérêt pour la peinture de Giotto.
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Cette scène fait partie de la décoration de la chapelle fondée par Felice Brancacci en 1424 dans l'église Santa Maria del Carmine à Florence.
Ces fresques illustrent des épisodes de la Génèse et la vie de l'apôtre Pierre.
Elles furent exécutées en collaboration par Masolino da Panicale et Masaccio, qui y travaillèrent jusqu'en 1428.
La décoration de la chapelle Brancacci représente une étape cruciale dans le développement de la peinture de la Renaissance à Florence, car c'est le premier cycle peint où soient appliqués les principes de la perspective découverts par Filippo Brunelleschi au début du XVe siècle.
Le renouveau apporté par le langage artistique de Masaccio provient également de la représentation attentive et minutieuse de la nature et des sentiments, traduisant en images les idées nouvelles de la Renaissance, qui plaçaient l'homme au centre du monde.
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Avec comme toile de fond un paysage aride et dépouillé, Adam et Eve sont chassés du Paradis terrestre après avoir mangé le fruit défendu.
Masaccio a voulu rendre le caractère dramatique de l'événement en représentant Eve qui pleure et se désespère, tandis qu'Adam exprime sa douleur et sa honte en couvrant son visage de ses mains.
Le geste de pudeur ébauché par Eve, qui cherche à se couvrir de ses mains traduit lui aussi l'humanité des deux protagonistes.
La conception naturaliste de la peinture de Masaccio apparaît avec évidence dans la nudité des corps ; quelques siècles plus tard, leur réalisme parut trop audacieux aux frères du couvent, qui firent peindre des feuillages sur certaines parties du corps, feuillages éliminés par les récents travaux de restauration.
Les recherches sur la lumière naturelle amorcées à la Renaissance sont évidentes dans les ombres portées dessinées sur le sol, qui supposent une source de lumière située en haut à droite.
Dans la partie supérieure, au-dessus de la porte d'entrée du Paradis, un ange brandit une épée, et de sa main gauche il montre aux pécheurs la direction opposée, qu'ils doivent prendre.
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Les dimensions de la scène, toute en hauteur et sur une faible largeur, s'adaptent à la forme de l'arc d'entrée de la chapelle, sur le mur gauche de laquelle cette fresque a été exécutée.
Les figures d'Adam et d'Eve dominent la composition, et sont plus grandes que le paysage.
Leurs corps sont inclinés en diagonale sur la droite, ce qui accentue le dynamisme de la composition.
Les dimensions plus vastes de la scène sont suggérées par la représentation audacieuse de la porte du Paradis et par la position d'Adam et Eve, alignés sur une même diagonale.
L'ange est vu de bas en haut et tient compte du point de vue du spectateur, qui se trouve plus bas que la fresque.
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Le naturalisme des corps nus d'Adam et Eve, ainsi que l'humanité des expressions sont encore plus évidents si on les compare aux figures des aïeux représentées dans la scène du Péché originel peinte par Masolino, sur le mur opposé dans cette même chapelle.
La posture que Masaccio attribue à Eve a sans doute été empruntée à quelque statue classique représentant une Vénus pudique, comme celle qui est conservée au Musée des Offices, connue sous le nom de "Vénus des Médicis".
Le sujet biblique illustré par Masaccio dans la chapelle Brancacci sera réinterprété de façon tout à fait originale par Michel-Ange sur la voûte de la chapelle Sixtine, où le Péché originel et l'expulsion du Paradis sont représentés en une seule composition.
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