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Marc Chagall

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Né à Vitebsk, en Russie, Marc Chagall fit ses études à Saint-Pétersbourg, attiré par la peinture de Cézanne, de Van Gogh et de Gauguin. Arrivé à Paris en 1910, le peintre entra en contact avec Léger, Modigliani et Apollinaire, auquel il consacra le tableau intitulé Hommage à Apollinaire, de 1912 (Stedelijk Van Abbemuseum, Eindhoven). Sensible aux suggestions cubistes, le peintre met en évidence, dès ses premiers travaux, un élément fantastique qui demeurera constant dans toutes ses œuvres. Rentré en Russie en 1914, il est nommé en 1918 commissaire des Beaux-Arts à Vitebsk, réformant l’Académie et invitant Lissitzky à venir y enseigner. Entre-temps le peintre, qui adhère avec enthousiasme à la révolution, peint des tableaux qui traitent de la vie quotidienne des paysans et des rites juifs (Jour de fête, 1914, Kunstsammlung, Düsseldorf ; Sur Vitebsk, 1914, coll. privée, Toronto ; La maison grise, 1917, coll. Thyssen-Bornemisza, Madrid). Des dissensions étant apparues au sein de l’Académie de Vitebsk, le peintre s’installe en 1920 à Moscou où il réalise la décoration du théâtre d’art juif. Revenu à Paris, en 1922, le peintre s’adonne à la fois à la peinture et à son activité d’illustrateur, notamment en illustrant les Fables de la Fontaine. Après avoir vécu aux Etats-Unis pendant la guerre, période durant laquelle le peintre traite souvent du thème de la Crucifixion, Chagall rentre en Europe et s’établit en Provence où il se dédie à la sculpture, à la céramique et aux grandes entreprises de décoration comme les vitraux de la cathédrale de Metz (1958-1968) et la décoration de l’Opéra de New York (1965).

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Artisan d’un langage personnel ne se rattachant de façon spécifique à aucun mouvement artistique contemporain, la sensibilité chromatique qui caractérise toute l’œuvre de Marc Chagall dérive des maîtres du post-impressionnisme. Les années passées à Paris au début de notre siècle le rapprochent momentanément du cubisme, mouvement dont il apprend la décomposition des formes et les vues simultanées, sans jamais renoncer toutefois à la force de la couleur. Le ton fantastique de ses œuvres, dans lesquelles des images comme le coq, les époux, le village reviennent comme une obsession et deviennent symboles et vocables de son langage artistique personnel, constitue une constante de toute l’œuvre de Chagall. L’enfance, la famille, les rites juifs, la Russie sont les thèmes traités par l’artiste et ranimés à travers le souvenir et la mémoire qui transfigurent ces sujets comme une fable avec beaucoup de lyrisme.

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Ce tableau du Musée des Offices remonte à une période tardive de l’activité de Chagall, qui peignit cette toile entre 1959 et 1968. Il s’agit d’un des nombreux autoportraits exécutés par le célèbre peintre. Il se présente en fait comme un hommage à Paris, ville dans laquelle Chagall résida longuement au cours de sa vie. L’imagination créatrice qui s’exprime dans toute la production artistique de ce peintre caractérise aussi cet autoportrait, visionnaire et nostalgique, imprégné d’une atmosphère de conte de fées, et dont Chagall a fait don à la ville de Florence en 1978.

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Les traits qui caractérisent le visage de Chagall, qui s’est représenté la palette à la main devant sa toile, sont assez vagues.


Tel un chapeau de fantaisie, sur la tête de l'artiste sont représentés une jeune femme vêtue de blanc et un coq, symboles conventionnels dans le langage figuré de Chagall, qui incarnent la joie et l'énergie vitale.

A l'arrière-plan, se détachent les monuments les plus connus de Paris : Notre-Dame, la tour Eiffel, les ponts sur la Seine.

Seule la couleur, véritable protagoniste de la peinture de Chagall, définit les formes qui ont les contours estompés et flous de la mémoire.

La toile est signée en bas à droite.

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La figure du peintre domine largement tout le premier plan ; elle apparaît comme disproportionnée par rapport aux monuments à l'arrière-plan. 

L'artiste est représenté de trois-quarts, l'épaule légèrement en retrait.

Malgré ses vastes dimensions, la position latérale du personnage laisse une large place au panorama en toile de fond, qui, avec Chagall, est le véritable sujet du tableau.

L'artiste opte pour une perspective surélevée lorsqu’il s’agit de représenter les ponts sur la Seine, tandis que la cathédrale Notre-Dame semble se trouver à la même hauteur que le spectateur.

La succession des ponts sur la scène agence l’espace en profondeur.

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La mise en place du portrait, avec le personnage de trois-quarts sur un paysage en toile de fond est tout à fait traditionnelle, et rappelle surtout la peinture de la Renaissance.

Mais la technique adoptée par Chagall, basée sur l’utilisation de la couleur pour aboutir à l’expression est tout à fait particulière, et comparable aux conceptions d’Amedeo Modigliani, artiste auquel Chagall se lia d’amitié au cours des années qu’il passa à Paris.

D’autre part, l’utilisation particulière de la lumière et de la couleur mise en œuvre par Chagall dans ce tableau, avec des édifices qui semblent pratiquement se désagréger en arrière-plan, rappelle les expériences tardives de Claude Monet dans la série de vues de la Cathédrale de Rouen.

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