MANTEGNA, Andrea
MANTEGNA, Andrea (Isola di Carturo, Padoue, 1431-Mantoue, 1506). Peintre et graveur italien. Élève à Padoue du peintre et collectionneur d'antiquités Squarcione, il fit partie d'une équipe chargée de décorer la chapelle Ovetari dans l'église des Eremitani à Padoue (1448-1456), et se rendit célèbre lorsqu'il devint le peintre officiel des ducs de Mantoue, les Gonzague. Il acheva au palais ducal la décoration de la chambre des Époux (1467-1474), pièce d'apparat où il créa un espace illusoire, afin d'agrandir les petites dimensions de la pièce. La coupole en trompe-l'oeil laissant apparaître un ciel délimité par une balustrade révéla la science mathématique de l'artiste. Voir Donatello.
Mantegna, Andrea (Isola di Carturo, Padoue, 1431 - Mantoue, 1506)
Les premières informations sur Mantegna remontent à l'époque où il est apprenti dans l'atelier padouan de Francesco Squarcione, dans lequel de nombreux élèves ont appris les rudiments de la technique et l'intérêt envers des éléments décoratifs empruntés à l'Antiquité. En 1488, il s'émancipe de son maître, auquel il était lié par un contrat aux contraintes rigoureuses, et accepte pour la première fois une commande autonome, même s'il la partage avec Nicolò Pizzolo: la décoration de la chapelle de la famille Ovetari, à l'église des Ermites de Padoue. A la suite de la mort de Pizzolo, Andrea achève seul cette oeuvre, qui prévoit des scènes de la Vie de saint Jacques, et l'Assomption sur le mur du fond, fresques qui n'ont survécu qu'en partie aux bombardements de 1944. Au cours de la réalisation de cette chapelle, le peintre exécute d'autres oeuvres, parmi lesquelles le polyptyque de saint Luc. En 1453, Andrea épouse Nicolosie, fille de Jacopo Bellini et soeur de Giovanni Bellini, se liant ainsi étroitement au principal atelier de peinture vénitien de l'époque ; au cours de ces mêmes années, il exécute également le Retable de saint Zénon, à la perspective extraordinaire, destiné à la basilique du même nom à Vérone.
En 1459, après des pressions réitérées de la part du duc Ludovic Gonzague, Mantegna s'installe à Mantoue, où il occupe la charge prestigieuse de peintre officiel. Chargé des tâches les plus diverses liées au domaine figuratif, il exécute alors certaines des oeuvres fondamentales de sa carrière : en plus des Funérailles de la Vierge et des tableaux actuellement au Musée des Offices, peut-être destinés à la chapelle du duc dans le château, il travaille jusqu'en 1474 aux fresques de la Chambre des Epoux du palais ducal. Au cours de ces années, à l'occasion également de voyages à Florence et à Rome (où il décore en 1489 une chapelle pour le pape Innocent III, aujourd'hui disparue), Mantegna élabore son style en se confrontant au monde classique. En témoigne la série de toiles représentant les Triomphes de César (Palais Royal d'Hampton Court, Londres), considérées déjà au cours de leur longue exécution, comme le plus important chef-d'oeuvre des collections de la cour de Mantoue. Mantegna conserve sa position à la cour avec les nouveaux ducs, François Gonzague et sa femme Isabelle d'Este : en 1496, il peint la Vierge de la Victoire (Paris, Louvre). Pour le cabinet de travail de la duchesse, qui provenait d'une cour raffinée comme celle de Ferrare, Mantegna exécute, en 1497, la toile représentant le Parnasse et, en 1502, le Combat des vices et des vertus (toutes deux actuellement au Louvre). Dans ces oeuvres, Mantegna se confronte désormais à la jeune génération de peintres italiens, devant qui il conserve malgré tout l'autorité du vieux maître, encore célébré comme celui qui a longtemps dicté les règles des rapports avec l'Antiquité classique.
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L'esprit humaniste mais aussi les nombreux témoignages sur l'art romain de Padoue eurent une grande importance pour la formation d'Andrea Mantegna. Dans ses figures imposantes et sculpturales, cet artiste cherchait à traduire les idéaux héroïques de l'art ancien. D'autre part, les œuvres laissées à Padoue par le sculpteur florentin Donatello lui permirent de découvrir la perspective qu'il finit par exploiter comme un virtuose, avec des effets très suggestifs du bas vers le haut. Il s'est aussi particulièrement intéressé à l'art ancien, comme le montrent les nombreuses références de goût archéologique dans ses œuvres. De plus, l'art de Mantegna se caractérise par sa vision rationnelle et terrestre du thème religieux. Il nie, en effet, toute référence au transcendant. En tant que peintre de la cour des Gonzague, il réussit à traduire en termes modernes propres à la Renaissance le goût pour le faste et pour la célébration d'origine médiévale, mais toujours caractéristique des cours seigneuriales de l'Italie du Nord.
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Cette peinture fut exécutée par le peintre padouan Andrea Mantegna vers 1460.
Le tableau, plus grand à l'origine, devait servir à décorer la chapelle du palais de Ludovic Gonzague à Mantoue, à la cour duquel le peintre séjourna longuement.
Peintre cultivé, ami de poètes et d'hommes de lettres, Andrea Mantegna révèle dans ses œuvres une profonde connaissance de l'art de l'antiquité, qui fut sa principale source d'inspiration.
Les valeurs artistiques de la Renaissance s'affirment également dans l'utilisation rigoureuse des lois de la perspective et dans l'intérêt pour la représentation de la nature.
Dans son illustration de sujets religieux, le peintre élimine toute référence au divin et au miraculeux et transpose les événements dans une dimension terrestre.
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La Vierge a été représentée par Mantegna comme une femme très âgée, allongée sur son lit de mort.
La représentation n'a rien de surnaturel ; au contraire, elle se colore d'accents quotidiens dans les gestes des apôtres qui, tels des officiants, accomplissent le rite funèbre.
Au premier plan, un apôtre encense le corps de la défunte.
Saint Pierre, le premier pape, porte des vêtements sacerdotaux et c'est lui qui lit les prières.
A côté de lui, un autre apôtre tient le petit seau contenant l'eau bénite.
La gloire de la Vierge est évoquée par la branche de palmier, que le jeune apôtre Jean tient à la main.
La dimension humaine de l'événement est accentuée par le paysage que l'on aperçoit par la fenêtre à l'arrière-plan, et qui représente la lagune de Mantoue.
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La disposition des personnages autour du lit de la Vierge reflète le plan rectangulaire de la pièce représentée sur le tableau.
La largeur de l'ouverture pratiquée dans le mur du fond correspond à la longueur du catafalque sur lequel repose la Vierge.
La perspective est centrale.
Les rangées de colonnes représentées sur les côtés étaient reliées dans la partie supérieure par de grands arcs en plein cintre qui accentuaient l'impression de profondeur.
La lumière, filtrée par la fenêtre représentée à l'arrière-plan, provient de droite et éclaire le rebord et les colonnes du côté gauche.
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Le sujet de la mort de la Vierge est emprunté à des textes anciens connus sous le nom d'Évangiles apocryphes.
D'après ces récits, au moment du trépas de Marie, tous les apôtres disséminés de par le monde pour prêcher la parole du Christ furent miraculeusement rappelés au chevet de la Vierge, qui expira peu après. La Vierge monta alors au ciel, entourée d'un chœur d'anges.
Le tableau s'achevait dans sa partie supérieure par une représentation du Christ accueillant l'âme de la Vierge, aujourd'hui conservée à la Pinacothèque de Ferrare.
L'iconographie de ce tableau a un illustre précédent dans la Mort de la Vierge, exécutée sous forme de mosaïque par Andrea del Castagno dans la cathédrale Saint-Marc à Venise.
La vue topographique de la ville de Mantoue en toile de fond et le naturalisme qui connote le paysage eurent une large influence sur la peinture vénitienne et surtout sur Giovanni Bellini, comme le révèle le tableau du Couronnement de la Vierge à la Pinacothèque de Pesaro.
L'interprétation naturaliste et humanisée du sujet de la Mort de la Vierge tel que l'a peint Mantegna se poursuit idéalement dans le réalisme sans fard du tableau du Caravage, actuellement au Musée du Louvre. Tenu pour scandaleux, ce tableau fut refusé par les commanditaires et acheté par les ducs de Mantoue.