MAIN (Le symbole de...)
MAIN
l'outil vital
Organe unique et inimitable, la main a fasciné l’homme dès les temps préhistoriques, par toutes les possibilités qu’elle recèle: gestes servant à la communication, à l’activité, etc.
• Elle fut regardée comme le symbole du dieu-père : la main droite levée comme signe de puissance et de commandement, la main droite étendue ou doigts en avant à l'extrémité des rayons solaires comme signe de sa divine présence, symbole du dieu vigilant, du Dieu-providence, de sa protection et de sa bonté intégrale. En témoignent le geste de bénédiction de la grande déesse crétoise de l’art égéen et les mains dispensatrices de bienfaits terminant les rayons émis par le visage du dieu solaire Amida- Avaloki-
tèshvara.
Mains distributrices de grâces terminant les rayons du disque solaire.
• Symbole de la Providence pour les Musulmans, la main est aussi la synthèse de la loi du Prophète.
En effet, celle-ci contient 5 dogmes ou préceptes fondamentaux correspondant aux 5 doigts. Ceux-ci forment 14 phalanges, 28 pour les deux mains sur lesquelles se répartissent les 28 lettres de l’alphabet (hurûf). les 14 lumineuses sur la main droite liée au Sud et les 14 obscures sur la main gauche liée au Nord. De la même manière que les doigts sont soumis à l’unité de la main qui leur sert de base, les dogmes prennent leur source dans l’unité de Dieu.
• Elle est l’organe de la transmission du savoir. Lors de l’initiation, le maître procède à une prise de main : il pose sa main gauche sur la main droite du candidat placée dans la sienne pendant la récitation des formules consacrées.
Ce rituel, qui reproduit le pacte de l'agrément conclu entre Mohammed et ses compagnons sur la route de Médine à la Mecque, réalise le transvasement spirituel d'un réceptacle à l'autre qui se traduit, conformément à ce symbolisme, par un arrangement ou une remise en ordre des lettres potentielles contenues par la main.
• La main droite est le symbole de l’autorité spirituelle, de la Voie du Ciel, de la clémence et de YHVH. De la main droite du saint émanent toutes les lumières, toutes les bénédictions.
• la main gauche symbolise le pouvoir temporel, la voie guerrière et royale, la rigueur et Elohim.
• La main de justice (main gauche en ivoire aux doigts levés, caractérisant le pouvoir judiciaire, premier pouvoir de la royauté) fut l'instrument à couper le temps du dieu-juge, c.-à.-d. à séparer le jour de la nuit, la saison chaude et vivante de la saison froide et morte, l’état de veille de l’état du sommeil, et, par extension, le bien du mal, la vie de la mort, les justes des coupables.
L’art antique a représenté cette notion de déclin ou de commencement par la mutilation des statues devant figurer le soir ou le matin de la vie, l’aube ou la fin du jour, du mois ou de l’année. Le manchot est par conséquent, l’indication d’une fuite hors du temps par le sommeil ou par la mort.
• La main est associée à l’idée d’activité et de domination; en Egypte elle signifiait la force, la puissance, la vigueur. Les mains jointes symbolisaient la concorde.
• Dans les traditions religieuses, le geste de l’union des mains, réceptacles de lettres potentielles, réalise celle des noms sacrés. La main pontificale qui bénit est le symbole du Tout-Puissant lui-même. Ses bénédictions s'étendent comme les articulations des doigts qui sont attachées à la paume de la main. Cette paume symbolise l'essence divine.
Ainsi le rite de bénédiction trouve son explication dans la Kabbale.
• L’union des mains se retrouve dans trois mudrâ, gestes rituels des mains de l’hindouisme et du bouddhisme symbolisant des attitudes spirituelles :
— le namaskâra-mudra d’hommage ou de prière : mains jointes levées à hauteur de poitrine, doigts étendus face contre face ;
— l'anjali-mudrâ d’offrande et d’adoration : mains jointes, doigts tendus ou fléchis devant la poitrine ou le front ou au-dessus de la tête ;
— l'uttarabodhi-mudrâ de perfection : mains joints tournées vers le haut, pouces et doigts entrecroisés sauf les index qui sont joints et tendus vers le haut.
Voici les autres gestes:
— l’abhaya-mudrâ de sauvegarde, de protection : main droite levée paume en avant, doigts tendus;
— le bhûmisparsha-mudrâ de l’attouchement de la terre ou prise de la terre à témoin : main droite pendante paume en dessous, doigts tendus touchant la terre, main gauche dans le giron ;
— le buddhashramana-mudrâ de salutation : main droite levée au niveau de l’épaule, doigts étendus, paume tournée vers le haut parallèle au sol;
— le dharmaçakra-mudrâ de l’enseignement ou de la mise en mouvement de la Roue de la Loi : main droite verticale devant la poitrine paume en avant, pouce et index se touchant par les bouts ; main gauche horizontale ou verticale paume en dedans, pouce et index se touchant et touchant ceux de la main droite ;
— le dhyâna ou samâdhi-mudrâ de méditation ou de concentration : les deux mains dans le giron l’une sur l’autre paumes en dessous, les pouces se touchant par les bouts;
— le tarpana-mudrâ d’hommage : main étendue de côté au niveau de l’épaule, paume vers le bas et parallèle au sol;
— le varada-mudrâ du don ou de la faveur : main ouverte pendante, paume en avant, doigts tendus;
— le vitarka-mudrâ d’argumentation : main levée paume en avant, pouce et index se touchant par les bouts.
Cette valeur symbolique des mudrâ est la base des danses rituelles asiatiques qui sont un véritable dialogue avec les dieux.
• Détentrice de tels pouvoirs, abrégé de la religion, la main est restée pour les Musulmans un préservatif infaillible contre le mauvais œil. En invoquant Dieu, dit le Coran, montrez-lui l'intérieur de vos mains et non l'extérieur; lorsque vous avez fini, passez les deux mains sur votre visage.
Dans les pays islamiques, on place à l’intérieur ou à l’extérieur des maisons une main sculptée ou dessinée, peinte en noir ou en rouge aux doigts allongés. On braque les cinq doigts de la main droite vers les personnes susceptibles d’avoir le mauvais œil.
La main de Fatima est l’amulette la plus répandue dans le monde islamique; les Shi’ites y joignent les symboles de 5 personnages sacrés: Mohammed, Ali, Fâtima, Hassan et Husaïn.
Il existait à Babylone, une tour surmontée d’une main droite, consacrée à Anu, la Tour Zida signifiant Tour de la main droite.
• La main phallique (fermée, le pouce passé entre l’index et le médius ou le médius dressé, les autres doigts repliés sur la paume) est un symbole phallique, talisman contre les influences malfaisantes, qui servit d’ornement dans l’antiquité.
Ce geste, plus tard nommé figue, eut une connotation érotique et le montrer était considéré comme l’insulte la plus méprisante (83-140).
• La main-amulette de propitiation, en bronze, utilisée par les juifs, était une concentration d’influx spirituels et magiques émis par des noms inscrits sur les doigts: Adam sur la phalange du pouce ; Abel à la jointure; Eve sur l’index ; Caïn sur le médius, Seth sur l’annulaire; Noé sur l’auriculaire; El (Dieu) dans les plis de la main et Haya (vivre) sur la paume ; Sâr Tsebâoth (Prince des Forces célestes), En-Soph (Infini) sur le bourrelet.
• Le nombre des doigts fut assimilé au nombre de sens et l’iconographie accorde un sixième doigt à ceux qui sont pourvus d’un sixième sens: saints des fresques byzantines, main de Fatima...
• En chirologie, la main gauche est le siège de la prédestination. Elle correspond au passé, au passif, traduit le tempérament de l’individu: ses tendances innées, ses dispositions psychiques et physiques.
La main droite correspond à l’actif, à l’avenir, elle enregistre les acquis, les modifications amenées par la volonté et les initiatives individuelles. Sa configuration varie donc constamment ; voilà pourquoi une étude chirologique doit comporter la comparaison des deux mains et être renouvelée périodiquement.