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Lippi Filippo (Florence vers 1406 - Spolète 1469).



Peintre italien. Le jugement moral sur la liaison de ce peintre, frère de l'ordre des Carmélites, avec la religieuse Lucrezia Buti, qui lui servit de modèle et dont il eut un fils, le célèbre peintre Filippino Lippi, né vers 1457, a pesé sur sa fortune critique. La connaissance des œuvres de Masaccio, dont il fut un des disciples les plus convaincus, a été d'une importance fondamentale pour la formation de Filippo Lippi. Son adhésion à la manière du chef de file de la peinture florentine est évidente dans la fresque représentant la Confirmation de la règle, autrefois au couvent des Carmes de Florence, où Lippi avait prononcé ses vœux en 1421. D'autre part, le modelé plastique des figures dénote un intérêt marqué pour la sculpture de Donatello et de Luca della Robbia. La Vierge de l'humilité, au Castello Sforzesco de Milan, remonte à ses premières années d'activité. En 1434, Lippi est à Padoue. Rentré à Florence, en 1437 il peint la Vierge de Tarquinia (Rome, Galerie Nationale d'Art Ancien), qui dénote l'intérêt de l'artiste pour la peinture des Flandres. L'influence flamande est visible dans l'importance accordée à la lumière et dans une plus grande attention pour les détails, qui caractérise également le retable Barbadori, actuellement au Louvre, commandé la même année. Entre 1441 et 1447, le peintre exécute l'imposant Couronnement de la Vierge (Offices) pour l'église Saint-Ambroise à Florence, caractérisé par un coloris lumineux influencé par la peinture de Domenico Veneziano, Piero della Francesca et Beato Angelico. Entre 1452 et 1466, Lippi décore à fresque le chœur de la cathédrale de Prato, en s'appuyant sur la collaboration de son atelier. Le Tondo Bartolini (Florence, Pitti) remonte à cette même époque : comme le cycle de fresques, cette œuvre révèle l'affirmation d'un style dans lequel la ligne occupe une place prépondérante. L'artiste meurt en 1469 à Spolète, où il se trouvait depuis 1467 pour exécuter un cycle de fresques montrant des Scènes de la vie de la Vierge, dont il nous reste le Couronnement.

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La formation florentine de ce maître conditionna profondément son langage stylistique, car il fut l'un des disciples les plus fervents de Masaccio. D'autre part, l'ampleur du corps de ses figures, arrondies comme des reliefs, dénote aussi un rapprochement à la sculpture de Donatello, de Michelozzo et de Luca Della Robbia. En outre, sa peinture se distingue par sa luminosité et par l'attention pour la représentation des détails, ce qui montre son intérêt précoce pour la peinture flamande. L'artiste offre une élégante traduction laïque des thèmes religieux qui fut extrêmement appréciée par les riches commettants de Florence et de Prato. Les œuvres qu'il réalisa dans les dernières années de sa vie se caractérisent par leur linéarité très accentuée ; elles influenceront le style de Sandro Botticelli et les premières œuvres de Léonard de Vinci.

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Ce tableau illustre bien la peinture précieuse et sophistiquée du peintre florentin Filippo Lippi, frère de l'ordre du Carmel.

Il fut probablement exécuté au cours des années de maturité de l'artiste, vers 1445.

Il est probable que la femme représentée sous les traits de Marie est Lucrezia Buti, la religieuse avec laquelle le peintre eut une liaison scandaleuse.

Filippo Lippi traduit en peinture les formes et les modèles des sculptures de Donatello et de Luca della Robbia.

Toutefois l'intérêt pour le paysage et le recours à une luminosité délicate révèlent l'influence marquée des peintres flamands qui arrivaient à Florence au XVe siècle.

Les formes élégantes proposées par Lippi, caractérisées par une linéarité dynamique, eurent une grande importance dans la formation des peintres florentins de la génération suivante, tels que Sandro Botticelli et Filippino Lippi.

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La scène a comme toile de fond un paysage champêtre, caractérisé par des montagnes rocheuses et par une rivière qui coule paisiblement dans la vallée. Il s'agit d'une des premières représentations de paysage dans le contexte florentin, qui permet au peintre de transposer le sujet sacré dans une dimension plus terrestre et réelle.

La Vierge en prière est vêtue comme une femme de la noblesse florentine du XVe siècle, avec une robe élégante lacée sur la poitrine et les cheveux couverts d'un voile transparent.

Sur son front pend une petite couronne de perles.

Pour le visage de la Vierge, Filippo Lippi a très probablement pris pour modèle Lucrezia Buti, femme avec laquelle il avait une liaison.

La majesté de la représentation est accentuée par la présence du riche siège sculpté sur lequel la Vierge est assise, réinterprétation moderne des trônes médiévaux qui accueillaient la Vierge en majesté.

Sur le siège repose un coussin de velours orné de pierres précieuses.

A droite, deux anges soutiennent l'Enfant Jésus et l'approchent de sa mère.

Les regards tournés dans des directions différentes confèrent à l'image une douce mélancolie, comme si chaque personnage était plongé dans ses propres pensées.

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La forme rectangulaire du tableau est soulignée par l'embrasure en pietra serena de la fenêtre représentée à l'arrière-plan, tandis que la verticalité de la composition est accentuée par le geste des anges qui poussent l'Enfant Jésus vers le haut.

Une diagonale descendant de droite à gauche est marquée par la pente douce des montagnes à l'arrière-plan et se poursuit dans le profil du cou et des épaules de la Vierge.

A cette ligne directrice s'oppose la diagonale formée par l'écart séparant la tête de la Vierge de celle de l'enfant, jusqu'à la figure de l'ange au premier plan.

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On dispose du dessin préparatoire de ce tableau, de la main de Filippo Lippi, conservé au Cabinet des Estampes des Offices.

Le modelé plastique de ses figures bien campées dénote l'intérêt de Lippi pour la sculpture florentine de son époque, et surtout pour les œuvres de Donatello et de Luca della Robbia.

La douce mélancolie qu'expriment les visages des personnages, et l'interprétation élégante et aristocratique d'un sujet sacré sont des caractères d'un extrême modernité qui annoncent certaines compositions de Sandro Botticelli, comme la Madone à la Roseraie aux Offices, ou de Léonard de Vinci, comme la Madone à l'œillet de l'Alte Pinakothek à Munich.


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