Les Amours Pierre de RONSARD 1552-1555-1578

Tout au long de sa carrière de poète, Ronsard a composé des sonnets d’amour en l’honneur de diverses femmes qui, si elles ont bien une identité précise, ont joué pour lui surtout le rôle de prétexte à exercices littéraires dans la tradition courtoise. L’inspiratrice des Amours de 1552 est Cassandre Salviati, fille d’un banquier florentin, que Ronsard a sans doute rencontrée en 1546 peu de temps avant qu’elle ne se marie, et chantée jusqu’en 1552. Dans le style conventionnel de Pétrarque (1304-1374) et de ses émules, Ronsard se donne pour thèmes la surprise de l’amour («Comme un chevreuil...»), son émotion devant la beauté féminine («Ce ris plus doux que l’œuvre d’une abeille... »), son exaltation de nourrir une passion sans espoir dont il prend la nature à témoin («Ciel, air, et vents...»), se réfugiant pour finir dans l’idéalisme néo-platonicien qui fait de la beauté terrestre le reflet de la beauté éternelle que l’âme aspire à retrouver au ciel (« Je veux brûler pour m’envoler aux Cieux / Tout l’imparfait de cette écorce humaine...»). La Continuation (1555) et la Nouvelle Continuation des Amours (1556) sont inspirées par une jeune fille de Bourgueil, Marie, « belle et jeune fleur de quinze ans », sur qui ces vers ne disent rien de précis. Abandonnant le pétrarquisme pour un style plus simple et plus naturel, Ronsard use d’images bucoliques («Je vous envoie un bouquet.:.», «Rossignol mon mignon...») pour dire son amour qui se nuance d’une émotion épicurienne : «Le temps s’en va, le temps s’en va, ma Dame : / Las ! le temps non, mais nous nous en allons...». Des odes et des chansons d’inspiration antique se mêlent à ces recueils : «Versons ces roses près ce vin...», «Bel aubépin verdissant... ».

Ronsard a chanté d’autres femmes, et parfois sur commande: les Sonnets sur la mort de Marie (1578), entre autres «Comme on voit sur la branche...», ont été écrits, non pour Marie de Bourgueil, mais pour Marie de Clèves, dont fut très épris Henri III. Les Sonnets pour Hélène (Œuvres de 1578) célèbrent Hélène de Surgères, suivante de Catherine de Médicis, toujours dans le même esprit, mais parfois avec une gravité nouvelle qui tient à la vieillesse du poète : « Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain : / Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. »

Œuvre d’art élaborée dans la fidélité à diverses traditions, mais animée aussi d’un authentique lyrisme, Les Amours conservent un charme que le temps n’altère pas.