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Le paysage dans la peinture post-impressionniste

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Protagoniste incontesté de la peinture des impressionnistes, qui s’intéressaient surtout à la lumière et à la couleur, le paysage perd de son naturalisme dans les tableaux des artistes post-impressionnistes, pour se charger de valeurs expressives ou encore décoratives, comme dans le tableau de Vuillard intitulé Jardins publics. L’artiste représente la nature humanisée des grands parcs citadins qui servent de toile de fond à la vie souriante et agréable des classes aisées, dans le climat insouciant de la Belle Epoque.

C’est la ville qui est au cœur du tableau de Georges Grosz, qui raconte la vie frénétique d’une métropole, sujet qu’affectionnent de nombreux peintres actifs dans le premier quart de ce siècle, fascinés par le progrès technologique. La ville devient donc source d’émotions étourdissantes suscitées par les lumières aveuglantes, la foule et le va-et-vient des moyens de transport. 

La ville illustrée par Umberto Boccioni apparaît bien différente ; ses paysages urbains racontent les banlieues, le monde des usines, le rapport ambigu entre l’homme et la civilisation industrielle. Des formes simplifiées traduisent ce monde solitaire et essentiel. 

Le langage épuré de Sironi, qui ne laisse aucun champ au superflu et au décoratif, trouve des analogies avec certains paysages de Carlo Carrà, qui représente des paysages de campagne et des marines. L’artiste italien évite d’aboutir à des images de carte postale en représentant des décors silencieux et presque mystérieux. Les réminiscences de la tradition peinte italienne de la fin de Moyen Age et de la Renaissance sont évidentes dans la sobriété de la composition.

C’est un tout autre climat émotif que traduit la vue de Venise par Kokoschka, qui transforme un sujet de carte postale en une vision angoissante, dérivant du contraste entre les vastes dimensions d’une mer d’un bleu intense et les petites silhouettes qui s’agitent nerveusement sur la lagune. La facture rapide et drue accroît la valeur expressive de la toile, bien éloignée des paisibles représentations des “védutistes” des XVIIIe et XIXe siècles.

Le détachement de la réalité rationnelle et consciente qui caractérise la pensée surréaliste est évident dans les nombreux paysages créés par les peintres de ce mouvement, auxquels appartient le panneau de Max Ernst intitulé Histoire naturelle. Bien que conservant un langage formel figuratif, le paysage se charge de connotations oniriques et fantastiques dans la végétation insolite et disproportionnée, habitée par des créatures inouïes, sur fond de bâtisses silencieuses et mystérieuses.

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