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La représentation du nu en peinture

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La représentation du nu est un des thèmes les plus courants dans la tradition artistique européenne. C’est un genre qu’affectionnent particulièrement les peintres issus des Académies des Beaux-Arts, qui visent à représenter une beauté classique et idéalisée. Mais dès la fin du XIXe siècle, ce genre académique s’inscrit dans une dimension plus quotidienne et naturaliste, comme le démontre le tableau de Pierre Bonnard, dans lequel le nu apparaît dans un univers domestique, devant un miroir.

La tradition classique des nus dans un intérieur, ou bien des nus harmonieusement insérés dans la nature, est à la base du tableau de Pablo Picasso intitulé Les Demoiselles d’Avignon. Les poses calculées et harmonieuses des figures révèlent la culture d’empreinte classique du peintre, bien que le sujet soit complètement renouvelé par le langage formel adopté par l’artiste. 

La recherche de l’essence profonde des choses pousse De Chirico à refuser la réalité apparente et à transformer les figures des deux amants, Hector et Andromaque, en deux mannequins dans lesquels l’anatomie est remplacée par des formes géométriques.

Le nu féminin revient, réduit désormais à une silhouette sinueuse, dans le tableau de Fernand Léger intitulé La Danseuse bleue. La juxtaposition d’éléments mécaniques et décoratifs à côté du personnage féminin dénote l’intention de faire de la figure humaine elle-même un objet, en lui refusant le rôle de protagoniste qu’elle a joué dans l’art jusqu’à la fin du XIXe siècle.

Toutefois, dans la peinture du XXe siècle, les retours au classicisme de la tradition académique ne manquent pas. C’est ce que nous signale par exemple l’agencement parfait du nu dans la toile de Magritte, Magie noire. Se confondant avec le ciel et la mer, le corps féminin perd toutefois de son naturel, et confère à l’image un aspect surréel. 

De même, La Nourrice, représentée par Frida Kahlo nous apparaît surréelle et bizarre, pareille à une idole, caractérisée par des formes généreuses et moelleuses, qui donnent une idée de maternité et de protection.

C’est par contre un réalisme presque photographique qui connote la figure pensive et demi-nue que Hopper nous propose dans sa Chambre d’hôtel ; dépouillée de toute allusion érotique et sensuelle, la femme devient presque le symbole d’une désolante solitude existentielle. 


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