La peinture abstraite

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C’est à Kandinsky que revient le mérite d’avoir théorisé en premier la valeur de la peinture abstraite, langage formel auquel le peintre aboutit entre 1910 et 1912. C’est à cette époque que remonte aussi la toile intitulée Improvisation XII, œuvre dans laquelle persiste encore un lien avec la peinture figurative dans les formes approximatives du cavalier. L’artiste d’origine russe cherche un nouveau langage formel en mesure d’exprimer des contenus spirituels à partir des signes et des couleurs avec la même immédiateté que la musique.

Le langage abstrait choisi par Picabia diffère de l’abstraction lyrique de Kandinsky ; au lieu de renoncer au figuratif, il choisit la mécanique pour représenter métaphoriquement la vie de l’homme. De façon ironique, l’artiste remplace les formes naturelles par des machines, véritables protagonistes du monde moderne, qui deviennent des emblèmes tragi-comiques de l’humanité dans la société industrielle, tragiquement réduite à une série d’engrenages.

Le schéma des axes cartésiens, symbolisant deux forces opposées qui sont à la base de la vie et des objets inanimés de ce monde, est le langage choisi par Mondrian pour illustrer une réalité supérieure, dans laquelle les deux contraires se concilient dans un équilibre donné par les formes et les trois couleurs fondamentales, le jaune, le rouge et le bleu. 

Si les compositions rigoureuses de Mondrian sous-tendent une savante construction mentale, le langage abstrait des surréalistes, et dans ce cas précis de Joan Miró, est le fruit de la liberté créatrice qui naît de l’inconscient. Les formes ludiques dessinées par l’artiste espagnol dans cet Intérieur hollandais puisent dans le répertoire figuratif de l’enfance, en mettant l’accent sur la spontanéité en tant que valeur fondamentale de sa peinture.

Avec Jackson Pollock et les artistes informels, l’attention se déplace de l’œuvre d’art achevée au processus de son exécution; le rôle privilégié ne revient plus au tableau, mais au geste de l’artiste qui, en suivant son instinct et en s’aidant parfois de la musique, laisse dégouliner la couleur sur la toile, avec des résultats tout à fait fortuits, non prévus par le peintre.