La Cantatrice chauve Eugène IONESCO 1950
C’est par cette farce en un acte d’un burlesque provocant qu’Ionesco a débuté au théâtre. Pas d’intrigue, pas de cantatrice chauve : une «antipièce», dont les surréalistes Benjamin Péret et André Breton ont pu dire : «Voilà ce que nous avons voulu faire il y a trente ans. »
Entre des petits-bourgeois anglais, M. et Mme Smith, bientôt rejoints par M. et Mme Martin, puis par un capitaine de pompiers, se déroulent les simulacres d’une conversation de tous les jours à laquelle se mêle aussi la bonne. Lieux communs, niaiseries, trivialités, exclamations : on parle parce qu’il faut parler, on se grise de remplir ainsi les rites de la vie sociale, et chacun est parfaitement satisfait de soi.
Eugène Ionesco a truffé les dialogues de coq-à-l’âne, de contradictions, de non-sens. Un de ses procédés consiste à entremêler des répliques de plusieurs conversations possibles sur un thème donné (scène 1). Le jeu peut sembler gratuit, comme la cérémonie de reconnaissance entre M. et Mme Smith, ponctuée d’un célèbre «Comme c’est curieux! Comme c’est bizarre! Et quelle coïncidence ! », mais ces gags révèlent l’absurdité même de l’existence.