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KLEE Paul. Peintre allemand

KLEE Paul. Peintre allemand. Né à Münchenbuchsee, près de Berne, de père allemand et de mère suisse, le 18 décembre 1879, mort à Berne le 29 juin 1940 à la suite d'une mystérieuse consomption qui dura cinq ans. A partir de 1898, il fut, a Munich, le disciple de Franz Stuck qui lui apprit la minutie et la préciosité du trait dans le dessin et la gravure, tandis qu'il cultivait la musique pour laquelle il avait un goût profond, et rédigeait déjà ses premiers écrits. En 1901, il accomplit avec le sculpteur Hermann Haller son premier voyage en Italie et en 1905 son premier voyage à Paris. C'était l'époque du « fauvisme »; Klee n'en fut pas touché. Dès son premier contact avec l'univers pictural, il savait (en se reconnaissant déjà une naturelle « inclination pour le bizarre ») quel serait son destin d'artiste. « Il ne s'agit pas », écrivait-il en 1899 dans son Journal [ publié en 1956], « de réfléchir la surface mais de pénétrer l'intérieur. » Il n'abandonnera jamais cette idée de l'art qui s'oppose à n'importe quelle forme d'impressionnisme, et sa peinture en sera l'incarnation. En 1920, il répété une fois de plus, dans l'une de ses plus célèbres définitions : « L'art digne de ce nom n'est pas une représentation du visible mais ouvre les yeux sur l'invisible. » En 1906, il épousa une musicienne allemande et demeura désormais à Munich, y vivant pauvrement et faisant la connaissance des derniers expressionnistes et des premiers abstraits : Kandinsky (rencontré en 1911), Marc, Macke et Jawiensky. En 1912, il rencontra les futuristes et, à Paris, Robert Delaunay et les cubistes. C'est vers cette époque qu'il commença d'exposer :en 1910 à Berne, en 1912 à la seconde exposition du « Blaue Reiter » à Munich; entre-temps, il suit passionnément les mouvements variés et complexes de la culture contemporaine, du « Jugendstil » à Wedeking et Strindberg, de Tolstoï à Dostoïevsky, mais Goethe, l'homme à l'esprit limpide et à l'âme profonde, ne cessera de le fasciner par-dessus tout. Appelé à l'armée en 1915, à cause d'une guerre qu'il détestait, on lui fera peindre des autocars militaires et il ne connaîtra rien du carnage. Il restera peut-être des traces de cette « absence » dans sa peinture, marquée par le détachement et un accès intemporel qui en constituent l'innocence secrète et enchanteresse mais aussi la limite; limite à peine dépassée dans ses dernières oeuvres où la mort n'est pas qu'un pressentiment mais une sombre certitude. Le drame l'entoure et il l'affronte avec l'ironie supérieure de celui qui sait. Il ne cessa jamais d'écrire; en 1920 parut dans un recueil collectif : Confessions créatrices, l'un de ses essais; en 1925, ses Ebauches pédagogiques , et il n'abandonne jamais son Journal qui demeure, à côté de sa peinture, l'admirable témoignage de son progrès quotidien. Sa célébrité va croissant, et l'homme surprend et fascine non moins que l'oeuvre. Gropius lui propose, en 1920, d'enseigner au « Bauhaus » de Weimar; Klee accepte et y demeure malgré les difficultés politiques qui entraîneront, en 1925, le transfert de l'école à Dessau. Klee s'établit alors à Dessau avec sa famille et y devient une sorte de figure symbolique, sans doute incomprise de tous, mais non de Gropius qui écrivait : « Klee est l'ultime instance morale du Bauhaus. » Mais dès 1931 et avant la dissolution de l'école, Klee avait accepté une chaire à l'Académie de Düsseldorf et quitté Dessau. Ses expositions se succédaient depuis des années (1923, Berlin; 1924, New York; 1925, Paris, puis Londres et Berne), mais sa vie était en train de s'épuiser, tandis que son pays courait vers la catastrophe. Dix-sept de ses oeuvres figurèrent à l'exposition de l'art « dégénéré » organisée par le régime nazi. Vaincu par le dégoût et l'amertume, Klee abandonna définitivement l'Allemagne en 1933 et regagna la cité de son enfance, où il devait mourir à la veille de se voir accorder cette citoyenneté suisse qu'il avait tant désirée. Il a laissé neuf mille oeuvres, dessins et peintures; ce sont les oeuvres d'un des poètes les plus secrets et les plus enchanteurs du siècle, celui peut-être qui plus qu'aucun autre s'est approché à travers sa peinture du mystère de la vie. « On ne saurait me définir dans l'immanence », écrivait-il en 1926, « car j'habite avec les morts et ceux qui ne sont pas encore nés, près du coeur de la création... »

? « Il est impossible de parler de Klee sans alléguer la légèreté, la grâce, l'esprit, le charme et la finesse qui lui sont essentiellement propres. » Aragon. ? « Klee ne permet pas qu'on ajoute quoi que ce soit d'étranger à sa peinture. Il se révolte si l'on ose l'encadrer de mots fleuris, de guirlandes de phrases. En un mot, il peint... » Philippe Soupault. ? « Paul Klee nous a tirés du doute de nos sens; et ce sont nos vertiges, nos agacements, nos frissons, tous les verjus du tableau noir et de la soie qu'il a capturés avec ses armes minuscules dans les tableaux les plus émouvants et les plus rassurants du monde. » Roger Vitrac.

KLEE, Paul (Münchenbuchsee, près de Berne, 1879-Locarno, 1940). Peintre et théoricien suisse. Il institua un rapport rigoureux entre la théorie et la pratique picturales. Son oeuvre participa à la fois de l'abstraction et du surréalisme. Il exposa en 1912 avec le groupe fondé par Kandinsky, le Blaue Reiter (« Le Cavalier bleu ») et enseigna au Bauhaus (1921-1930). Professeur à l'Académie de Düsseldorf (1931), il quitta l'Allemagne à l'arrivée de Hitler au pouvoir ( 1933) et se réfugia à Berne. Il a laissé un Journal et des écrits théoriques (La Confession créatrice). Voir Expressionisme.


BAUHAUS. Institut d’art et de métiers fondé en 1919 à Weimar par l’architecte allemand Walter Gropius puis transféré à Dessau (1925-1932). L’institut, supprimé en 1933 par les nazis, joua un rôle fondamental dans l’évolution des idées et des techniques modernes, notamment en architecture et en ameublement.

Paul Klee (Münchenbuchsee 1879 - Muralto-Locarno 1940)

Peintre suisse. Dans sa jeunesse, Klee étudie à l'Académie de Munich, où il assimile les principes du Jugendstil. Les années de sa formation sont caractérisées par de nombreux voyages, par l'étude de la musique et de la poésie et par la réalisation de travaux de gravure, de dessin et d'eaux-fortes ; parmi celles-ci se signalent les illustrations du Candide de Voltaire, de 1911 (Berne, Fondation Klee). Toujours en 1911, Klee se rapproche du mouvement du Blaue Reiter, promoteur de l'art abstrait, et se lie d'amitié avec Kandinsky. Le voyage en Tunisie entrepris tout de suite après se révèle fondamental pour l'évolution artistique de l'artiste, car il le mène à la découverte des possibilités de la couleur ; le tableau intitulé Hammamet avec mosquée (Paris, collection Berggruen) date de cette époque. Après des années de travail intense passées à Berne, en 1920 Klee est invité à enseigner au Bauhaus de Weimar, école fondée par l'architecte Gropius. L'élaboration théorique de l'esthétique de Klee remonte à cette époque, où il concentre son attention sur l'agencement des images, qui est le résultat du rapport entre signes, surfaces et couleur. Dans le même temps, il réalise de nombreuses œuvres caractérisées par la prédominance des couleurs claires, ordonnées rythmiquement et animées par des signes qui sont des empreintes du monde réel (Théâtre botanique, Munich, Lenbachhaus, 1924 ; Théâtre de marionnettes, Berne, Fondation Klee). En 1925, Klee s'installe à Dessau, nouveau siège du Bauhaus. Il élabore sa propre théorie artistique d'abord dans les Albums pédagogiques, de 1925, puis dans la Théorie de la forme et de la figuration, publiée posthume en 1956. Les Journaux, publiés en 1957, et la Confession créatrice, écrite tout de suite après la guerre, restent essentiels pour la connaissance de l'œuvre de Klee. Ayant commencé à enseigner en 1931 à l'Académie de Düsseldorf, Klee rentre définitivement en Suisse en 1933, après la contestation manifeste de la part des Nazis de l'"art dégénéré" prôné par le Bauhaus. Les œuvres qu'il réalise au cours de ses dernières années sont marquées par des accents plus sombres et par l'apparition de contours noirs qui enferment la couleur comme dans une cage (L'Ile douce-amère, Berne, Fondation Klee ; Le Démon). Paul Klee meurt en 1940.

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Paul Klee, de même que Picasso et Matisse, a profondément renouvelé la peinture contemporaine. Le peintre donne une valeur émotive et expressive à la forme. Ses compositions se caractérisent par une alternance rythmique des lignes et des tonalités chromatiques. Elles traduisent, en fait, figurativement ce qui ressort de la musique et de la poésie. Son amitié pour Kandinsky et son adhésion au mouvement du Blaue Reiter favorisèrent l'adhésion de Matisse à l'art abstrait. Cependant, ses œuvres ont toujours pour point de départ la réalité et la nature. D'une part, il s'agit pour lui de repérer le processus créatif qui est à la base de la vie et de la nature. D'autre part, il cherche les structures essentielles qui déterminent la croissance et la transformation de tout élément. On comprend mieux, dans cette perspective, l'intérêt de Matisse à l'égard de la botanique, de la paléontologie et de la microscopie. Ces sciences furent des sources d'inspiration pour le maître qui élabora des éléments figuratifs semblables à des dessins d'enfant. 

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Cette peinture est une œuvre caractéristique de Paul Klee, un des premiers représentants de l'art abstrait.

Cet artiste, d'origine allemande mais ayant longtemps résidé en Suisse, prônait l'affirmation d'une peinture dégagée de tout lien objectif pour devenir la pure expression des émotions et des sensations.

Pour Klee, la peinture est un équivalent de la musique et de la poésie, dans la mesure où elle est capable d'exprimer la même harmonie à travers le rythme des formes et la mélodie des couleurs.

Voyant dans la nature un monde en transformation perpétuelle, Klee cherche à élaborer un système de formes essentielles et primaires à travers lesquelles le peintre parvient à créer un monde parallèle.

Lié à Vassily Kandinsky et au mouvement du Blaue Reiter par des liens d'amitié et par un idéal commun, Klee enseigna de 1921 à 1930 au Bauhaus, l'institut fondé par Walter Gropius et qui regroupait l'École des Beaux-Arts et l'École des arts appliqués de Weimar.

Au cours de ces mêmes années, Klee élabore sa propre théorie artistique, dans lequel ce sont les éléments formels inventés par le peintre qui donnent naissance aux formes, dans un processus de création opposé à celui des cubistes.

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Le titre de ce tableau, Idylle d'une cité-jardin correspond au coloris chaleureux et agréable choisi par l'artiste, qui fait rythmiquement alterner les roses et les jaunes.

Le sujet n'a aucune importance pour Klee, étant donné que ce sont les moyens formels et l'entière autonomie d'expression qui priment.

Une grille gravée sur le plâtre qui recouvre la toile crée la structure portante du tableau, sur laquelle s'insèrent les figures qui représentent l'expression épurée de formes naturelles.

Arbres et végétations, maisons réduites en rectangles et en triangles, mais aussi fenêtres et lignes courbes animent la composition foisonnante de vie.

Au milieu de la toile, on peut voir une représentation stylisée et enfantine de la figure humaine, qui dénote l'intérêt de Klee pour les dessins des enfants, exemples de spontanéité et de transformation incessante de la réalité.

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Le tableau se compose d'un ensemble de figures simplifiées qui se répètent rythmiquement, comme dans une partition musicale. Ce sont ces éléments - lignes, rectangles, triangles - qui conditionnent la composition de formes reconnaissables.

La peinture de Klee ne naît donc pas d'un processus d'abstraction et de décomposition du réel, mais de la recherche d'un langage autonome, fait de rythme et d'harmonie, au sein duquel interviennent par hasard les éléments naturels.

La représentation en aplat des formes est interrompue par les projections des rectangles en solides, élément de la composition qui se trouve à la base des inventions de Klee.

Les couleurs éclatantes des premières compositions cèdent la place dans les œuvres conçues au cours des dernières années du Bauhaus à des tons plus légers et modulés, comme l'illustrent ici les différentes nuances de jaune et de rose.

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Ce tableau est un exemple d'art abstrait, genre qui naît et s'affirme au XXe siècle, sous une impulsion commune à de nombreux artistes, qui cherchent à se libérer des conventions de la tradition académique et des limites de la réalité objective, pour mieux exprimer leur monde intérieur.

Les peintres du mouvement du Blaue Reiter, menés par Vassily Kandinsky, se firent les promoteurs de ce type d'art.

C'est à l'occasion d'un séjour en Tunisie, au cours duquel il commença à peindre ses premières aquarelles, que Klee découvrit la force expressive de la lumière et de la couleur.

La rigueur formelle des œuvres réalisées par Klee au cours des années d'enseignement au Bauhaus, visant à l'harmonie et à la recherche de formes essentielles et universelles en mesure de constituer une nouvelle grammaire expressive, trouve un répondant dans les architectures et dans les objets de "design" réalisés par les artistes opérant dans cette même école, tels que Walter Gropius et Mies van der Rohe.


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