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Ingres, Jean-Auguste-Dominique (Montauban 1780- Paris 1867)

Peintre français. Après ses premières études à l'Académie de Toulouse, à partir de 1797, Jean-Auguste-Dominique Ingres est l'élève de Jacques-Louis David à Paris, où il peint quelques portraits, parmi lesquels celui de Mademoiselle Rivière (1805, Paris, Louvre), et obtient des commandes officielles (Napoléon Ier sur le trône impérial, 1806, Liège, Musée des Beaux-Arts). En 1806, il part pour Rome où il reste jusqu'en 1820, année où il s'installe pour quatre ans à Florence. Pendant son séjour italien, Ingres devient le portraitiste des milieux français : François-Marius Granet, (1807, Aix-en-Provence, Musée Granet), Joseph-Antoine de Moltedo (1810, New York, Metropolitan Museum). Rentré à Paris, il expose au Salon de 1824 Le Vœu de Louis XIII (Montauban, cathédrale Notre-Dame), qui obtient des consentements enthousiastes. Elu membre de l'Académie des Beaux-Arts en 1825, il ouvre un atelier très fréquenté et devient l'un des plus grands artistes français de l'époque. Il travaille comme portraitiste de la haute société et reçoit d'importantes commandes officielles, comme l'Apothéose d'Homère (1827, Paris, Louvre). Le peintre revient souvent sur son sujet préféré, le nu féminin : Baigneuse (1808), Grande Odalisque (1814), Le Bain turc (1863 ; ces œuvres sont toutes conservées au Louvre). Ingres ne s'enferme pas dans la réitération d'un art passé mais participe pleinement au mythes littéraires de son époque : à côté d'Œdipe et le Sphinx (1808, Paris, Louvre) ou de Jupiter et Thétis (1811, Aix-en-Provence, Musée Granet), il réalise des œuvres à sujet romantique (Les Songes d'Ossian, 1813, Montauban, Musée Ingres ; Roger libère Angélique, 1819, Paris, Louvre) ou sentimental, d'après la mode des troubadours (Paolo et Francesca, 1814, Chantilly, Musée Condé). Dans la vaste production du peintre, les nombreux portraits occupent une position importante : La comtesse d'Haussonville (1845, New York, Frick Collection) ; Madame Moitessier (1856, Londres, National Gallery). Avec une liberté qui va bien au-delà de l'expérience néo-classique, pendant toute sa vie Ingres s'inspire de John Flaxman, de l'archaïsme grec, de l'art hellénique, byzantin, gothique, de Raphaël, des primitifs, et des maniéristes.


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C'est avec le concept innovateur de "l'art pour l'art" que Dominique Ingres révolutionna l'histoire de la peinture en accordant à l'art une valeur absolue qui ne pouvait être soumise à aucune condition. L'étude de la sculpture antique, des maîtres de la Renaissance et de Poussin influença son évolution artistique. Il proposa à travers ses œuvres une idée de perfection née de l'observation de la nature et perfectionnée grâce à sa connaissance des maîtres du passé. Toutefois, plus que la beauté du sujet, Ingres cherche la beauté de la peinture et l'obtient moyennant un processus de simplification des formes. Bien qu'initialement liée à la culture néo-classique, la longue activité de cet artiste ne peut que difficilement être rattachée à un courant artistique précis, car Ingres resta insensible aussi bien au courant romantique qu'au courant réaliste. 

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Ce tableau est daté de 1856 et signé par Jean Dominique Ingres, célèbre peintre français qui maintint son autonomie par rapport aux conceptions néo-classiques, romantiques, puis réalistes, qui s'affirmèrent à son époque.

Ingres, qui proclamait la suprématie de l'art sur toutes les autres valeurs, poursuivait un idéal de beauté formelle qu'il fallait chercher selon lui dans la nature, à travers les enseignements et l'intermédiaire de l'art antique.

Ses longs séjours en Italie le rapprochèrent du classicisme de Raphaël et de Poussin, mais il élabora malgré tout une culture hétérogène et personnelle.

Bon nombre de ses œuvres s'inspirent de sujets littéraires ou empruntés à l'antiquité, qu'il abordait avec l'attitude scrupuleuse de l'historien. Il élaborait ses œuvres lentement, après de longues recherches, en s'appuyant sur des objets et des modèles concrets en mesure de donner plus d'authenticité et de mordant à ses œuvres.

La Source, bien que datant de 1856, a été sans doute conçue elle aussi en 1820, tandis que le peintre se trouvait à Florence. Pour l'exécuter, Ingres recourut à la collaboration d'A.Desgoffe et de P.Balze, ce dernier intervenant dans la représentation de l'eau.

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Le tableau s'intitule La Source, mais sa dette envers le thème mythologique de Vénus anadyomène est évidente.

La jeune femme se tient debout au-dessus de l'écume des eaux, tandis qu'elle verse l'eau d'une amphore.

Le corps et le visage de la femme, harmonieux et parfaits, correspondent à l'image de la beauté idéale poursuivie par Ingres.

Le teint clair de la jeune femme se détache sur le fond rocheux aux teintes sombres, d'où jaillit la source.

Des branchages feuillus et des fleurs s'étalent autour de la nappe d'eau dans laquelle la femme se reflète.

La signature du peintre figure en bas à gauche.

Cette œuvre fut très admirée des contemporains d'Ingres, au point que des vers lui furent expressément consacrés.

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La composition, avec la jeune femme figurant au centre, laisse une impression de grande harmonie.

La position verticale de la figure épouse le format de la toile.

Les rochers représentés au premier plan, qui font reculer l'image féminine, contribuent à l'impression de profondeur.

La manière habituelle de procéder de la part d'Ingres prévoyait d'abord la réalisation du milieu environnant, constitué dans ce cas par le paysage rocheux, puis des figures qui étaient ultérieurement appliquées sur le fond.

Pour exécuter ce tableau, Ingres recourut à la collaboration de deux autres peintres, fait assez courant dans sa façon de procéder, puisqu'il intéressait également des architectes à la réalisation de ses toiles lorsqu'elles prévoyaient de grands décors architecturaux. Bien qu'on ne sache pas clairement quelles sont les parties réalisées par ses collaborateurs, on est à peu près certain qu'Ingres s'est chargé de peindre le visage et les membres délicats de la jeune femme.

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Le thème de ce tableau dérive de celui de la Vénus anadyomène, et Ingres s'est probablement inspiré d'une des nombreuses statues classiques représentant la Vénus pudique, ainsi que du tableau de Sandro Botticelli au Musée des Offices, à Florence.

En réalité, ce thème n'est qu'un prétexte emprunté par l'artiste pour représenter une beauté idéale tendant à l'abstraction formelle, dans la lignée de ce qu'il recherchait également dans d'autres œuvres comme les Odalisques et les Baigneuses.

Ce même idéal de perfection formelle est poursuivi dans les magnifiques portraits exécutés par Ingres, à qui on doit également celui de Napoléon Bonaparte.

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