Devoir de Philosophie

Héra

Héra
Héra, dont le nom est rattaché à une racine sanscrite signifiant ciel, est pour les Anciens le type divinisé de la femme, épouse et mère. Fille de Cronos et de Rhéa, elle a vu le jour dans l’île de Samos. Une fois restituée à la vie par son père, qui, comme il le faisait de tous les enfants, l’avait engloutie à sa naissance, elle aurait vécu dans l’île d’Eubée, et c’est là qu’un jour d’hiver, son frère Zeus, amoureux d’elle, vint la rejoindre, certains disent sous l’apparence d’un coucou: quand elle eut réchauffé l’oiseau transi contre son sein, elle ne fut pas longue à s’apercevoir de la supercherie de Zeus. L’enfant qu’elle porta et dont elle rougit fut-il Héphaïstos? Elle affirma en tout cas que celui-ci était né sans intervention masculine. Plus tard, elle épousa Zeus, dont elle fut la troisième (d’autres disent la huitième) et dernière épouse légitime, celle qui lui donna Arès, llithyie et Hébé, et qui lui fut associée comme souveraine en titre de l’OIympe. L’assemblée des dieux se lève à son approche ; elle siège au côté de Zeus sur un trône d’or. Attentive au soin de sa beauté — chaque année elle va retrouver dans les eaux de la source Canathos à Nauplie la fraîcheur de la jeunesse — la déesse « aux bras blancs », ainsi la nomme Homère, ne manquera pas d’adorateurs; mais, d’une fidélité exemplaire, elle se plaît à les décourager sans complaisance. L’outrecuidance d’Ixion, roi des Lapithes, qui a pu croire la posséder en étreignant une nuée formée par Zeus à l’image de son épouse, sera châtiée d’un supplice éternel. D’un autre côté, il suffira que le Troyen Pâris ait publiquement négligé ses charmes, pour qu’Héra ne craignît pas de fomenter l’anéantissement du peuple troyen tout entier. Ce naturel exclusif et rancunier, Héra le manifestera notamment en refusant de s’accoutumer aux innombrables trahisons de son époux (une de ses vengeances aurait été, selon certains, d'enfanter dans ses seules oeuvres l’effroyable monstre Typhon). Les démêlés du couple divin donnent lieu à de bruyants éclats, dont les Anciens disaient percevoir les échos dans les fréquentes perturbations de l’atmosphère.

Sans pouvoir sur son mari, qui la frappe et l’attache lorsqu’il est las de ses reproches, Héra en revanche poursuit de sa haine et persécute ses rivales avec la dernière férocité. L’animal rituel d’Héra est le paon, sur les plumes duquel on reconnaît les multiples yeux de son serviteur Argos, tué sur l’ordre de Zeus pour avoir accepté de surveiller lo, la prêtresse d’Héra qu’il avait, par amour, métamorphosée en génisse. Vénérée tout particulièrement sur les hauteurs, Héra, dont les principaux sanctuaires dans le monde grec s’élevaient à Argos, à Olympie, à Samos, était représentée comme une femme jeune d’une beauté sévère, aux grands yeux — de génisse, dit Homère —, aux cheveux longs bouclés retenus par un diadème. Généralement assise sur un trône, elle tient dans la main droite un sceptre orné d’un coucou et dans la gauche une grenade, symbole de fécondité.