gradation
La gradation est une figure macrostructurale selon laquelle le discours se développe en faisant se succéder des indications de plus en plus fortes (arguments, descriptions, notations de tous ordres) : aucun segment thématique n’est de soi spécialement figuré, c’est l’organisation globale qui définit la figure générant le texte. Ex. :
De quel front viendras-tu, dans ta propre demeure, Chercher un peu de calme et d’hospitalité? Une voix sera là pour crier à toute heure : Qu’as-tu fait de ta vie et de ta liberté? Crois-tu donc qu’on oublie autant qu’on le souhaite? Crois-tu qu’en te cherchant tu te retrouveras? De ton cœur ou de toi lequel est le poète ? C’est ton cœur, et ton cœur ne te répondra pas. L’amour l’aura brisé; les passions funestes L’auront rendu de pierre au contact des méchants; Tu n’en sentiras plus que d’effroyables restes, Qui remueront encor comme ceux des serpents. O ciel! qui t’aidera? que ferai-je moi-même, Quand celui qui peut tout défendra que je t’aime, Et quand mes ailes d’or, frémissant malgré moi, M’emporteront à lui pour me sauver de toi?
Cet extrait de « La Nuit d’août » de Musset montre un alignement continu d’affirmations calamiteuses de plus en plus noires adressées par la Muse au poète.
=> Figure, macrostructurale; climax, anticlimax.
GRADATION nom fém. — Enumération, accumulation dans laquelle il y a progression (et parfois régression) entre les différents éléments. Un exemple célèbre de gradation est le fameux vers de Racine dans Phèdre (acte I, scène 3) :
« Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue. »
La gradation est un procédé très fréquemment employé, car il est rare que tous les éléments d’une « accumulation » soient vraiment sur le même plan. Balzac utilise, en particulier, ce procédé dans la description de la pension Vauquer (Le Père Goriot) : « cette pièce [...] ; elle pue le service, l'office, l'hospice. » [...] «ce mobilier est vieux, crevassé, pourri, tremblant, rongé, manchot, borgne, invalide, expirant».
—► Accumulation
Gradation. Ordre dans la succession de termes, en particulier dans une énumération, qui fait passer du plus faible au plus fort (climax) ou du plus fort au plus faible (anticlimax) pour marquer si l’on peut dire l’intensité positive, ou négative :
Remords, crainte, périls, rien ne m’a retenue;
(Racine, Britannicus)