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Giotto (Vespignano, Vicchio di Mugello, vers 1267 - Florence 1337)

Peintre et architecte italien.
Giotto est une des personnalités les plus importantes du gothique européen, et l'un des artisans du renouvellement de la culture figurative italienne entre le XIIIe et le XIVe siècle, avec les sculpteurs Nicola et Giovanni Pisano et Arnolfo di Cambio. Ce rôle historique lui est déjà reconnu par ses contemporains, à partir de Dante jusqu'à l'écrivain du XIVe siècle Cennino Cennini, pour qui Giotto "transforma l'art de peindre du grec au latin", pour le conduire jusqu'au "moderne" : en d'autres termes, il a abandonné le langage de la peinture byzantine (le grec) en créant une nouvelle culture figurative (moderne) qui plonge ses racines dans le langage gothique occidental (le latin).
Peintre très renommé, il travaille dans de nombreuses localités italiennes, mais seule une petite partie de sa très vaste production est parvenue jusqu'à nous. Les fresques de Rome, Rimini, Bologne, Naples et Milan nous sont connues par les sources documentaires, ou bien sont indirectement attestées par des répercussions de son passage dans les écoles de peinture locales. D'autres œuvres de Giotto sont fragmentaires, ou bien encore ne lui sont attribuables que partiellement, ce qui fait que, dans l'ensemble, le nombre d'œuvres réellement autographes est très restreint. 
Les débuts et les activités de jeunesse de Giotto sont assez obscurs et controversés. Son apprentissage se fait sûrement dans l'atelier de Cimabue. Au cours des années suivantes, il se rend peut-être à Rome, et avant 1290, à Assise, où il a l'occasion de connaître les orientations classiques de la peinture romaine de l'époque, qui influeront de façon décisive sur sa formation. On considère les Scènes de la vie de saint François, peintes dans la basilique supérieure d'Assise, comme le plus important témoignage de son activité de jeunesse, tandis qu'une partie seulement de la critique reconnaît la main de Giotto dans certaines scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament représentées dans les registres supérieurs. Certaines scènes du cycle de saint François se retrouvent presque identiques dans le tableau représentant les Stigmates de saint François (Paris, Louvre), provenant de l'église Saint-François de Pise et signé "Opus Iocti Florentini".
En 1300, l'artiste est appelé par Boniface VIII à Rome, à l'occasion du jubilé. Il ne reste malheureusement que très peu de témoignages de l'activité de Giotto à Rome, mais ses œuvres laissent une trace profonde dans la culture locale. Au début du XIVe siècle, Giotto est désormais un artiste riche et affirmé, et il dirige à Florence un grand atelier. Avant d'être appelé à Rimini et à Padoue, il séjourne probablement dans le chef-lieu toscan, où il exécute certaines œuvres, parmi lesquelles le Polyptyque de Badia (Florence, Offices) et la Vierge en majesté de San Giorgio alla Costa. A Rimini, il ne reste qu'un très beau Crucifix conservé dans l'église Saint-François, mais son activité aboutit à la naissance d'une importante école locale de peinture. Entre 1303 et 1305, il se trouve à Padoue, où il exécute les fresques de la chapelle des Scrovegni, que l'on considère comme un de ses chefs-d'œuvre ainsi qu'une œuvre capitale de la peinture gothique européenne.
En 1311, il est à nouveau à Florence. C'est probablement autour de cette date que l'on peut situer deux autres chefs-d'œuvre de Giotto : la Madone en majesté de l'église d'Ognissanti (actuellement au Musée des Offices, Florence) et le Crucifix de Santa Maria Novella à Florence, qui marque le dépassement définitif du pathétique extrême de la tradition byzantine, encore notable dans les crucifix de Cimabue (Crucifix de Saint-Dominique, Arezzo).
Les fresques de la chapelle de la Madeleine sont datées de la première et de la deuxième décennie du XIVe siècle, ainsi que celles du transept de la basilique inférieure d'Assise, exécutées pour la plupart par ses aides. Tout de suite après le deuxième séjour à Padoue (1317), dont il reste le Crucifix de la chapelle des Scrovegni, Giotto commence à peindre les Scènes de la vie de saint Jean-Baptiste et de saint Jean l’Evangéliste dans la chapelle Peruzzi de Santa Croce, à Florence. C'est aussi à cette période qu'appartient la Dormitio Virginis (Berlin-Dahlem, en provenance de l'église florentine d'Ognisanti), presque entièrement de sa main. Les fresques des Scènes de la vie de saint François de la chapelle Bardi à Santa Croce de Florence, presque toutes de la main de Giotto, sont antérieures à 1328. De 1328 à 1333, l'artiste florentin travaille avec de nombreuses aides à Naples, au service du roi Robert d'Anjou, mais il ne reste presque rien des œuvres exécutées à cette époque-là. Le polyptyque signé à la Pinacothèque de Bologne (seulement en partie autographe) et le Polyptyque Baroncelli de Santa Croce à Florence, sans doute en grande partie peint par Taddeo Gaddi, devraient remonter à peu de temps après.
En 1334, maître d'œuvre de la fabrique de la cathédrale de Florence, Giotto commence le campanile qui sera continué par d'autres. En 1335, il est appelé à Milan, où il peint des œuvres aujourd'hui disparues dans le palais d'Azzone Visconti.

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L'art de Giotto représente un profond renouvellement dans la peinture italienne qui dépassa même les limites du territoire national. Le maître florentin propose un langage formel qui se base sur une vision rationnelle et concrète du monde et se traduit par une représentation intuitive, mais vraisemblable de l'espace et de la corporéité des figures fortement influencées par la sculpture d'Arnolfo di Cambio. Aux tonalités expressives et dramatiques de la peinture du XIIIe siècle, Giotto oppose des sentiments contrôlés qui confèrent leur dignité aux personnages. La peinture de cet artiste montre qu'il fut attentif à l'art classique qu'il connut probablement lors de ses divers séjours à Rome. Ses compositions sont très équilibrées et se caractérisent par leur clarté narrative.

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La scène fait partie d'un cycle de fresques représentant les épisodes de la vie du Christ et de la Vierge qui ornent la chapelle de l'Arène à Padoue.

Cette chapelle fut fondée en 1302 par Enrico Scrovegni.

L'exécution des peintures murales fut confiée à Giotto, le célèbre peintre florentin, auteur du renouvellement de la peinture italienne du XIVe siècle.

Refusant les modèles de l'art byzantin jusqu'alors triomphants, Giotto redécouvre la nature et l'importance de l'espace.

Ce peintre affectionne les compositions épurées où prédomine la clarté narrative.

Le langage original inventé par Giotto, très apprécié de ses contemporains, s'attache particulièrement à reproduire la figure humaine et les sentiments des hommes, dont on commence aussi à raconter la vie quotidienne.

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La fresque représente la déploration du Christ.

Cet épisode, raconté par les Évangiles, décrit le moment où le corps de Jésus, après avoir été détaché de la croix, est aspergé d'onguents parfumés et couvert d'un linceul blanc, puis descendu au sépulcre.

La scène a pour toile de fond un paysage désolé et hivernal. L'arbre nu figure comme un rappel de la mort de Jésus et témoigne de la douleur universelle provoquée par son sacrifice.

Par rapport au bref récit évangélique, Giotto enrichit la composition de nombreuses figures, parmi lesquelles ressort celle de la Vierge qui enlace tendrement son fils.

Assise par terre, Marie-Madeleine, que l'on reconnaît aux longs cheveux blonds et à la robe rouge qui caractérisent habituellement l'iconographie de la sainte. Marie-Madeleine soutient délicatement les pieds de Jésus, blessés par les clous.

A droite, Nicodème et Joseph d'Arimathie contemplent dans un pieux silence le corps de Jésus ; d'après le récit évangélique, ce sont les deux hommes qui décrochèrent Jésus de la croix et qui demandèrent son corps à Pilate.

Le caractère dramatique de la scène s'exprime surtout à travers les gestes animés et le visage en pleurs du jeune apôtre Jean. Cette figure témoigne de la nouveauté de la peinture de Giotto, qui vise surtout à représenter la nature et les sentiments humains.

Une gestualité animée et expressive caractérise également les figures des anges qui parsèment le ciel bleu comme autant de nuages ; leur présence accentue le tragique de la composition et traduit la participation des créatures célestes à l'événement.

La douleur et la pitié s'expriment aussi sur les visages de la petite foule qui se presse sur le côté gauche de la scène.

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La scène prévoit une nette séparation entre la sphère céleste, habitée par les anges, et la dimension terrestre qui occupe la partie inférieure de la peinture.

Le pivot de toute la composition est le corps du Christ allongé, autour duquel se disposent tous les autres personnages.

Les figures du deuxième plan sont toutes situés à la même hauteur, de façon à accentuer la disposition horizontale de la scène donnée par la position du corps du Christ.

L'espace dans lequel les personnages évoluent est délimité par le rocher qui coupe le fond en diagonale.

L'effet de profondeur est obtenu par l'alignement des corps sur des plans parallèles placés les uns derrière les autres.

Les deux personnages enveloppés dans un manteau, vus de dos au premier plan prennent une importance particulière, car ils contribuent à donner encore plus l'illusion d'un espace réel.

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Le thème de la déploration du Christ, ou Pietà, était habituellement représenté en alternative avec la Mise au tombeau (Duccio di Boninsegna ou Simone Martini), sujet qui n'est effectivement pas représenté dans le cycle des fresques de Padoue.

L'artiste florentin avait déjà illustré l'épisode de la Déploration dans les fresques de la basilique supérieure de Saint-François à Assise.

Mais la scène représentée à Assise laisse encore apparaître des tâtonnements dans l'agencement de l'espace et révèle la datation précoce de cette œuvre, exécutée avant la fin du XIIIe siècle.

Le thème de la Pietà, qui mettait l'accent sur l'humanité du Christ, fut aussi adopté au XIVe siècle comme sujet de certains retables, comme le démontre le tableau de Giottino aujourd'hui au Musée des Offices.

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