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Georges Braque

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Georges Braque, né à Argenteuil en 1882, commença à peindre sous l’influence des maîtres de l’impressionnisme, exécutant principalement au début des paysages. Après avoir quitté Le Havre pour s’installer à Paris en 1900, l’artiste s’intéressa ensuite aux maîtres fauves, comme le prouvent plusieurs tableaux peints entre 1904 et 1907 (Le Port de l’Estaque, 1906, Musée National d’Art Moderne, Paris ; Paysage à La Ciotat, 1907, coll. privée, Paris). La rétrospective consacrée à Cézanne, organisée en 1907, détermina un tournant vers le cubisme, langage auquel l’artiste s’adonna avec son ami Pablo Picasso.
Durant la période cubiste, Braque peignit des paysages et surtout des natures mortes, renouvelant aussi la technique picturale par le choix du collage et l’insertion dans ses tableaux de caractères d’imprimerie, de feuilles de journaux et de papier peint. La Nature morte avec verre et violon, de la Galerie Nationale de Prague, le Paysage de l’Estaque du Kunstmuseum de Berne et la Table ronde du Musée National d’Art Moderne à Paris appartiennent à cette période du cubisme analytique, qui va de 1908 à 1911. En revanche, les peintures d’Aria de Bach (coll. privée, Paris), Violon et verre, la Table du musicien, tous deux au Kunstmuseum de Bâle, datent des années 1912-1914, période du cubisme synthétique. Artiste en continuelle évolution, Braque se tourne vers le classicisme dans les années 1920, représentant une série de femmes canéphores. Le peintre, bien que modifiant à plusieurs reprises son langage stylistique, est constamment intéressé par la définition de l’objet et de l’espace que le maître développe à travers des thèmes différents comme la série des Oiseaux (1955-1963), la représentation d’intérieurs (Cheminées, 1919-1927 ; Ateliers, 1948-1955). Au cours de sa création prolifique, Braque s’est aussi consacré à la sculpture et à l’art graphique.

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Le parcours stylistique de Georges Braque, connu surtout pour avoir été avec Picasso l’un des représentants les plus qualifiés du cubisme, apparaît assez long et complexe. Par rapport à l’œuvre du maître espagnol, Braque conserve un chromatisme plus chaud et plus vif, parfois peint avec des touches minutieuses, écho lointain de ses débuts dans le cadre de l’impressionnisme tardif et de la période fauve. La multiplication des points de vue et la décomposition des volumes et de la réalité exposée par le cubisme s’enrichissent chez Braque de fragments d’illusion burlesque avec l’insertion de papier peint imitant du bois et de phrases écrites faisant allusion à une compréhension conceptuelle de l’œuvre d’art.

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Ce tableau, connu également sous le titre Verre, bouteille et pipe sur la table, fut exécuté par Georges Braque vers 1914. Il s’agit d’un des premiers papiers collés, ou collages, réalisés par le peintre français à partir de 1912. Cette technique fut élaborée par Braque à la suite de son adhésion au cubisme, mouvement dont il se fit promoteur avec Pablo Picasso. Ce tableau, caractérisé par le découpage des objets et de l’image en fragments de réalité librement réordonnés est une illustration parfaite de la force créatrice de Georges Braque qui, bien que partant de l’observation d’objets concrets et authentiques, aboutit à des résultats formels abstraits.

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Ce tableau représente une nature morte, genre souvent traité par Braque et par les autres peintres cubistes, en même temps que les paysages et les portraits.

Son titre, Duo pour flûte provient du texte figurant sur un fragment de journal posé sur la table, et révèle l’intérêt particulier de Braque pour la musique, qui constitue souvent une source d’inspiration dans le choix des objets à représenter.

Des découpages en papier peint imitant le bois, semblables à des fragments de la table sur laquelle sont posés les objets, alternent avec la peinture, insérant ainsi des éléments de la réalité dans la dimension de la toile. 

Les formes géométrisantes, uniformément colorées, se détachent sur un fond neutre, caractérisé par une facture à base de touches épaisses de couleur qui donnent au tableau la consistance de la matière.

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Les objets sont soumis par Braque à un processus de simplification, aboutissant à la réduction des solides à des surfaces planes, semblables à des figures géométriques. 

L'harmonie du tableau repose sur l'alternance d'éléments verticaux et horizontaux, de lignes droites et de courbes, en un rigoureux rapport d'équilibre.

Le marron reste la tonalité prédominante, avec des nuances plus chaudes vers l'orangé, qui signalent l'impact différent de la lumière sur la surface des objets. C'est donc la lumière qui scande l'espace et qui suggère l'existence de différents plans et de points de vue divers représentés simultanément par le peintre.

Les silhouettes découpées s'entrecroisent, sans laisser la moindre place au vide.

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Le thème de la nature morte, suscitant la méditation et le recueillement, a été souvent traité par Braque, qui trouvait dans les compositions de Paul Cézanne une importante source d’inspiration, en raison de la définition synthétique des formes qui caractérisait la manière de ce maître de l’Impressionnisme.

La technique du collage, inventée par les peintres cubistes dans le but de fusionner l’art et la réalité, fut souvent adoptée par Braque, ainsi que par Picasso et Juan Gris.

La sensibilité coloriste manifestée par l’artiste dans ce tableau, ainsi que l’étalement de la couleur par touches épaisses révèlent des réminiscences de la peinture des Fauves, mouvement auquel Braque avait adhéré avant de rencontrer Picasso en 1909.

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