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Gauguin, Paul (Paris, 1848 - Iles Marquises, 1903)

Peintre et sculpteur français. Il passe sa petite enfance à Lima, au Pérou ; rentré en France, il étudie à Orléans, puis à Paris, et en 1865 il s'engage comme cadet dans la marine. Rentré à Paris après cinq ans en mer, il est engagé comme employé par un agent de change et il commence à peindre et à sculpter en amateur. Entré en contact avec les peintres impressionnistes, il se lie d'amitié avec Camille Pissarro et, entre 1879 et 1886, il expose avec le groupe. En 1883, il abandonne son travail pour se consacrer à plein temps à la peinture. Les années suivantes sont marquées par une grave crise économique et familiale qui le pousse à abandonner Paris. En 1885, il se rend pour la première fois à Pont-Aven, où il rencontre Émile Bernard et Laval : en 1887, il se rend avec ce dernier en Martinique. A partir de l'année suivante, il est de nouveau à Pont-Aven et à Arles, où se consomme la rupture dramatique de son amitié avec Vincent van Gogh. Au cours de ces années cruciales pour l'évolution de sa recherche artistique, Gauguin abandonne l'Impressionnisme et élabore un nouveau style, anti-naturaliste et symboliste, qualifié de synthétique. La toile qui marque l'affirmation de ce nouveau style est La Vision après le sermon, peinte en 1888 (Édimbourg, Nat. Gall.). Dans l'élaboration de ce synthétisme, un rôle fondamental revient à la récupération de l'art breton primitif, l'étude des estampes japonaises, et les recherches sur la valeur symbolique de la couleur, accomplies par Gauguin lui-même et par ses amis, Bernard et Anquetin. Les solutions formelles inédites inventées par Gauguin auront une influence déterminante sur les développements ultérieurs du symbolisme, dont il est considéré comme l'un des fondateurs.
Au cours de la période passée en Bretagne, d'abord à Pont-Aven, puis au Pouldu à partir de 1890, Gauguin peint des gens de l'endroit (Au café, Madame Ginoux, 1888, Moscou, Mus. Pouchkine ; La belle Angèle, 1889, Paris, Musée d'Orsay) ; il exécute également une série de tableaux marqués par un mysticisme aigu (Le Christ jaune, 1889, New York, Buffalo Albright Knox Art Gall.). Toujours au cours de ces mêmes années, Gauguin expérimente d'autres techniques expressives, comme la sculpture sur bois, dans laquelle il recrée des formes typiques de l'art primitif (Soyez mystérieuses ; Paris, Musée d'Orsay). L'"école de Pont-Aven" se constitue dans l'orbite de Gauguin : elle comprend entre autres, Bernard, Séguin, et Sérusier.
Après un bref séjour parisien, au cours duquel il devient un personnage remarqué des réunions littéraires du café Voltaire, il s'embarque pour Tahiti en 1891, à la recherche d'une civilisation pure et non corrompue. Enchanté par la beauté des lieux et de la population, il se consacre dans une approche quasi ethnologique à l'étude des indigènes et des coutumes locales, en représentant les Maori dans leurs activités quotidiennes et en couchant ses impressions dans son journal (Ancien culte mahorie, Noa Noa). Parmi les œuvres les plus célèbres de ce premier séjour tahitien, rappelons : Sur la plage (1891, Paris, Musée d'Orsay) ; Ta Matete (Bâle, Kunstmus.) ; La orana Maria (New York, Metrop. Mus.). Rentré à Paris en 1893, il traverse une période de crise profonde, marquée par un refus croissant de la civilisation occidentale. De cette époque datent certains tableaux inspirés de son expérience tahitienne (Mahano no Atua, Chicago, Art Institut) et une série de gravures sur bois qui proposent à nouveau, dans toute leur suggestion magique, les idoles maori. De retour à Tahiti en 1895, de plus en plus seul, endetté et déprimé, il peint de vastes compositions allégoriques sur le destin de l'humanité, comme D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? (1897, Boston, Mus. of Fine Arts), que l'on considère comme une sorte de testament en peinture de l'artiste. Les femmes de Tahiti restent un des sujets préférés de sa peinture (Rupe Rupe, 1899, Moscou, Musée Pouchkine ; Deux tahitiennes, 1899, New York, Metropolitan Mus. ; Seins aux fleurs rouges, ibidem).

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La peinture de Paul Gauguin se situe dans une période délicate où l'on assiste à la disparition progressive de la vision objective de la réalité, surtout avec les Impressionnistes, et à l'affirmation d'une vision subjective. La réalité devient ainsi pour Gauguin un monde riche en significations enfouies et en allusions que seul l'artiste-voyant peut déchiffrer. Cette conception se rapproche en fait du mouvement symboliste. La peinture de Gauguin est une explosion de couleur étendue sur le fond en touches homogènes et plates comme pour un vitrail ou un émail. Dans les œuvres réalisées en Bretagne et en Provence, l'artiste recherche les valeurs d'une société simple et intègre. Il émigre ensuite en Polynésie et sa production des îles lointaines se caractérise par une simplification des formes qui atteste l'intérêt du peintre pour l'art primitif.

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Ce tableau est une œuvre du peintre français Paul Gauguin, exécutée en 1891, date à laquelle l'artiste alla s'installer en Polynésie après avoir renoncé aux certitudes et aux valeurs de la vie bourgeoise. Gauguin, qui arriva à la peinture presque par hasard, affectionne les couleurs violentes qui s'éloignent de la représentation du réel pour raconter la pensée, dans un dépassement de la vision objective des peintres impressionnistes. Ses œuvres s'enrichissent de valeurs symboliques, accentuées par une pose en aplat du coloris, qui crée des effets bidimensionnels. Les œuvres de Gauguin exécutées à Tahiti, exposées dès 1893 à Paris, eurent une grande importance dans la formation des peintres appelés Nabis, parmi lesquels rappelons Paul Bonnard et Édouard Vuillard.

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Ce tableau, qui frappe par ses couleurs animées et intenses, représentent deux femmes indigènes sur la plage de Tahiti.

La vie des populations polynésiennes, exemple d'harmonie entre l'homme et la nature et en même temps récupération d'une simplicité primitive, est le principal sujet des toiles de Gauguin peintes au cours des dernières années de sa vie.

Les deux femmes sont assises sur le sable, dans une position détendue et naturelle, vêtues de leurs robes colorées.

Les visages des deux femmes sont caractérisés par des traits négroïdes et par de brillants cheveux noirs, soigneusement peignés et ornés de fleurs.

L'atmosphère silencieuse et pensive de la scène provient de l'attitude des deux femmes, plongées dans leurs pensées et ne communiquant pas entre elles.

Les quelques vagues objets qui figurent au premier plan, sur la plage, donnent à l'image une signification mystérieuse et symbolique.

Le tableau est signé.

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La forme horizontale de la toile est reprise par la ligne qui trace la limite entre la plage et les rayures vertes et bleues de la mer.

L'horizon est très haut au-dessus des têtes des deux femmes, de sorte qu'on ne voit pas le ciel.

L'impression d'espace est donnée essentiellement par les formes étalées des deux corps, presque limités par le cadre de la toile.

Les deux figures sont disposées le long d'une diagonale qui coupe la surface de gauche à droite.

Exception faite pour de rares touches de clair-obscur dans la représentation des chairs, la couleur est appliquée en aplat, par touches compactes.

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Le tableau fait partie d'une nombreuse série de toiles peintes par Gauguin pendant son séjour en Polynésie, où il vécut jusqu'à sa mort.

En Polynésie, Gauguin parvient à accentuer son sens marqué du coloris, qu'il avait déjà expérimenté dans les tableaux peints d'abord en Bretagne, puis en Provence dans les années 80.

En Provence, Gauguin tenta une cohabitation difficile avec Vincent Van Gogh, qui se termina par le suicide de l'artiste hollandais. Les œuvres de ces deux peintres sont liées par une même utilisation violente et dramatique de la couleur.

Le mystère, le sens marqué du coloris, l'agencement en aplat qui caractérisent les œuvres de Gauguin représentèrent le point de départ du mouvement des peintres Nabis à la fin du XIXe siècle.

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