Frida Kahlo
[906]
L’aventure artistique de Frida Kahlo est intrinsèquement liée à la vie même de l’artiste qui commence à peindre en 1925, alors qu’elle est contrainte à l’immobilité à la suite d’un accident qui la rend également stérile. Le peintre produit surtout de nombreux autoportraits (1926, coll. privée), dont certains sont aussi terribles que dramatiques comme celui qui représente l’artiste en pleine crise d’hémorragie sur son lit d’hôpital (Henry Ford Hospital, 1932, coll. privée, Mexico). Ses œuvres rencontrèrent l’assentiment du peintre Diego Rivera qui, en 1929, devint son mari. Plusieurs témoignages de leur rapport tourmenté nous sont parvenus à travers des œuvres comme le double portrait du Museum of Modern Art de San Francisco, de 1931, et le double portrait de Frida au Musée de Mexico, de 1939. Comme Rivera, Frida Kahlo partage les idéaux du communisme, source d’inspiration de plusieurs de ses tableaux comme Le marxisme guérit le malade, de 1953 (Musée Kahlo, Mexico).
L’artiste cherche en outre à retrouver les racines précolombiennes de la culture mexicaine, comme le démontre l’autoportrait de 1929 où la femme est vêtue en indigène au lieu de l’être à l’européenne. La peinture imaginative et naïve de Frida Kahlo trouva l’approbation des surréalistes et, en particulier, d’André Breton qui, en 1938, présenta l’exposition personnelle de l’artiste. Toutefois, sa santé déclina d’une manière inexorable, jusqu’à l’amputation d’une jambe, en 1953. Frida Kahlo mourut - sans doute se suicida-t-elle - l’année suivante. La dernière période de sa vie fut conditionnée par sa dépendance vis-à-vis de l’alcool et de la drogue pour tenter de soulager ses souffrances.
[806]
Femme fascinante et légendaire de par la vie qu’elle a menée, avant même de l’être pour sa peinture, Frida Kahlo est une des figures les plus représentatives de l’art mexicain de ce siècle. Sa peinture, visionnaire et naïve, naît de l’inconscient et est utilisée par l’artiste comme moyen d’expression émotive et comme instrument de libération des angoisses et de l’anxiété. La liberté du langage adopté par Frida Kahlo trouve des analogies chez les surréalistes, mais le peintre insère souvent dans ses œuvres des détails d’un réalisme cru qui les rapprochent de celles des peintres mexicains post-révolutionnaires comme Rivera, Siqueiros ou Orozco. Artiste douée d’une culture “polyédrique”, Frida Kahlo puise dans la tradition iconographique européenne en la renouvelant par la redécouverte de l’art précolombien, emblème de l’indépendance retrouvée du Mexique.
[606]
Ce tableau, aux accents dramatiques intenses, est dû à l’artiste peintre mexicaine Frida Kahlo, une des personnalités les plus marquantes de la peinture sud-américaine, dont l’activité artistique fut étroitement mêlée à la vie difficile de la femme. Le thème de la maternité revient souvent dans les œuvres de Kahlo, qui ne pouvait avoir d’enfants à la suite des graves accidents qui affligèrent son existence. Le langage surréel choisi par l’artiste pour raconter ses propres drames et ses sentiments touche l’âme du spectateur en profondeur, en traitant par des images crues et concrètes des thèmes universels tels que la maladie, la douleur, la mort.
[506]
La figure de la nourrice trône au centre du tableau, immobile et altière comme une idole. Pareil à un masque ou à une sculpture indienne, le visage de la femme fait apparaître les liens profonds que Frida Kahlo entretient avec l’histoire et la culture mexicaines, source de nourritures spirituelles.
La maternité est évoquée par les formes larges et épanouies de la femme, et par ses seins généreux, gonflés de lait.
La petite fille que la nourrice allaite à de longs cheveux noirs, des sourcils épais et les lèvres charnues. Cette représentation permet d’identifier la figure enfantine avec un autoportrait de Frida Kahlo elle-même.
Le visage adulte s’harmonise avec le corps de nouveau-née représenté par le peintre, qui traduit en une image déchirante son désir de retourner à la sécurité de l’enfance.
La blancheur de la peau de la petite fille contraste avec les tons plus sombres de la figure de la nourrice.
La scène a pour toile de fond une nature fertile et verdoyante, opulente comme la poitrine de la femme.
[406]
La composition est agencée en profondeur sur trois plans, disposés parallèlement l’un derrière l’autre.
Le groupe féminin est construit selon un schéma triangulaire, dont le sommet correspond à la tête de la nourrice.
La position horizontale du corps de l’enfant-femme reprend le format longitudinal du tableau.
Les lignes souples et moelleuses prédominent : c’est par elles que sont définis les contours des deux femmes et les tiges des plantes.
Ce n’est que dans le masque auquel se ramène le visage de la nourrice qu’on observe une volonté délibérée de simplifier et de réduire les traits à des formes géométriques.
[306]
On peut associer cette œuvre aux nombreux autoportraits exécutés par Frida Kahlo, qui choisit la peinture comme moyen d’exprimer efficacement ses états d’âme.
Dans sa tentative d’élaborer une nouvelle tradition culturelle mexicaine autochtone, elle puise dans le répertoire figuratif de la période précolombienne, importante source d’inspiration pour une bonne partie des artistes sud-américains.
Toutefois, le thème de la femme comme nourrice emprunte également à la tradition figurative européenne et évoque les innombrables images de la Vierge allaitant l’Enfant Jésus, un des sujets les plus répandus dans l’iconographie chrétienne.
Liens utiles
- La colonne brisée de Frida Kahlo
- Autoportrait à la robe rouge de velours est une petite huile sur toile peinte par Frida Kahlo, en 1926 (79,7x61cm), conservé par les héritiers de Alejandro Gómez Arias .
- la colonne brisée par Frida Kahlo
- Frida Kahlo
- FRIDA KAHLO- AUTOPORTRAIT A LA FRONTIERE DES ETATS-UNIS ET DU MEXIQUE ANALYSE