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François Boucher (Paris 1703 - 1770).

Peintre français. Né à Paris en 1703, François Boucher se forme dans l'atelier du peintre ornemaniste Lemoine, de qui il apprend le goût des grandes décorations typiques du baroque tardif. Il débute en exécutant des gravures, dont certaines sont tirées de peintures et de dessins de Watteau. En 1727 il se rend en Italie, où il étudie le Corrège et les grands décorateurs baroques. Rentré à Paris en 1731, il reçoit d'importantes commandes de la cour et de l'aristocratie (décoration de l'hôtel de Soubise, en collaboration avec Natoire, 1737-40). En 1737, il expose au Salon des tableaux à sujet pastoral très appréciés du public. Les créations du peintre serviront de modèles pour des figurines en porcelaine réalisées par la Manufacture de Sèvres. Entre-temps, Boucher commence à réaliser de nombreux cartons pour les Ateliers des Tapisseries de Beauvais, dont il deviendra directeur en 1753. Cette charge prestigieuse est due à la protection de la marquise de Pompadour, dont Boucher exécuta un célèbre portrait, exposé en 1757. Sa renommée se répand surtout en raison de sa réalisation de sujets mythologiques et galants, très appréciés du public aristocratique. La toile intitulée Le Déjeuner, presque une scène de genre, date de 1739, tandis que Diane au bain remonte à 1742 : ils figurent tous deux au Musée du Louvre. Boucher devient ensuite directeur de la manufacture des Gobelins et responsable des décors et des costumes de l'Opéra de Paris. La célébrité de l'artiste atteint son apogée lorsqu'il est nommé premier peintre du roi en 1765, malgré les critiques qui lui sont adressées par Diderot et par les cercles éclairés, qui ne partageaient pas les goûts esthétiques de la cour de Versailles. Boucher meurt à Paris en 1770. Artiste éclectique, il fut un interprète avisé du style rococo et de la société qui lui a donné naissance.

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François Boucher est le maître français incontesté de la peinture rocaille, style fantaisiste et gai qui s'imposa au XVIIIe siècle. L'aristocratie française liée à la cour de Louis XV apprécia particulièrement le style de Boucher. Elle retrouvait, en effet, dans ses œuvres de sujet érotique et libertin la traduction figurative d'une tendance littéraire très répandue à l'époque. Même les sujets mythologiques que le maître français traita à diverses reprises ne semblent qu'une excuse pour reproposer des figures gracieuses de nus féminins. D'autre part, cet artiste possède également un certain don pour analyser la réalité quotidienne et il en donne la preuve dans les œuvres représentant la vie bourgeoise et aristocratique. Suivant les tendances esthétiques de l'époque, Boucher recourt à une gamme chromatique claire et lumineuse qui rend ses œuvres très vives et très agréables.

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Ce tableau charmant et enjoué a été peint par le peintre français François Boucher en 1739.

Cet artiste, célébré en France et dans toute l'Europe tout au long de sa carrière, nous offre ici un échantillon de la vie aisée de la noblesse française au XVIIIe siècle, pour laquelle il peignit également des portraits, des sujets mythologiques et des scènes pastorales.

Son style gracieux et lumineux s'allie à un goût certain pour les descriptions minutieuses des milieux et des mœurs de l'époque, qui en fera un des artistes favoris de Louis XV.

La renommée qui accompagna Boucher au cours de sa vie fut suivie au XIXe siècle par un brusque déclin de sa fortune, car ses œuvres furent considérées comme le miroir fidèle des vices et de la dépravation de la noblesse française, que la Révolution avait balayés.

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La toile représente un moment de la vie quotidienne d'une riche famille française, réunie pour le petit déjeuner. Boucher s'est probablement inspiré de sa propre famille, et on pense pouvoir reconnaître dans les deux personnages de droite sa femme et sa fille.

Au beau milieu d'un riche et lumineux salon, deux femmes sont assises devant un guéridon sur lequel reposent des tasses de porcelaine chinoise, selon un goût orientalisant qui s'affirme au XVIIIe siècle grâce aux importations massives d'objets et de matériaux divers, favorisées par le développement des grandes voies commerciales. Cette mode est également évoquée par la statuette de Bouddha que l'on entrevoit sur l'étagère, sur le mur du fond.

Un homme jeune, peut-être Boucher lui-même, tient par le manche une cafetière bouillante et la pose sur le rebord de la cheminée.

La femme représentée sur la gauche nourrit une petite fille qui est tournée vers le spectateur. 

Une autre petite fille est représentée sur la droite, avec ses jouets : un petit cheval de bois sur roues et une poupée. Elle porte autour de la tête une sorte de bandeau molletonné destiné à la protéger dans ses chutes. 

La mère, dont le visage est caractérisé par une mouche de velours posée avec coquetterie sur son front, regarde tendrement la petite fille.

La spontanéité et la familiarité de la scène dérivent de l'attitude des personnages qui, par le jeu des regards, communiquent intimement entre eux, et par les petits détails qui signalent un désordre occasionnel, comme le tiroir entrouvert, le linge posé sur la cheminée ou les rubans posés sur la console.

Boucher représente avec soin le milieu intime mais riche, où figure un ameublement de style rocaille, comme le grand miroir, la console, les chandeliers ou la pendule imposante.

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La composition est ordonnée le long d'une diagonale qui part de la petite fille en bas à droite pour arriver jusqu'à l'homme. 

Une ligne parallèle à cette diagonale est tracée par la lumière qui entre par la fenêtre de gauche et qui laisse dans la pénombre tout le haut de la pièce.

Les vastes dimensions de la salle sont également signalées par la large bande de sol représentée en bas, qui éloigne les personnages du spectateur.

L'espace est élargi de façon illusoire par le miroir placé au-dessus de la cheminée, et qui reflète la porte d'entrée de la pièce.

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Ce tableau relève du goût pour les compositions intimes et quotidiennes très appréciées des nobles commanditaires de Boucher. Ce même goût caractérise également plusieurs tableaux de Jean-Baptiste Siméon Chardin, qui est toutefois davantage intéressé par la représentation de la vie de la moyenne et de la haute bourgeoisie. 

Les scènes à sujet mythologique de Boucher furent elles aussi très appréciées : elles servaient de prétexte pour représenter des nus féminins et donner lieu à des compositions aimables et frivoles, dans le genre de celles que proposaient également l'autre grand peintre rococo français, Jean-Honoré Fragonard.

La faveur réservée à Boucher par la marquise de Pompadour et par Louis XV lui valut la commande de nombreux dessins de tapisseries destinées aux appartements royaux.

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