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Fra Angelico, fra Giovanni da Fiesole, Guido di Piero (Vicchio di Mugello ?, vers 1395-1400 - Rome, 1455)



Déjà actif en 1417 comme peintre, il entre peu après au couvent Saint-Dominique à Fiesole. Les oeuvres que l'on peut situer au début de son activité de peintre, telles que le Triptyque de Saint-Dominique (Florence, Musée de Saint-Marc), dénotent encore une certaine influence de la peinture gothique tardive, en particulier celle de Lorenzo Monaco et de Gentile da Fabriano. En 1433, avec le Tabernacle des liniers, Fra Angelico démontre qu'il connaît les nouveautés de la peinture de Masaccio, mais c'est seulement un peu plus tard que ses oeuvres manifestent une pleine maturité en ce qui concerne l'agencement de l'espace. En effet, les figures du Couronnement de la Vierge, datant de 1435 env. (Paris, Louvre), sont solidement campées, et la perspective y est parfaitement maîtrisée. Ce sont les années où Fra Angelico est considéré comme le plus grand peintre florentin, en mesure de jeter les bases d'une forme moderne d'art sacré, marqué par la Renaissance, mais au ton authentiquement religieux. C'est dans ce sens que l'on interprète encore les nombreuses peintures à fresque qu'il a exécutées au couvent de Saint-Marc à Florence, dont il dirige aussi les travaux entre 1438 et 1446 (l'Annonciation et la Crucifixion avec la Vierge et les saints) ; on y observe une simplification croissante des formes, adhérant parfaitement à la sobre architecture de Michelozzi, qui aboutit à l'expression d'une sereine austérité monastique. A partir de 1466, Fra Angelico se trouve à Rome pour peindre les fresques des Vies de saint Etienne, saint Laurent et saint Ludovic, dans la chapelle de Nicolas V au Vatican, son dernier chef-d'oeuvre, où le récit se déroule avec la plus grande sérénité dans un décor architectural qui évoque les modèles classiques directement connus dans la ville des papes. La peinture de Fra Angelico, basée sur une conception de l'espace défini par la lumière, est un exemple important pour de nombreux peintres de la génération suivante, parmi lesquels Piero della Francesca.

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Le style de Fra Angelico, un des protagonistes de la Renaissance florentine, est tout à fait caractéristique et particulier. Ce moine-peintre adopte avec enthousiasme le naturalisme de Masaccio et la perspective de Brunelleschi. Toutefois, il utilise ces caractères pour créer des images d'une profonde religiosité sereine, destinées à la méditation. Son activité parallèle d'enlumineur est évoquée à travers l'emploi de couleurs vives et brillantes. Le choix de couleurs lumineuses a souvent été interprété comme l'héritage de la culture du gothique tardif. Il faut, au contraire, le comprendre comme une traduction formelle de la pensée du théologien dominicain, saint Thomas d'Aquin, qui identifiait la lumière à une manifestation de la grâce divine. En outre, Fra Angelico est en mesure de s'exprimer sur des registres stylistiques variés. C'est ainsi qu'il passe des compositions simples et essentielles des fresques du couvent de San Marco à la magnificence des retables destinés aux autels des églises.

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Cette scène orne le deuxième couloir du dortoir du couvent de Saint-Marc à Florence.

A partir de 1437, Cosme de Médicis avait fait construire par l'architecte Michelozzo di Bartolomeo le couvent destiné aux frères dominicains, décoré au cours de la cinquième décennie du siècle par Beato Angelico, frère de cet ordre.

Ce peintre, admiré pour sa grâce et l'harmonie de ses coloris, sait parfaitement allier les valeurs nouvelles de la peinture de la Renaissance à un profond sentiment religieux, et devient le parfait interprète de la spiritualité dominicaine.

Les fresques de Saint-Marc, destinées aux frères de l'ordre mendiant, sont caractérisées par des compositions épurées et simples, destinées à aider les religieux dans leur méditation.

En revanche, les nombreux retables exécutés par le peintre pour des églises toscanes révèlent des compositions à l'agencement complexe et articulé, marquées par une grande richesse de coloris.

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La scène de l'Annonciation se trouvait au sommet de la rampe d'accès au dortoir, de façon à être vue par ceux qui entraient. La modestie et la simplicité de la scène, montrant la Vierge assise sur un humble tabouret, correspondaient bien aux règles de vie des frères dominicains.

Marie et l'ange Gabriel se saluent en croisant leurs bras sur la poitrine, selon un cérémonial byzantin ancien. Mais la scène est intime et familière.

La robe de Marie est dépourvue de tout ornement, tandis que l'ange porte une tunique rose aux bords finement brodés d'or.

Angelico situe la scène sacrée sous un portique assez semblable à un cloître, soutenu par des colonnes de style ionique et corinthien, aux chapiteaux finement sculptés. De cette façon, les frères pouvaient avoir l'impression que le miracle avait lieu dans leur couvent.

L'observation minutieuse de la réalité environnante, qui connote l'art renaissant de Beato Angelico transparaît dans de petits détails, tels que la représentation des tirants de fer qui renforcent l'architecture.

A gauche, on entrevoit un jardin fleuri fermé par une palissade derrière laquelle commence un bosquet.

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La scène est subdivisée en deux parties par la colonnade sous laquelle elle a lieu.

Les règles de la perspective sont appliquées, avec un point de fuite central.

L'impression de profondeur est donnée essentiellement par la succession des arcades.

Les arcs extérieurs sont en plein cintre, tandis que les arcades qui reposent sur les consoles représentées à l'arrière-plan sont légèrement en ogive, dans un goût encore gothique.

Les figures de la Vierge et de l'ange figurent sur une diagonale, la Vierge étant un peu plus sous le portique que l'ange annonciateur.

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Angelico situe la scène de l'Annonciation dans une architecture Renaissance, assez semblable au cloître projeté par Michelozzo di Bartolomeo pour le couvent de Saint-Marc.

Angelico avait déjà utilisé une composition analogue dans le tableau sur bois peint entre 1430 et 1432 pour le couvent de Saint-Dominique à Fiesole, aujourd'hui au Musée du Prado à Madrid.

Dans le tableau madrilène, le peintre introduit à gauche les figures d'Adam et d'Eve, coupables d'avoir commis le péché originel qui ne sera lavé que par le sacrifice du Christ.

L'Annonciation du couvent de Saint-Marc orne le couloir menant au dortoir.

Dans chacune des cellules du couvent, Angelico peignit une scène de la vie du Christ, qui devait accompagner les frères dominicains dans la prière et la méditation; c'est pour cette raison que le peintre introduisit dans chaque épisode la figure d'un saint de l'ordre dominicain, représenté dans un moment de prière et de contemplation.


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