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Érôs

Érôs Issu du chaos primitif selon les théogonies les plus anciennes, Érôs1 est la force irrésistible qui attire les éléments les uns vers les autres, le principe de vie. Son action fécondante fera naître toutes choses du rapprochement de l’espace (Chaos) et de la matière (la Terre). De même qu’unis par ses soins, l’Erèbe — l’obscurité infernale — et Nyx — la nuit — donneront naissance au monde de la lumière, en engendrant Éther — le fluide vital — et Héméra — le jour. L’orphisme corroborera la puissance fondamentale d’Érôs. Il lui assignera seulement une autre origine: Chaos, l’infini, et Éther, le fini, se sont unis pour créer l’oeuf primordial ; de cet œuf naîtra le premier être, à la fois mâle et femelle, possédant le germe de toute chose: c’est Érôs. Tout autre est la version exposée par Platon dans Le Banquet: Érôs serait né, au terme d’un banquet réunissant toutes les divinités, de l’accouplement de Pénia (Pauvreté) et de Poros (Expédient). Il est lancé, avec la mission d’assurer la continuité des espèces, dans une chasse perpétuelle, à l’image de sa mère, toujours plein d’astuce comme son père, pour parvenir à ses fins. Les traditions les plus courantes ont préféré retenir le mythe du petit enfant malin et pervers, généralement ailé, armé de l’arc ou de la torche enflammée, fils d’Aphrodite, déesse de l’amour, et d’Arès, dieu de la guerre, sans cesse en quête de victimes nouvelles, hommes ou immortels, y compris Zeus et sa propre mère. À cette version se rattache la légende poétique d’Erôs et Psyché, contée par Apulée. Psyché (l’Âme) était une princesse dont la beauté extraordinaire suscita la jalousie d’Aphrodite. Celle-ci envoya son fils à la conquête de Psyché. Mais voici qu’Érôs, chargé d’épouser la belle princesse, s’éprit d’elle irrésistiblement. Après toute une série de péripéties romanesques, il devait solliciter et obtenir de Zeus l’accès de son épouse à l’immortalité.

« Le petit entant Amour » (Ronsard), armé de l’arc et des flèches, a toujours été un des personnages favoris des peintres et des sculpteurs (Praxitèle, ive siècle av. J.-C., musée du Capitole). À l’époque hellénistique et romaine, perçu comme principe de vie et donc associé à révocation de la mort, il est représenté sur les sarcophages sous l’apparence d’un jeune garçon appuyé sur une torche renversée, symbole de la vie qui s’éteint. Les artistes de la Renaissance (Donatello, Michel-Ange) ont distingué L’Amour vaincu, L’Amour vainqueur (Le Caravage, Berlin), L’Amour dormant (Le Caravage, Florence, palais Pitti)... Les peintres français, notamment au XVIIIe siècle, s’y sont complu: Le Moyne, Natoire, Charles Coypel, Carie Van Loo, Boucher, Fragonard... Bouchardon a sculpté L'Amour taillant son arc dans la massue d'Hercule (Louvre), Falconet L’Amour menaçant (Versailles), et, au XIXe siècle, Rude L'Amour dominateur du monde (Dijon, musée Rude). Un opéra de Lully (1678) est inspiré de la légende de Psyché.

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