Érinyes
Quand Cronos mutila son père Ouranos afin de lui ravir le trône et la puissance, du sang d’Ouranos tombé sur la terre naquirent les Érinyes. Leur nombre n’est pas déterminé, mais on ne cite les noms que de trois d’entre elles: Alecto, Mégère et Tisiphoné. Ce sont des génies ailés à la chevelure de serpents {Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes? s’écrie dans son délire l’Oreste de Racine), portant des torches gu des fouets. Elles ont leur repaire dans l’obscurité des Enfers, l’Érèbe.
Les Érinyes ont pour fonction de protégér l’ordre établi et de tirer vengeance de tous les délits capables de le troubler: qu’il s’agisse du forfait d’orgueil (hybris) qui rend l’homme oublieux de ses limites et de sa condition dépendante, qu’il s’agisse de crimes, commis par les mortels ou même par les dieux: car nées de la plus ancienne divinité du panthéon hellénique, elles ont autorité sur tous les dieux des générations ultérieures, Zeus compris. Elles s’acharneront sur leurs victimes (Œdipe, Oreste, tant d’autres) comme des chiennes — Sartre dira: comme des « mouches » — jusqu'à leur faire perdre la raison. Les hommes pensent se concilier la faveur des Érinyes en leur donnant un surnom flatteur: les Euménides, c’est-à-dire: les Bienveillantes (c’est le titre de la seconde tragédie de l’Orestie). Les Romains assimilèrent leurs Furies aux Érinyes grecques. Les deux premières tragédies de l’Orestie d’Eschyle (Agamemon, les Choéphores), ont trouvé un traducteur génial en Leconte de Lisle, sous le titre les Érinnyes (sic) en 1873. La musique de scène a été écrite par Massenet.