Devoir de Philosophie

Edward Hopper

[919]
Le peintre américain Edward Hopper reçut sa première formation à la New School of Art de New York, qu’il fréquenta de 1900 à 1906 sous la conduite de Robert Henri. Ensuite, l’artiste se rendit plusieurs fois en Europe, entre 1905 et 1910, séjournant longuement à Paris. Les résultats de sa première période créative furent exposés à l’Armory Show en 1913. Mais, tout de suite après, Hopper abandonna la peinture pour se consacrer à l’activité d’illustrateur commercial et de graveur, comme en témoignent les nombreuses eaux-fortes qui nous sont parvenues. Le maître recommença à peindre en 1923, organisant l’année suivante une exposition d’aquarelles puis, en 1927, une exposition de peinture qui imposa Hopper comme chef de file des peintres du réalisme américain. Influencé par le cinéma, dont il reprit plusieurs fois les plans, Hopper affirmait l’exigence d’élaborer un langage artistique américain autochtone et de se libérer de l’opprimante dépendance de la peinture européenne et, en particulier, de la peinture française. Le peintre décida donc de reproduire avec une précision quasiment photographique les villes et les paysages américains, influencé par le réalisme des peintres mexicains très connus aux Etats-Unis à partir des années 1920. Parmi les nombreuses œuvres réalisées par Hopper, et notamment différents portraits, les plus importantes sont Drug Store de 1927 (Museum of Fine Arts, Boston), Fenêtres de nuit de 1928 (Museum of Modern Art, New York), Chambre d’hôtel de 1931 (Coll. Thyssen-Bornemisza, Madrid), Près de la ville de 1946 (Phillips Collection, Washington).

[819]
Peintre figurant parmi les plus importants du XXème siècle américain, c’est aussi à Edward Hopper que revient le mérite d’avoir encouragé la naissance d’une école artistique locale indépendante des influences de l’art européen. Le caractère “américain” de la peinture de Hopper apparaît de toute évidence dans le choix des sujets de l’auteur qui, comme Hemingway, raconte la vie des villes et des banlieues américaines avec un réalisme minutieux. A travers des situations essentielles et silencieuses où les personnages se déplacent comme immergées dans le vide, Hopper raconte la tristesse, l’impossibilité de communiquer et la solitude de l’humanité avec des résultats comparables à ceux de la peinture métaphysique. Partant d’une culture artistique de style post-impressionniste, le maître américain aboutit à une peinture rigoureuse où les formes sont définies par de savants jeux de lumière guidés par la main habile d’un metteur en scène. L’influence de la technique cinématographique, ainsi qu’une expérience prolongée dans le domaine de l’art graphique publicitaire, jouèrent d’ailleurs un rôle fondamental dans l’élaboration du langage pictural singulier de Hopper.

[619]
Ce tableau occupe une position fondamentale dans le parcours artistique du peintre américain Edward Hopper. Exécutée en 1931, cette œuvre est la première d’une série ayant pour thème des individus représentés dans leur solitude, plongés dans leurs pensées dans des chambres ou des halls d’hôtel. Malgré sa dépendance du langage figuratif européen, la peinture de Hopper raconte avec réalisme les paysages, les situations et les lieux de l’Amérique moderne, contribuant ainsi à faire naître une culture figurative américaine indépendante, qui voit le jour parallèlement à l’affirmation progressive en littérature d’Hemingway et de Steinbeck.

[519]
Le thème du voyageur a toujours fasciné Hopper, qui représente ici une femme dans une chambre d’hôtel. La femme, vêtue seulement de sa lingerie, est assise sur le lit, absorbée dans ses pensées tandis qu’elle tient une lettre à la main.

Les épaules tombantes, les pieds nus, le visage dans l’ombre contribuent à la vraisemblance de la figure et de la scène, qui fait penser à un cadrage cinématographique.

Les valises posées à terre évoquent le voyage, tandis que certains détails de son habillement liés à la mode, comme les chaussures, ou bien le chapeau posé sur la commode, permettent de situer approximativement la scène à une certaine époque.

L'absence d’objets personnels et les grands murs vides accentuent l’aspect anonyme et froid d’une chambre d’hôtel.

Vue de près, la toile dont la facture semble compacte et uniforme, révèle une mise en œuvre complexe de la couleur, d’empreinte post-impressionniste.

[419]
L'importance du cinéma pour la peinture de Hopper, comme pour d’autres artistes américains, est évidente dans la composition du tableau. La protagoniste n’est pas vue de face, mais latéralement, de façon à accentuer la vraisemblance de la scène.

Comme si nous suivions une caméra qui se rapproche, la figure se découvre progressivement à nos yeux, encore partiellement cachée par le chevet du lit.

Le lit et le fauteuil délimitent une diagonale qui contribue à l’agencement de l’espace.

Une lumière intense entre de la fenêtre sur la gauche, en projetant les ombres sur le sol.

L’impression de calme et de silence qui émane du tableau provient de l’alternance mesurée des éléments verticaux - les murs, le rideau, la commode - et des éléments horizontaux - le lit, la valise, le coffre au fond de la pièce.

[319]
La peinture lumineuse de Hopper et sa facture soignée font apparaître l’importance de la peinture post-impressionniste de Seurat dans la formation de l’artiste, qui avait séjourné à Paris au cours de la première décennie de ce siècle.

Le réalisme qui caractérise les œuvres postérieures de Hopper, à partir des années trente, le rapproche au contraire des peintres allemands de la Nouvelle Objectivité, comme Otto Dix et Max Beckmann.

Hopper et d’autres artistes américains se tournèrent vers la représentation du réel sous l’influence de certains peintres mexicains contemporains, comme Diego Rivera et David Siqueiros, très connus aux Etats-Unis, mais dont les œuvres se distinguent de celles des artistes nord-américains par leur contenu politique d’empreinte marxiste.

Liens utiles