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Edouard Vuillard

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Elevé à Paris, au sein d’une famille de condition modeste, Edouard Vuillard fréquenta l’Académie Julian à partir de 1886, avant d’être admis l’année suivante à l’Ecole des Beaux-Arts. Tout d’abord intéressé par le naturalisme des maîtres hollandais du XVIIème siècle et aux scènes d’intérieur peintes par Chardin, Vuillard adhéra en 1889 au groupe des nabis, mouvement qu’il avait connu par l’intermédiaire de son ami peintre Maurice Denis. Renonçant à son intérêt naturel pour l’observation du vrai, Vuillard élabora à partir de ce moment-là une peinture qui jaillit de la mémoire, qui adopte une présentation uniforme et simplifiée, influencée par l’art de Gauguin et par les estampes japonaises. Vuillard représente surtout des scènes paisibles de la vie familiale, souvent à l’extérieur, alternant la technique picturale à l’art graphique et aux gravures (La Causette, 1892, National Gallery, Edimbourg ; Paysages et intérieurs, Museum of Modern Art, New York). Pour la salle à manger de l’hôtel d’Alexandre Natanson, Vuillard exécuta en 1894 neuf panneaux représentant les Jardins publics, inspirés par les souvenirs de ses fréquentes promenades dans les parcs municipaux. C’est de 1896 que date en revanche l’autre commission importante passée à l’artiste pour la décoration de la bibliothèque d’Henri Vaquez, dont les panneaux se trouvent aujourd’hui à Paris, au Musée du Petit Palais.
Au début du siècle suivant, Vuillard se consacre surtout à la peinture de paysages, comme en témoignent la série des rues de Paris (1908-1910, New York, coll. Guggenheim) et les portraits, très appréciés des membres du Tout-Paris mondain. Les portraits à la mode alternent chez Vuillard avec ceux de ses amis, comme ceux des peintres Denis, Bonnard, Roussel et Maillol, réalisés de 1923 à 1937 (Musée du Petit Palais, Paris). Apprécié de ses contemporains, Vuillard réalisa aussi la décoration d’édifices publics comme le foyer de la Comédie des Champs-Elysées à Paris (1913), ainsi que des costumes et des décors.

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Narrateur de la Belle Epoque, artiste très apprécié du beau monde parisien, Edouard Vuillard est aujourd’hui encore admiré pour sa peinture agréable et décorative. Membre qualifié du mouvement des nabis, Vuillard propose un langage artistique qui filtre les tons crus de la réalité à travers l’imagination et le souvenir. Comme les autres maîtres nabis, Vuillard tend à une peinture faite de surfaces uniformes et bidimensionnelles pour sous-tendre la volonté de simplifier au maximum le langage pictural. En même temps, son attrait pour les estampes japonaises, très à la mode en France à la fin du siècle, stimulèrent l’intérêt du peintre pour l’art graphique et l’illustration, ainsi que son goût pour la ligne. L’écho de la peinture d’intérieurs des maîtres hollandais du XVIIème siècle et des scènes de vie familiale représentées par Chardin ressort en revanche dans le choix des sujets, souvent inspirés de la vie quotidienne plaisante et sereine de la classe bourgeoise.

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L'œuvre dans son ensemble constitue le projet décoratif de plus grande envergure jamais entrepris par Vuillard, qui se consacra longuement aux arts appliqués. Représentant parmi les plus significatifs du groupe des nabis, il élabora une peinture à deux dimensions, influencée par l’art japonais et caractérisée par un goût pour la décoration. Le résultat en est un style agréable, qui traduit bien l’enjouement et la légèreté de la Belle Epoque.
Ces toiles avaient été peintes par Edouard Vuillard en 1894 pour décorer l'hôtel d'Alexandre Natanson. La série était complétée par quatre autres panneaux, actuellement dans les musées de Cleveland, Houston et Bruxelles.

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La peinture, qui se déroule comme une longue frise continue, représente une agréable journée de printemps aux jardins publics. L’idée de printemps est évoquée par le vert tendre des arbres en fleur.
La scène est agencée en plusieurs épisodes, d’une grande spontanéité, qui donnent son titre à chacun des panneaux. Dans la première toile, les petites filles jouent et se poursuivent sous les yeux attentifs des bonnes d’enfants.

Dans la deuxième, connue sous le titre de L’Interrogatoire, une mère se penche pour s’adresser à son petit garçon.

Les bonnes d’enfants assises sur les bancs, au frais sous les arbres, constituent le sujet du troisième panneau, où l’on découvre aussi la scène intitulée La Conversation.

Concevant les panneaux comme un ensemble vu de loin, Vuillard n’a représenté les figures que très sommairement, à base de taches de couleurs uniformes qui délimitent les silhouettes en mouvement des personnages.

Tout détail est absent des visages, tandis que les petits motifs décoratifs des vêtements des femmes sont représentés avec une grande attention.

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La scène, vaste et aérée, est subdivisée en trois compartiments de largeur différente, disposés à l’origine sur une paroi en coin.

La ligne de l’horizon qui s’étire dans la partie supérieure à l’arrière-plan nous donne l’idée d’un espace de vaste dimension.

Les minuscules silhouettes représentées à l’arrière-plan accentuent l’impression d’éloignement.

Les groupes de femmes et d’enfants sont disposés en demi-cercles qui reculent vers le fond.

Les figures, définies par des taches de couleurs, sont en aplats, sans aucun clair-obscur, habituellement utilisé par les peintres pour modeler les corps.

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Le goût décoratif qui caractérise l’œuvre de Vuillard et de tous les peintres nabis connote également le style d’autres mouvements artistiques qui se sont affirmés à la fin du XIXe siècle, comme la Sécession viennoise. 

Le mouvement des nabis, mot hébreu qui signifie prophètes, prenait pour modèle l’art de Gauguin, en recherchant les valeurs instinctives de l’art primitif, basé sur la concision des formes et sur l’ornement.

La connaissance de l’art japonais, répandu surtout grâce aux estampes, et caractérisé par des formes linéaires peintes en aplat, joua aussi un rôle important.


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