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Cronos

Dernier-né des douze Titans, fils de Gaia, la Terre, et d’Ouranos, le Ciel étoilé, Cronos « aux fourbes pensers » sera le seul à répondre à l’appel de sa mère, lorsque Gaia, pour mettre un terme à son propre esclavage et à celui de ses enfants, décida d’armer leur bras contre Ouranos. Celui-ci en effet, pris d’horreur pour sa descendance, la maintenait emprisonnée dans les flancs de leur mère, la Terre. Cronos, d’un coup de faux, trancha les parties génitales de son père, l’évinça du pouvoir et s’empara de sa succession. Dès lors s’installe au gouvernement du monde la race des Titans, la deuxième génération divine selon Hésiode. C’est sous le règne de Cronos que l’humanité naissante goûtera son âge d’or. Uni à sa sœur Rhéa, Cronos aura six enfants (les Cronides): trois filles, Hestia, Déméter, Héra; trois garçons, Hadès, Poséidon, Zeus. Or, pour éviter qu’un de ses descendants ne réédite à son profit l’aventure qui l’avait fait roi, Cronos avait promis à ses frères aînés les Titans de n’avoir pas de postérité. De leur côté, ses parents lui avaient prédit, s'il avait des enfants, le sort qu’il avait réservé à son père. Aussi Cronos agit-il avec sa progéniture comme Ouranos avait agi avec la sienne. Mieux: plutôt que de confier fils ou filles aux entrailles maternelles, c’est dans son propre sein qu’il les engloutissait dès leur naissance. Désespérée, Rhéa chercha à son tour une solution. Ayant consulté sa mère, elle décida, quand elle se trouva enceinte de Zeus, d’aller accoucher en Crète. Gaia recueillit le bébé et le remit pour l’élever aux filles du roi. Cependant, Rhéa présentait à Cronos une pierre enveloppée de langes qu’il avalait sans méfiance.

L’enfance de Zeus se déroula parmi les chênes du mont Ida. Afin que Cronos ne pût percevoir ses vagissements, les Curètes, prêtres-soldats de Rhéa, avaient mission, sous prétexte de danses sacrées, de faire retentir de coups d’épées l’airain de leurs boucliers. Dès que Zeus fut sorti de l’enfance, il résolut de tirer vengeance de son père. Il sollicita pour cela l’appui de Métis — la Sagesse —, fille du Titan Océanos ; celle-ci composa une boisson vomitive, qui fit rendre à Cronos « les dieux issus de son sang qu’il avait engloutis ». Zeus le chassa du trône et, si l’on en croit Homère, le chargea de chaînes et le précipita dans les abîmes souterrains. Cronos y sera rejoint, après dix ans de lutte acharnée, par ses frères les Titans, qui avaient pensé pouvoir reconquérir le pouvoir sur Zeus et ses partenaires. Suivant d’autres traditions, Cronos aurait été simplement plongé dans le sommeil et relégué dans la mystérieuse île de Thulé, ou exilé comme roi d’une contrée idéale, dont « le sol fécond porte trois fois l’an une florissante récolte » et où se prolonge cet âge d’or, définitivement révolu par ailleurs avec l’avènement de la troisième génération, celle de Zeus et des Olympiens. Quant à la fameuse pierre, instrument de liberté et de victoire, rejetée elle aussi par Cronos, elle mérita la sollicitude de Zeus, qui la transporta sur le futur site de Delphes, pour qu’elle y fût au long des siècles un objet de vénération. Cronos a été parfois assimilé au dieu phénicien Baal, dans l’idole duquel étaient précipitées des victimes humaines. La légende de Cronos figure au plafond de la salle des Éléments du Palazzo Vecchio (Florence), peinture de Vasari. Goya a représenté Cronos dévorant ses enfants (Madrid, Prado).

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