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Cimabue, Cenni di Pepo dit (vers 1240 - après 1302)


Peintre italien
Cité par Dante dans la Divine Comédie, c'est un artiste bien connu de ses contemporains. Mais en fait, les données certaines sur sa vie et ses oeuvres sont très rares. En 1272, il est pour la première fois à Rome; en 1301-1302, il se trouve à Pise, où l'on sait qu'il bénéficie de paiements pour la mosaïque de l'abside de la cathédrale. Cimabue s'inspire des modèles byzantins tardifs, désormais codifiés. Mais en même temps, il récupère la vitalité et l'élan du langage roman tardif de Coppo di Marcovaldo et de Giunta Pisano, dont on le croit un disciple. On peut suivre sa carrière artistique à partir du thème de la crucifixion : du Christ de l'église Saint-Dominique à Arezzo (avant 1270), encoresous l'influence du langage byzantin, on passe à une expressivité nouvelle dans la représentation du corps du Christ, dans l'église Sainte-Croix de Florence (vers 1272), pour aboutir à la Crucifixion de l'église Saint-François à Assise, désormais dégagée de tout dogmatisme. Dans la Maestà de l'église de Santa Trinità, aujourd'hui au musée des Offices de Florence, à la staticité des visages s'oppose un sentiment nouveau de l'espace et du volume des corps, qui caractérise surtout les anges et les prophètes. 
La participation du peintre à la décoration de l'église Saint-François à Assise est importante : entre 1277 et 1280, il peint un vaste cycle de fresques dans le choeur et dans le transept de l'église supérieure, ainsi que la Crucifixion. Des problèmes d'attribution se posent pour les décorations murales de la deuxième période, car le Siennois Duccio di Buoninsegna et le jeune Giotto travaillent aux côtés de Cimabue, et il n'est pas toujours facile de distinguer nettement la main de l'exécuteur.
Parmi les oeuvres de Cimabue, il faut encore rappeler la Maestà de l'église des Servi à Bologne, la Maestà du Louvre et la monumentale figure de saint Jean dans la mosaïque de l'abside de la cathédrale de Pise (1301).

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Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, le parcours artistique de Cimabue trouve son point de départ dans la peinture néo-hellénistique de Giunta Pisano qui était connue en Italie grâce à l'ample diffusion des œuvres provenant du monde byzantin. Le peintre exacerbe les caractères expressifs et pathétiques de ses œuvres tout en répondant à la volonté de l'Église de l'époque (en particulier à la volonté des Franciscains) qui voulait surtout mettre en évidence la nature humaine du Christ. Tout en s'attenant aux schémas iconographiques et formels de la culture byzantine, Cimabue est très attentif à la représentation de l'aspect plastique des corps, et cela sous l'influence de la sculpture de Nicola Pisano et d'Arnolfo di Cambio. L'artiste sent également l'exigence d'une représentation plus réelle et plus concrète de l'espace ; or Giotto - qui, suivant les historiographes anciens, reçut sa formation dans l'atelier de Cenni di Pepe - arriva ensuite à pratiquer ce type de représentation.

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Ce grand retable est un exemple admirable de la richesse chromatique qui caractérise la peinture médiévale.

Il provient de l'église du monastère vallombrosien de Santa Trinità, à Florence, pour laquelle il avait été exécuté dans le dernier quart du XIIIe siècle.

Ce tableau témoigne des excellents résultats atteints par Cimabue dans sa maturité.

L'illustre peintre florentin sut en effet concilier la tradition byzantine avec un intérêt nouveau pour la représentation de la nature et des sentiments.

L'œuvre de ce maître, actif jusqu'aux premières années du XIVe siècle, servit d'exemple aux artistes toscans de l'époque et jeta les bases nécessaires aux innovations que Giotto allait bientôt introduire dans la peinture italienne.

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La Vierge est revêtue d'un large manteau bleu enrichi de rehauts dorés.

Elle est assise sur un trône d'ivoire monumental, finement ciselé, qui connote Marie en tant que reine, comme le prescrit le thème iconographique de la "Maestà".

La légère inclinaison de la tête et la position des jambes, reposant sur deux marches différentes du trône, donnent à la figure souplesse et élégance.

Selon un modèle courant dans l'iconographie byzantine, la Vierge nous montre de la main droite l'enfant bénissant et tenant à la main un rouleau de parchemin.
Huit figures d'anges aux ailes vivement colorées sont disposées autour du trône et semblent le soulever avec délicatesse.

Dans la partie inférieure du tableau figurent quatre prophètes de l'Ancien Testament. Ce sont, de gauche à droite : Jérémie, Abraham, David et Isaïe.

Les quatre saints sont en train de débattre sur les mystères de la conception du Christ et de la virginité de Marie, comme l'indiquent les inscriptions figurant dans les cartouches qu'ils tiennent entre leurs mains.

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Un rigoureux principe de symétrie préside à cette composition, partagée en deux parties parfaitement égales, avec quatre anges et deux prophètes sur chaque côté.

Dans la partie supérieure du tableau, les têtes légèrement penchées des anges accompagnent la forme triangulaire du tableau.

Le trône architectural contribue à l'agencement complexe de l'espace et constitue un des éléments fondamentaux de la composition.

L'effet de profondeur est obtenu à travers un système de lignes parallèles convergeant vers le centre.

Il est également accentué par la position des anges, alignés l'un derrière l'autre autour du trône où figure la Vierge.

La composition articulée du trône est également mise en relief par l'utilisation de la lumière, qui laisse dans l'ombre les surfaces en retrait et éclaire le premier plan.

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Le thème de la Vierge en majesté ("Maestà") est un des sujets les plus répandus dans la peinture religieuse du Moyen Âge.

Cimabue lui-même a repris plusieurs fois cette iconographie, par exemple dans le tableau actuellement au Musée du Louvre, dont l'agencement est toutefois simplifié.

Par rapport à ces tableaux, la Maestà des Offices se distingue aussi par la décoration à base de feuilles d'or du manteau de la Vierge.

Cet élément provient de la peinture byzantine, mais il est largement répandu dans la peinture florentine du XIIIe siècle, comme le démontre le tableau peint par Coppo di Marcovaldo en 1261 pour l'église de Santa Maria dei Servi à Sienne.

Mais la forme et les dimensions du retable de Cimabue permettent de lui attribuer une datation tardive : on peut le rapprocher d'autres œuvres de la fin du siècle, comme la Maestà peinte par Duccio de Boninsegna en 1285 pour l'église de Santa Maria Novella à Florence, actuellement au Musée des Offices.

La position frontale de la Vierge, introduite par Cimabue, sera reprise par Giotto quelques années plus tard dans la Maestà peinte pour l'église d'Ognissanti à Florence, elle aussi au Musée des Offices. Dans ce tableau, le thème sacré est transposé dans une réalité plus humaine et terrestre.


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