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Chardin, Jean-Baptiste-Siméon (Paris, 1699 - 1779)

Peintre français. Né à Paris en 1699, il fréquente l'Académie Saint-Luc, où il obtient son diplôme. Les œuvres qu'il exécute à ses débuts sont surtout des natures mortes, genre auquel il arriva presque par hasard, lorsqu'il décida de peindre du gibier qui lui avait été offert.
En 1728, il est reçu à l'Académie Royale de peinture, comme "peintre d'animaux et de fruits", en présentant les tableaux intitulés la Raie et le Buffet (Paris, Louvre), qui serrent de près la réalité, comme ce sera le cas pour toute son œuvre. En 1733, avec la toile Femme cachetant une lettre (Berlin, Charlottenbourg), il entame une nouvelle phase de sa carrière en peignant des scènes d'intérieur avec des personnages et des portraits, qui lui valent la faveur de Louis XV. Chardin prend pour modèle la peinture hollandaise du XVIIe siècle et la peinture française de Le Nain. La vie de la classe bourgeoise se colore d'une tendresse et d'une chaleur particulières, surtout dans les sujets enfantins (L'enfant au toton), approche qui traduit un engagement moral dans la lignée des Lumières. En 1738, il exécute sa première gravure, tirée de la toile de Berlin représentant la Femme cachetant une lettre. Grâce à ce genre artistique, la réputation de Chardin se répand dans toute l'Europe, ce qui favorise des commandes de l'étranger, comme celle de Louise Ulrike de Suède, sœur de Frédéric de Prusse. Au Salon de 1740, il expose les tableaux intitulés Bénédicité et la Mère laborieuse (Louvre). La Nature Morte du Musée de Francfort, qui marque le retour de l'artiste à la nature morte, remonte à 1748. Le prestige que Chardin s'est acquis entre temps se concrétise dans les importantes charges officielles qu'il recouvre au sein de l'Académie. Le peintre meurt en 1779 dans l'appartement qui lui avait été concédé au Louvre.

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On le définit parfois comme le peintre des choses humbles, car l'œuvre de ce grand maître français représente une exception dans le panorama de la peinture rocaille qui domina en France pendant la première partie du XVIIIe siècle. C'est avec un esprit détaché que Chardin illustre la vie de la moyenne bourgeoisie et représente des atmosphères sereines et des milieux simples. Il s'intéresse en particulier aux compositions harmonieuses où chaque objet joue un rôle essentiel pour l'équilibre d'ensemble. Outre ses représentations d'intérieurs et de scènes de la vie quotidienne, Chardin réalisa de nombreuses natures mortes où il chercha à traduire en peinture les sensations tactiles. Dans ce genre aussi, le maître semble rechercher avant tout l'harmonie de composition et la beauté du rendu pictural. En outre, il élimine toute référence aux allusions symboliques qui caractérisaient les natures mortes des artistes du XVIIe siècle.

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Cette grande nature morte est une œuvre assez connue du peintre français Jean-Siméon Chardin, représentant majeur de la peinture du XVIIIe siècle.

Cet artiste qui, contrairement à la plupart des autres peintres français, ne s'est pas formé à l'Académie Royale de peinture, élabora un style personnel qui partait de l'observation de l'objet réel, refusant toute médiation en mesure d'éloigner le peintre de la réalité.

D'après ses biographes, Chardin affronta presque par hasard le thème de la nature morte, en décidant brusquement de peindre des pièces de gibier qui lui avaient été offertes.

Chardin, qui traduit excellemment dans ses œuvres les atmosphères laborieuses et paisibles de la bourgeoisie française du XVIIIe siècle, affectionne les sujets quotidiens, dont les acteurs sont davantage les enfants que les adultes, les blanchisseuses et les gouvernantes que les dames de la noblesse.

Chardin élabora une technique picturale sophistiquée, en mesure de traduire visuellement les sensations liées au toucher, au goût, à l'odorat.

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Le titre du tableau, la Raie, se rapporte au gros poisson accroché au mur au fond. Le naturalisme avec lequel l'horrible aspect de l'animal a été représenté fut très apprécié de Diderot et de Proust.

Sur la table est étalée une nappe blanche chiffonnée sur laquelle reposent plusieurs objets. A droite figure la vaisselle, tandis que sur la gauche on peut voir d'autres poissons, une carpe et des moules.

La présence d'un être vivant est plutôt insolite dans le contexte d'une nature morte : le petit chat tacheté représenté sur la gauche traduit aussi le maigre intérêt du peintre, et sa relative maladresse lorsqu'il s'agit de représenter des figures en mouvement.
L'animal domestique est vu depuis une certaine distance, de façon à donner la sensation de délicatesse de son poil moelleux sans pour cela le représenter de manière détaillée.

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Ce tableau révèle pleinement les qualités artistiques de Chardin qui, bien que s'attachant à la réalité objective des choses, accordait la plus grande attention à la composition, qu'il étudiait longuement.

Dans ce cas, la composition est monumentale, marquée par un agencement pyramidal donné par la forme de la raie et par les objets figurant en dégradé sur les côtés.

La disposition des objets se fait en fonction d'un choix rigoureux, qui sépare les ustensiles et la vaisselle des figures animales.

L'effet de profondeur est obtenu grâce à la distribution apparemment casuelle des objets sur la table, aboutissant à des effets de virtuosité dans la représentation du couteau en équilibre sur la nappe.

La liberté d'exécution qui transparaît dans ce tableau atteste la précocité de cette œuvre, où prédominent les touches rapides, dans lesquelles la couleur se fragmente au contact de la lumière.

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Ce tableau permit à Chardin d'entrer à l'Académie de peinture, institution à laquelle l'œuvre fut présentée en 1728 en même temps qu'une autre nature morte exécutée la même année et conservée elle aussi au Musée du Louvre, Le Buffet.

La description minutieuse des objets rapproche ces natures mortes des représentations détaillées des peintres flamands, probablement connus de Chardin.

L'abondante production de natures mortes caractérise la période de jeunesse de Chardin, qui reviendra à ce genre de peinture dans les dernières années de sa vie. La période de maturité le verra surtout occupé à illustrer des scènes de genre ayant pour thème les relations familiales et la vie bourgeoise. 

La Raie fut très appréciée des futures générations de peintres, qui s'inspirèrent de l'œuvre de Chardin pour leurs natures mortes. Parmi ses plus célèbres "émules", citons Henri Matisse et Paul Cézanne.

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