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Chaïm Soutine

Chaïm Soutine
(Smilovitchi 1894 - Champigny 1943)

Peintre français d'origine lituanienne. Il s'installa à Paris en 1911, où il connut Modigliani et Chagall. Il commença à peindre en 1915, débutant par une série de natures mortes, puis il découvrit le paysage, source d'émotions angoissantes, mais aussi de brusques élans lyriques. Bien qu'assimilant les ferments de la culture française, il n'adhéra à aucun mouvement. Dans sa peinture, la réalité, perçue dans une dimension atemporelle, est toujours et uniquement l'image tragique d'une vision intérieure.

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Peintre français d’origine russe issu d’une famille juive, Chaïm Soutine fréquenta l’Académie de Vilnius, de 1910 à 1913, après avoir péniblement surmonté l’opposition de sa famille et de la communauté juive. En 1913, il se rendit à Paris où il fréquenta l’atelier du peintre Fernand Cormon à l’Académie des Beaux-Arts. Mais ce furent surtout les œuvres conservées au Musée du Louvre qui attirèrent Soutine : il put notamment y admirer Rembrandt, De Goya et Courbet. En 1915, l’artiste fit la rencontre d’Amedeo Modigliani, avec lequel il tissa une solide amitié qui lui permit de s’insérer dans le monde artistique parisien. Ces années-là, Soutine se met surtout à peindre des natures mortes, comme le prouvent ses compositions conservées respectivement dans une collection privée de New York, de 1914-1915, et dans la collection Granoff à Paris, de 1915-1916, ou encore les Glaïeuls de 1919 (Louvre).
A partir des années 20, l’artiste se rendit à Céret puis à Cagnes où il commença à se consacrer à la peinture de paysages où alternent visions angoissées et interprétations plus lyriques (Arbres déformés, 1921, coll. privée, New York). A partir de 1922, l’influence qu’exercèrent sur l’artiste les peintures de Rembrandt et de De Goya le poussa à représenter diverses versions du thème de la chair de boucherie dans des œuvres caractérisées par un ton fortement expressif et dramatique (Bœufs écorchés, 1925, Musée de Peinture et de Sculpture, Grenoble ; 1926, Art Institute, Chicago).
L’important succès que Chaïm Soutine connut durant sa vie est dû notamment aux nombreux portraits réalisés par Soutine et caractérisés par une enquête psychologique très aiguë. Parmi ceux-ci se trouvent ceux de Maria Lani et de Madelein Casting (Museum of Modern Art, New York, respectivement en 1929 et 1926) et la série des valets et des pâtissiers où le vérisme s’unit à une note d’ironie amère. Alcoolique, malade et tourmenté malgré le succès rencontré, Soutine mourut en 1937 au cours d’une opération chirurgicale.

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Bien qu’inséré dans le bouillonnant climat parisien d’avant-garde, Chaïm Soutine n’adhéra jamais à aucun mouvement, élaborant un langage personnel qui exprime surtout une vision tragique de l’existence humaine. Le seul rapprochement possible est le parallélisme avec les œuvres de Munch, de Kokoschka et des maîtres de l’expressionnisme allemand. Le caractère dramatique des œuvres de Soutine, où le désespoir se teinte parfois d’humour, naît d’une peinture nerveuse, faite de tonalités intenses et profondes, influencées par la tradition figurative des siècles passés, en particulier par les œuvres de Rembrandt et De Goya, du Tintoret et de Courbet. Ses figures efflanquées, son chromatisme violent, sa peinture flasque impressionnèrent les maîtres de l’expressionnisme autrichien et attirèrent l’attention de Francis Bacon. 

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Cette toile est due à Chaïm Soutine, peintre d’origine russe, qui passa toutefois une grande partie de sa vie à Paris. Le sujet représenté, un bœuf écorché, fut plusieurs fois traité par Soutine, obsédé par la nourriture qu’il reproduisait très souvent dans ses tableaux. L’observation attentive de la nature et de la réalité est à la base de la peinture de Soutine, qui peignait surtout des natures mortes et des portraits d’après nature. On raconte que pour peindre ses toiles ayant pour sujet de la viande de boucherie, exécutées des années 20 à 30, le peintre s’était procuré une carcasse de veau qu’il conservait dans son atelier parisien, au grand dam des habitants de l’immeuble.

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Le bœuf écorché est suspendu par les pattes de derrière : sa carcasse rouge se détache sur le fond bleu éclairé par des touches de blanc.

Peinte directement sur la toile, sans suivre un dessin préalable, la figure est élaborée à partir de coups de pinceau épais à l’allure désordonnée qui font apparaître la liberté de facture qui caractérise la manière de Soutine.

Un enchevêtrement de touches de couleurs dessine les viscères de l’animal, tandis que des traits rectilignes servent au peintre pour représenter les côtes.

Soutine insiste sur certains détails, tels que les liens qui attachent les pattes de l’animal, tandis que sa tête, plongée dans la pénombre, est à peine ébauchée.

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La toile est en grande partie occupée par l’image du bœuf, représenté légèrement de biais et en retrait vers la gauche.

La figure présente des contours mouvementés et ondulés qui accentuent la portée dramatique de l’image.

Toute référence à l’espace est absente, mais la profondeur est évoquée par le vide qui s’ouvre au-dessous de la bête.

Soutine fait alterner des touches épaisses de couleur, qui donnent plus de consistance à la matière, avec d’autres plus légères et transparentes, comme celles qui définissent les liens par lesquels l’animal est accroché.

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Le thème du bœuf écorché avait une tradition consolidée dans la peinture du XVIIe siècle, et figurait aussi bien dans des œuvres de peintres italiens, comme les Carrache, que de peintres flamands. Parmi ses différents exemples, rappelons l’impressionnant tableau de Rembrandt, un des maîtres vers lesquels Soutine s’est tourné avec intérêt au cours de sa formation artistique.

En effet, arrivé à Paris, Soutine manifesta une grande curiosité pour certains artistes du passé qui inspirèrent sa manière libre et dégagée. Outre Rembrandt, c’est Francisco de Goya qui constitua une de ses plus importantes sources d’inspiration.

Toutefois, la passion pour les natures mortes manifestée par Soutine le rapproche également de Chardin, célèbre peintre français du XVIIIe siècle, qui se fit le promoteur d’une peinture légère, à base de glacis et de touches menues.

Parmi ses contemporains, l’amitié avec Amedeo Modigliani, qui lui aussi peignit presque uniquement des natures mortes et des portraits, eut une influence remarquable sur Soutine.


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