Centaures

Le Thessalien Ixion, fils d’Arès le roi des Lapithes, étant tombé amoureux d’Héra, avait cru s’unir à la déesse. En réalité, Zeus avait envoyé auprès de lui une nuée façonnée à la ressemblance de son épouse, et de cet accouplement naquirent des créatures hybrides, chevaux à buste humain muni de bras: les centaures. Les centaures séjournent dans les bois des monts Pélion et Ossa, et leurs mœurs sont réputées sauvages. On les voit figurer dans les cortège de Dionysos. La légende leur attribue de nombreux méfaits. En particulier, quand Pirithoos, fils d’Ixion, se maria, il invita ses monstrueux parents au banquet, mais ceux-ci, pris de boisson, prétendirent violenter la fiancée: une rixe épouvantable s’ensuivit et la plus meurtrière des batailles opposa centaures et Lapithes. Ceux-ci finalement l’emportèrent, grâce au courage de Pirithoos et de son ami Thésée, et ils chassèrent les centaures de Thessalie. Les Anciens avaient coutume de mettre à part deux centaures à qui la tradition attribue une origine différente et qui sont renommés pour leur bonté et leur sagesse: Pholos, fils de Silène, dont Héraclès apprécia l’hospitalité, et surtout Chiron, fils de Cronos, bienfaisant et omniscient. Le mot de centaure (qui signifie: piqueur de taureaux) permet sans doute de saisir l’origine du mythe: des bouviers à cheval (que rappellent les gardians de Camargue) intriguèrent vraisemblablement les voyageurs parcourant la Thessalie, lesquels créèrent la légende de ces êtres mi-hommes mi-chevaux. Les centaures ont inspiré maint peintre, maint sculpteur, des plus anciens à Michel-Ange (peintures de vases, Florence, galerie Buona-rotti) et à Bourdelle (Centaure mourant Paris, musée du Luxembourg). Le poète Maurice de Guérin a consacré au Centaure un poème en prose de caractère panthéiste (1840).