Devoir de Philosophie

Canaletto

Canaletto, Giovanni Antonio Canal, dit (Venise, 1697-1768)

Il accomplit une période d'apprentissage en tant que décorateur de théâtre sous la direction de son père, mais il décide bien vite de se consacrer à la peinture. Il commence à peindre des paysages de fantaisie avec des ruines classiques, puis il peint des vues authentiques (sur le modèle de Carlevarijs et van Wittel), qui lui valent immédiatement un très grand succès auprès d'un public international. Ses premières vues, Le Grand Canal vers le Rialto et le Rio dei Mendicanti (Milan, coll. M. Crespi), le Campo dei Santi Giovanni e Paolo (Dresde, Pin.), l'Eglise de la Charité vue de la marbrerie de San Vitale (Londres, Nat. Gall.), sont caractérisées par des contrastes marqués du clair-obscur et par un solide agencement de la perspective, qui révèle sa formation de décorateur de théâtre. Canaletto approfondit davantage l'étude de la lumière naturelle et des valeurs atmosphériques, en créant des décors vastes et clairs, baignant dans une lumière diffuse, comme dans ses représentations du Grand Canal, des "campi" (places) de Venise et des villages de l'arrière-pays de la lagune ou le long du Brenta. Pour l'illustre collectionneur anglais Joseph Smith, directeur du consulat britannique à Venise, il peint six grandes vues de la place Saint-Marc et de la Piazzetta (1727-28, Château de Windsor), douze petites vues du Grand Canal (1729-34, Château de Windsor) et enfin le recueil de trente et une eaux-fortes représentant des vues de la lagune, des rives du Brenta et de Padoue, exécutées vers 1740. A partir de 1746, Canaletto s'établit à Londres où il peint encore des vues, cette fois de la Tamise et de la campagne anglaise : La Tamise et Whitehall vus de la terrasse de Richmond House (Soodwood, coll. duc de Richmond), Badminton House (Coll. duc de Beaufort), Wannin Castle (Coll. Carl of Warwick) et Northumberland House.

[808]
Canaletto est le représentant vénitien le plus connu du védutisme, genre pictural qui s'affirma au XVIIIe siècle sous l'influence du rationnalisme du Siècle des Lumières. Les œuvres de Canaletto furent très appréciées par les visiteurs étrangers qui venaient en Italie, car le Grand Tour était à la mode. L'artiste propose des vues extrêmement suggestives et très célèbres de la ville de Venise. Les monuments s'y mêlent à la vie quotidienne, ce qui donne des résultats pittoresques et agréables. Ce peintre analyse la réalité avec un esprit quasi scientifique et recourt à l'usage d'instruments d'optique, telle la chambre noire. Ses œuvres se caractérisent généralement par une gamme chromatique claire et lumineuse. Elles attestent, enfin, combien le maître était attentif au rendu de l'atmosphère qu'il fait varier suivant la lumière.

[608]
Cette peinture est un des nombreux tableaux réalisés par Giovanni Antonio Canal et qui ont pour thème des vues suggestives et scénographiques de Venise, patrie de ce peintre mieux connu sous le nom de Canaletto.

Ce genre pictural, connu sous le nom de "védutisme", connut une importante diffusion dans la peinture italienne du XVIIIe siècle, car il correspondait au goût des commanditaires locaux et surtout des nombreux visiteurs étrangers qui retrouvaient dans ces tableaux les atmosphères pittoresques qu'ils avaient rencontrées au cours de leurs voyages en Italie.

Dans ses premières œuvres, Canaletto recourt à des tonalités sombres et contrastées, qu'il doit à sa fréquentation avec Carlevarijs. Plus tard, il s'appuiera en revanche sur une palette plus claire et lumineuse, qui marque probablement son adaptation au goût de ses commanditaires étrangers, surtout anglais.

[508]
Ce tableau représente une des vues les plus connues du Grand Canal de Venise.

A l'arrière-plan s'élève majestueux le palais des Doges, dont les formes gothiques et le revêtement de marbre rose se reflètent dans l'eau.

Derrière le palais des Doges s'ouvre la place Saint-Marc, reconnaissable à la basilique qui se révèle aux yeux du spectateur.

La statue de l'évangéliste, saint patron de la ville, et celle du lion, symbole de saint Marc dans l'Apocalypse, et emblème de la République de Venise, se détachent au sommet de la colonne qui accueillait les voyageurs au moment de leur arrivée dans la ville.

La représentation détaillée et objective des édifices est animée par la présence au premier plan de nombreuses barques et gondoles sur lesquelles s'affairent les mariniers, vêtus d'habits bariolés et pittoresques.

La lumière chaude et dorée qui imprègne le tableau se combine avec les couleurs pour estomper les formes et les volumes.

[408]
L'ampleur de la composition apparaît comme une évolution naturelle de l'activité d'auteur de décors exercée par Canaletto dans les premières années de son activité.

L'angle de vue est légèrement déplacé sur la gauche, ce qui permet à l'artiste de représenter en un seul encadrement la place Saint-Marc et le palais des Doges, situés en fait l'un derrière l'autre.

Les palais donnant sur le canal sont alignés sur une diagonale qui donne plus de profondeur à l'image.

Les bâtiments sont représentés en vertu des lois de la perspective, marquées également par les contrastes d'ombre et de lumière.

L'impression d'éloignement provient également des différences de dimensions entre les constructions de l'arrière-plan et les barques du premier plan.

[308]
Canaletto a peint de très nombreuses vues de Venise. Il représenta les monuments les plus connus et admirés des voyageurs, qui pouvaient, grâce à ces toiles, ramener dans leurs demeures un souvenir de la ville sur la lagune.

Le genre du "védutisme" fut très répandu en Italie, et en particulier à Venise. Parmi ses principaux représentants, rappelons Francesco Guardi et Bernardo Bellotto, neveu de Canaletto.

Gaspard van Wittel, peintre et architecte appartenant à la génération précédente et qui opéra longtemps en Italie, connut lui aussi un grand succès pour ce type de sujets.

La recherche de commandes plus nombreuses et prestigieuses poussa Canaletto à se rendre en Angleterre, où résidaient la plupart des acheteurs intéressés à ses œuvres. 

Mais le voyage n'aboutit pas aux résultats espérés, en partie parce que dans son activité plus tardive, le peintre travaillait de façon plus hâtive et moins soignée, donnant lieu à des œuvres qui ne connurent pas la faveur du public.

Liens utiles