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Botticelli, Sandro Filipepi, dit (Florence, 1445 - 1510)



Les débuts de l'activité de peintre de Sandro Botticelli sont liés au prestigieux atelier de Filippo Lippi ; dès 1467 il fréquente celui d'Andrea Verrocchio, où se forment les peintres les plus féconds de la nouvelle génération de la Renaissance florentine. La longue carrière de l'artiste se caractérise par son lien constant avec les commandes de la famille Médicis : c'est pour Julien qu'il peint un étendard destiné à la joute de 1475, célébrée par le poète Agnolo Poliziano, mais c'est surtout au climat humaniste raffiné qui s'est créé autour de Laurent le Magnifique, que le peintre doit son inspiration. C'est de ces années-là que datent la série de très beaux portraits (de Julien de Médicis, de l'Homme à la médaille, etc.) ainsi que l'Adoration des Mages du Musée des Offices, dans lequel figurent certains représentants de la famille Médicis. En 1478, ces mêmes commanditaires lui demandent de peindre le Printemps, oeuvre à l'iconographie raffinée liée à la culture de la cour florentine. En 1481, Botticelli se rend à Rome pour participer à la réalisation des fresques de la chapelle Sixtine ; il y peint trois épisodes représentant Moïse et les filles de Jéthro, la punition de Coré et La tentation du Christ, ainsi que plusieurs figures de papes. Avec cette oeuvre, l'artiste connaît sa phase la plus classique et aboutit à un équilibre parfait entre inspiration naturaliste et tendance à l'abstraction des formes. On retrouve ce même équilibre dans des oeuvres postérieures à 1480, comme l'Adoration des Mages de Washington ou la Madone au livre (Milan, Musée Poldi Pezzoli). La Naissance de Vénus (Florence, Offices) révèle, par contre, un rythme plus tendu, une nouvelle recherche expressive parallèle à la profonde imprégnation religieuse du peintre. Cette inquiétude croissante est en rapport avec le déclin des certitudes humanistes, qui s'exprime chez Botticelli dans le retable de Saint-Marc (vers 1490), à l'agencement complexe, ou dans la Calomnie, postérieure (tous deux à Florence, Offices). Par le rythme brisé de ses lignes et son symbolisme complexe, cette dernière oeuvre reflète le sentiment d'exclusion qui, vers la fin de sa carrière, isole Botticelli de la culture de son époque.

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Sandro Botticelli est sans doute l'un des peintres les plus célèbres de la Renaissance florentine. Il est particulièrement apprécié de nos jours pour la beauté et la grâce de ses figures féminines. Sa formation dans l'atelier de Filippo Lippi le porta à choisir un langage formel où prévaut la linéarité vive et sinueuse, caractérisant également le style d'autres peintres de la fin du XVe siècle tels les frères Antonio et Piero Pollaiolo. Tout en se basant sur l'observation de la nature, Botticelli élabore un style recherché et noble très apprécié par les commettants florentins cultivés. Il réussit de la sorte à traduire en images des concepts très élaborés souvent inspirés de la mythologie et de la littérature de l'époque classique. Le maître fut ensuite un disciple du paupérisme du frère dominicain Savonarole (condamné au bûcher en 1498) et renia alors les thèmes païens et les fastes de ses œuvres de jeunesse pour se consacrer entièrement, dans ses dernières années, à des thèmes religieux très dramatiques.

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La Madone du Magnificat fut peinte par Sandro Botticelli vers 1485, à un moment où la renommée du peintre était à son apogée et où les plus importantes familles florentines se le disputaient, en premier lieu les Médicis.

La forme circulaire de ce tableau sacré indique qu'il n'était pas destiné à une église, mais qu'il irait enrichir la demeure d'une importante famille de la ville.

Le sujet religieux est repris par Botticelli avec des accents laïques et aristocratiques, très appréciés des commettants.

Formé dans l'atelier de Filippo Lippi, le peintre crée des figures gracieuses et enjouées, expression d'une beauté idéale qui correspondait bien au désir des hommes de la Renaissance de retrouver l'harmonie de l'Antiquité.

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En vertu d'une tradition iconographique consolidée, la Vierge est représentée comme une reine. La couronne est portée par deux anges qui déposent le diadème sur sa tête recouverte de voiles transparents et d'étoffes précieuses reflétant la mode de la fin du XVe siècle.

Le thème sacré se colore de notations laïques et aristocratiques notamment dans la coiffure de la Vierge, riche et compliquée, montrant les blonds cheveux tressés avec l'écharpe nouée sur sa poitrine.

L'association de l'image de la Vierge à celle d'une dame de la noblesse est suggérée également par l'attitude qui la décrit tandis qu'elle écrit les paroles du Magnificat sur un livre de parchemin.

C'est à ce geste que le tableau doit son titre.

L'intimité de la composition provient du regard de l'Enfant Jésus qui observe sa mère, tandis que dans sa main gauche il tient une grenade, symbole traditionnel de la mort et de la résurrection.

Deux anges, vêtus comme de jeunes princes, soutiennent le livre et l'encrier.

L'intérêt pour la représentation du paysage, stimulé par l'arrivée à Florence de nombreux tableaux de peintres flamands. transparaît dans la représentation d'une vue champêtre dans le lointain.

Le paysage est vu comme à travers une fenêtre, visible en haut, et dont la forme circulaire rappelle celle d'une église.

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La forme circulaire du tableau conditionne la position des figures de la Vierge et des Anges, qui accompagnent la ligne du cadre.

La profondeur de la scène est délimitée par le cadre de pierre de la fenêtre représentée dans la partie supérieure, elle aussi de forme circulaire, et qui écrase les figures du premier plan.

Le peintre a mis en évidence la profondeur de l'embrasure en pietra serena, en laissant la face intérieure dans l'ombre.

Au lieu de pénétrer vers l'intérieur, les figures ont l'air de vouloir sortir de la surface du tableau, comme si l'image était reflétée dans un miroir convexe.

L'impression d'ampleur est donnée par le paysage représenté dans le lointain et par la position des deux anges qui tiennent le livre, placés le long d'une diagonale idéale.

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La Madone du Magnificat est un des nombreux tableaux que Botticelli peignit pour la dévotion privée de ses riches commanditaires.

Ce tableau amplifie une invention de Filippo Lippi, qui avait lui aussi proposé une interprétation laïque de ce thème sacré dans le tableau du Musée des Offices connu comme Madone au livre.

L'humanité solennelle qui connote le "tondo" des Offices est encore plus marquée dans l'autre "tondo" du musée florentin, la Vierge à la grenade, où toute référence au paysage disparaît et où l'espace ne se dessine qu'à travers les masses des corps des personnages.


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