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Bellini, Giovanni (Venise, vers 1432 - 1516)

Fils du peintre Jacopo, Giovanni Bellini commence son activité dans l'atelier de son père, en même temps que son frère Gentile. Dans ses tableaux de jeunesse, jusque vers 1460, Giovanni s'exprime encore dans la manière du gothique tardif de son père, mais bien vite, l'influence de son beau-frère Andrea Mantegna se fait sentir, en particulier dans des œuvres comme la Transfiguration (Venise, Musée Correr) ou la Crucifixion du musée de Pesaro. Mais la peinture de Bellini se démarque de celle, plus épique, de Mantegna, par le rapport étroit entre les figures et le paysage, par une plus grande douceur dans les tons et dans les passages chromatiques ; nous retrouvons ces éléments dans la Pietà (Milan, Brera), et dans le Polyptyque de saint Vincent Ferrier (Venise, église de Saint-Jean-Saint-Paul), œuvres dans lesquelles l'artiste atteint une pleine maturité artistique. Au début des années 70, Bellini exécute le retable de Pesaro, montrant le Couronnement de la Vierge, qui par son ordonnancement grandiose et limpide dénote sa connaissance de Piero della Francesca et ses contacts avec les maîtres flamands de son époque. Ces connaissances conditionnent également des œuvres ultérieures telles que la Transfiguration de Naples ou le Saint Jérôme (Florence, palais Pitti), jusqu'aux compositions solennelles du Retable de saint Job (Venise, galerie de l'Académie) et du Triptyque des Frari à Venise, datant de 1488. Pour Bellini, le contact avec la peinture d'Antonello de Messine, à Venise, entre 1474 et 1476, revêt une importance particulière. Il instaure avec ce dernier un rapport d'influence réciproque : le Sicilien prend connaissance des grands retables vénitiens, tandis que Bellini affine sa sensibilité dans la perception de la lumière et le rendu de ses portraits, parmi lesquels on peut rappeler celui de Jacopo Marcello (Washington, National Gallery). Au cours des premières années du XVIe siècle, l'art de Bellini connaît un profond renouvellement : il n'hésite pas à accepter le défi lancé par la nouvelle génération, celle de Giorgione et du jeune Titien. On peut en effet relever dans le Retable de saint Zacharie un exceptionnel équilibre formel et une richesse chromatique qui semble vouloir rivaliser avec le retable réalisé par Giorgione pour la cathédrale de Castelfranco. Dans ses dernières années, Bellini reprend avec des approches nouvelles le thème de la Vierge à l'Enfant de 1510 (Milan, Brera), mais sa production prévoit aussi des sujets profanes ou mythologiques, comme la Fête des dieux (Washington, National Gallery), tableau dans lequel il exploite au maximum le point de départ narratif pour donner le plus de relief possible au paysage atmosphérique. Au cours de sa longue carrière, Bellini obéit avec cohérence à des valeurs formelles précises, tout en manifestant une grande disponibilité à la confrontation avec ses contemporains ; il apparaît donc comme le véritable chef de file de la Renaissance vénitienne.


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Les valeurs de la tradition artistique vénitienne, c'est-à-dire le sens de la couleur et la spiritualité byzantine, ont toujours marqué les œuvres de Giovanni Bellini qui sut, toutefois, traduire ces caractères en un langage moderne. De son beau-frère, Andrea Mantegna, il apprit à maîtriser parfaitement la perspective. Tandis que la connaissance des œuvres des peintres flamands l'orienta vers la peinture de paysage et, dans ce domaine, il élabora une nouvelle typologie iconographique qui consistait à insérer des groupes sacrés dans des paysages sereins où l'humanité et la nature vivent en harmonie. Bellini s'exprime principalement à travers la couleur et la lumière et possède une sensibilité chromatique exceptionnelle qui sera imitée par tous les peintres vénitiens entre le XVe et le XVIe siècle.

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Ce tableau, connu sous le nom de retable de Saint Zaccharie, est une des œuvres les plus connues de Giovanni Bellini, illustre peintre vénitien de la Renaissance.

La douceur de ses personnages, l'harmonie des couleurs et de la lumière dominant dans ses compositions, en font un des principaux représentants du renouveau de la peinture vénitienne, basé essentiellement sur la lumière et la couleur.

Membre d'une célèbre famille de peintres, cet artiste fut très apprécié de ses contemporains, et reçut des commandes importantes, même en dehors de sa terre natale.

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Ce tableau fut exécuté en 1505 pour l'église vénitienne de Saint Zaccharie.

Le sujet habituel de la Vierge à l'Enfant est situé dans une grande niche décorée de mosaïques, qui rappelle l'abside d'une église.

Sur les degrés du trône est assis un ange musicien, tandis que sur les côtés sont représentés les quatre saints : on peut reconnaître saint Zaccharie, à qui l'église est consacrée, dans le personnage drapé dans un riche habit rouge, absorbé dans la lecture d'un livre.

Les autres saints sont Lucie, à côté de Zaccharie, Pierre et Catherine d'Alexandrie de l'autre côté.

Le sens très marqué du coloris qui caractérise Giovanni Bellini transparaît dans les associations de couleurs, parmi lesquelles prédomine le bleu intense du vêtement de la Vierge.

La lumière naturelle diffuse, provenant de la droite, éclaire les personnages et l'architecture.

En vertu d'une évolution iconographique introduite par Giorgione, la Conversation Sacrée s'ouvre sur un paysage que l'on devine d'après les feuillages et le ciel bleu qu'on entrevoit sur les côtés.

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La composition est symétrique : le tableau est divisé en deux parties égales par une droite verticale indiquée par la lampe suspendue devant la cuvette décorée de mosaïques.

La forme circulaire de l'abside est reprise dans l'ordonnancement des figures autour du trône, avec les deux saints placés en avant et les deux saintes plus en retrait des deux côtés du trône.

Le grand arc encadrant l'abside se répète des deux côtés de la structure architecturale, représentée dans une perspective centrale.

L'impression de profondeur dérive également de la géométrie des couleurs sur le sol en damier, qui permet de discerner clairement l'agencement de la perspective.

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Piero della Francesca avait déjà représenté la Vierge en majesté dans une grande structure architecturale, dans le retable de la Pinacothèque de Brera.

Mais le tableau de Saint Zaccharie semble également s'inspirer de l'invention proposée par Giorgione dans le retable de la cathédrale de Castelfranco Veneto.

Le retable de Saint Zaccharie, qui représente des personnages au sein d'une architecture figurant à son tour dans un paysage, marque donc une transition entre la typologie proposée par Piero della Francesca et celle conçue par Giorgione.

Dans ce parcours, le Triptyque de l'église des Frari constitue une étape plus ancienne, tandis que la Vierge à la prairie de Londres, dont les figures sont distribuées avec grâce dans un paysage verdoyant, expression de l'harmonie entre l'homme et la nature, représente au contraire un aboutissement.

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