BÂTON (symbole)
le soutien, la défense, le guide, le pouvoir
Dans les sociétés primitives, le bâton court, la canne et le pilon (cylindre de bois) furent les symboles de l’activité et de la personne humaine, figurant dans les cérémonies, l’action passée (en rapport avec un ancêtre), actuelle (adulte actif) ou future (associé au nouveau-né) et par extension, le pouvoir (parfois posthume) de l’individu concerné (136-34). D’où une collection de bâtons: le bâton augurai des Romains, le bâton de laurier des chanteurs d’épopées, celui des bâtonniers, des diplomates, des maréchaux, des chefs d’orchestre, les crosses et les sceptres de toutes les époques et de tous les pays, représentant tous un aspect de l’activité.
• Les Egyptiens ajoutaient à l’idée de pouvoir celle de modération : le pedum (bâton augurai) et le fouet entre les genoux du pharaon, accompagnaient les emblèmes de la royauté comme signes modérateurs.
• Le bâton (ou sceptre), symbole de l’autorité et du pouvoir temporel et spirituel, dans la main des dieux, des rois et des chefs reflète également leur fonction de guides spirituels.
La crosse de l’évêque, réplique du sceptre du pharaon, sert à guider magiquement les hommes sur la voie de Dieu (80) et trouve un prolongement dans la canne du Compagnon. Incarnation du maître qui guide les pas du futur initié, elle rythme la marche sur le sentier étroit de la Connaissance. Ses dimensions, sa forme, sa flexibilité correspondent à des mesures sacrées.
• Cet insigne du pouvoir est avant tout un instrument magique investi d’un pouvoir occulte, un réservoir de puissance, de mana qu’il transmet par contact ou par les effluves s’échappant de sa pointe: baguette de Moïse, des fées, des sorcières qui le chevauchent, le bâton du pèlerin et du pasteur, descendant de la crosse, des cannes des Maîtres d’œuvre des bâtisseurs des cathédrales, dont la fonction est de condenser les forces cosmiques.
• Une idée d’ascension s’attache au bâton rouge des taoïstes qui porte 7 à 9 nœuds correspondant aux degrés d’initiation et aux orifices internes qu’il faut ouvrir après la mort, avant de parvenir à monter au ciel.
• Le bâton et ses dérivés (pilier, glaive, flèche, obélisque, phallus, sceptre) étaient regardés comme les attributs de la divinité solaire créatrice, les symboles du père, père éternel lorsqu’il est question de la fécondation de la terre par les radiations solaires, père humain lorsqu’ils se rapportent à la génération. Ce sont des symboles phalliques, incarnant la force et la puissance virile.
• Autre bâton magique, la canne du Jizô japonais (dieu du panthéon bouddhique), le Shakujô, en sanskrit Khalkara et en tibétain hkhargsil, de la taille de celui qui la porte, dont l’essence vitale réside dans sa tête en forme d’anneau coupé en deux et toujours en fer.
Cette canne qui a la voix est l’un des 16 objets indispensables à l’équipement du bonze-magicien qui, en la plantant en terre, la transforme en rempart magique (19-214).
Au Japon, on attribue une importance considérable à ce sceptre plat en bois porté par les prêtres, dont l’usage est réglé par un rituel rigoureux : tenir le shaku est en soi une purification et le prêtre en est transformé. Le shaku serait la représentation du macrocosme et du microcosme : sa partie supérieure symbolise le ciel et la tête de l’homme; la partie inférieure, la terre et le pied de l’homme. (77-230).
• Au centre du Caducée, le bâton figure comme axe du monde-axe de vie, évocation de sushumnâ tantrique, colonne vertébrale autour de laquelle circulent les deux courants opposés (les serpents du caducée) de l’énergie cosmique et, sur le plan humain de l’énergie vitale, soutien de l’activité sensorielle, affective et intellectuelle de la psyché.
• Le bâton enfoncé dans le sol évoque des idées de stabilité, de sécurité matérielle, de conservation de la vigueur physique et de vitalité érotico-sexuelle : pieux, chevilles, poteau de la case, perche des sociétés traditionnelles.
• Associé au cercle, le bâton forme des symboles couplés, emblèmes de la génération : phallus-cteis (organe féminin), lingam-yoni, glaive et bouclier, sceptre-couronne attributs du pouvoir royal autrefois divinisé, crosse-tonsure, flûte-tambourin, accessoires sacrés du mystère d’Attis suspendus au pin substitut du dieu, colonne-voûte.
• L’aspect négatif du symbole est figuré par les bastons médiévaux: armes de guerre, arquebuse, pertuisane, pique... et par la canne romaine qui fut un symbole de vengeance et de brutalité et qui, jusqu’au Moyen Age, servit d’instrument de correction, notamment sur le Pont-Neuf. Certaines de ses victimes sont célèbres: Malherbe, Molière, Racine, Boileau, J.-J. Rousseau, Voltaire, etc. malgré leur génie !
• Le symbolisme héraldique utilise le bâton-massue pour représenter les forces instinctives et sauvages que l’homme doit domestiquer.
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