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Antonello de Messine (Messine, vers 1430 - Venise, 1479)



La formation initiale d'Antonello de Messine se déroule à Naples vers 1450, dans l'atelier de Colantonio, et en contact avec une culture ouverte aux expériences flamandes, espagnoles et provençales. Ses premiers ouvrages, comme la Madone Salting (Londres, National Gallery) et la Crucifixion (Bucarest, Musée), sont caractérisés par un solide agencement de l'espace, qui est le fruit d'un intérêt précoce pour l'art de l'Italie Centrale. C'est ainsi que s'opère dans son oeuvre une synthèse entre le sens de l'espace des Italiens et l'acuité de la vision des Flamands, qui la situe au même plan que les expériences de Piero della Francesca et de Jean Fouquet ; de cette conjonction naissent les oeuvres des années soixante, comme le Portrait d'homme de Cefalù et deux petits tableaux du Musée de Reggio de Calabria, tandis que l'Annonciation de Munich vient peu de temps après. A part d'autres voyages que la critique lui attribue, Antonello a sans aucun doute séjourné à Venise entre 1474 et 1476. Il y a exécuté certains chefs-d'oeuvre comme le retable de San Cassiano, le Saint Sébastien de Dresde ou le Saint Jérôme (Londres, National Gallery) : la splendeur lumineuse de la couleur s'y enrichit d'une douceur chromatique empruntée à Giovanni Bellini.

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Pendant ses années de formation, Antonello da Messina fréquenta probablement l'atelier de Colantonio à Naples. Mais sa culture méridionale est imprégnée d'influences nordiques, car les œuvres des Flandres, de la Bourgogne et de la Provence circulaient alors en Italie du Sud. Cette connaissance des maîtres du nord de l'Europe lui enseigna l'observation attentive de la réalité que l'on trouve par exemple dans les portraits de personnages représentés de trois-quarts, ce qui n'avait pas encore été pratiqué dans l'art italien. L'influence des Flandres et de la Bourgogne a également conditionné son intérêt pour la représentation du paysage et pour son attention à la lumière. L'usage de règles de perspective rigoureuses et la définition concrète des volumes révèlent, d'autre part, une bonne connaissance de la peinture de Piero della Francesca à laquelle il eut l'occasion de se confronter lors de ses déplacements de la Sicile sur le continent. Entre 1474 et 1476, Antonello da Messina séjourna à Venise, ce qui eut un profond impact sur l'évolution de la peinture vénitienne de la Renaissance.

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Cette œuvre est un des rares tableaux d'Antonello da Messina, peintre sicilien, admirable représentant de l'art de la Renaissance.

Elle fut probablement exécutée vers 1475, lorsque l'artiste se trouvait à Venise.

Cet artiste, qui opéra longtemps dans l'Italie du Nord, sut interpréter l'idéal de perfection classique cultivé à la Renaissance, avec une propension particulière pour la représentation de la nature qui lui vient de sa connaissance des peintres flamands.

Promoteur des formes de représentation de la perspective et de l'espace typiques de la peinture renaissante, Antonello da Messina sut accorder une place importante dans ses œuvres à la lumière et à la représentation du paysage

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Le tableau représente le Christ mort, offert à la contemplation du spectateur par l'ange qui soutient son corps alourdi par la mort.

Il s'agit d'une iconographie de type nordique, connue en Italie à travers les nombreuses gravures qui influencèrent les artistes de la Renaissance.

Le corps du Christ est représenté avec une grand naturalisme, que traduisent aussi bien son flanc ensanglanté que son visage souffrant.

Au visage de Jésus, fortement caractérisé, s'oppose la beauté idéalisée de la figure de l'ange.

La scène a comme toile de fond un paysage. Dans la partie la plus proche du spectateur, des troncs secs et des crânes symbolisent la mort.

A l'opposé, le paysage verdoyant de l'arrière-plan évoque la résurrection.

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La composition s'agence en fonction d'une diagonale qui descend de la tête du Christ jusqu'à l'extrémité du bras droit.

Cette même direction est marquée aussi par le corps du Christ, légèrement en retrait, et qui souligne la profondeur de la composition.

Les deux personnages dominent la scène et le paysage à l'arrière-plan, représenté en bas.

La ligne de l'horizon partage la composition en deux parties égales.

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Le thème du Christ mort, ou Pietà, fut largement répandu dans la peinture vénitienne et plusieurs fois représenté également par Giovanni Bellini.

Le naturalisme qui caractérise le visage du Christ et l'attention accordée au paysage dénotent l'adhésion d'Antonello da Messina aux modèles de la peinture flamande, connue du peintre grâce aux nombreuses œuvres circulant en Italie, ou peut-être par connaissance directe à la suite d'un voyage possible dans les Flandres

Les nombreux portraits exécutés par cet artiste tout au long de sa vie dénotent son attention constante pour la représentation de la nature.


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