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ANDROGYNE (symbole)

ANDROGYNE
le mystère de la création, l'unité primordiale
La plus ancienne représentation de l’androgynie fut le menhir voisinant un bloc arrondi, couple de pierres brutes figurant à la fois l’instant de la naissance du soleil nouveau ou solstice d'hiver, l’homme et la femme et, par extension, la force, le principe viril actif d’une part et la matière, principe féminin passif et générateur, d’autre part. Symboles qui ont survécu dans le lingam et le yoni hindous.
Par la suite, on imagina un grand nombre de figures possédant les organes des deux sexes, comme le prouvent les anciennes sculptures : dieux et déesses des solstices à deux têtes regardant dans des directions opposées, ou les histoires de femmes à barbe... On en vint même à vêtir les prêtres d'habits féminins. Toutes ces représentations symbolisent la matière organisée, aux temps primordiaux, au moment où, délivrée du chaos, elle n 'était pas encore pénétrée de l'essence éthérée du Créateur, donc pas encore différenciée.

• L’androgyne est le symbole du mystère de la création, l’illustration anthropomorphique de l’œuf cosmique, origine de la vie dans l’univers, qui ouvre le cycle cosmogonique: An (le Ciel) et Enlil(la Terre) des Sumériens ; Izanagi et Izanami des Japonais confondus dans l’œuf cosmique; en Egypte, Ptah; en Chine, Fouhi et Niou-ka unis par leurs queues de serpent ; Shiva en Inde, enlaçant étroitement Shakti, sa propre énergie conçue comme une femme, pour ne former qu’un, identification du principe informel de la manifestation ; l’Hermaphrodite grec ; Eros, le dieu de l’amour; le Verbe fait chair, présenté par la Kabbale et les écrits des gnostiques chrétiens du Ile siècle comme un être androgyne ; Adam créé à l’image de Dieu, donc bissexué, qui devient Adam et Eve. Ce passage de l'élément féminin en une forme différente symbolise le commencement de la chute de l'état de perfection dans la dualité. De cette androgynie primordiale il découle que la femme est le complément de l’homme (le mariage ne serait, selon Platon, qu’une tentative de reconstituer cette unité androgynique à jamais perdue). Elle est aussi son devenir, car elle assure la continuité de sa lignée.

• L’androgynie figure aussi la dualité fondamentale répandue dans toute la nature, exprimée par le Taï-ki de la philosophie chinoise. Dualité et totalité, elle représente l’alpha et l’oméga, le début et la fin des temps, la naissance et la mort qui produit l’unité originelle, l’homme réintégrant alors une plénitude impliquant l’abolition de la séparation des sexes. Ces croyances anciennes, qui rejoignent les découvertes de la biologie sur la bipolarisation de l’être humain, expliquent les rites de circoncision et d’excision, visant à établir le sexe de façon définitive (chez la femme, le clitoris étant considéré comme la survivance du pénis et chez l’homme, le prépuce, une survivance féminine).

• En dehors des divinités, le dogme de l’androgynie trouva un large champ d’application: le bronze, composé de cuivre (élément féminin) et d’étain (élément mâle) était regardé comme un androgyne et utilisé dans la magie purificatrice : dans la Rome antique, on ne pouvait couper la chevelure du grand-prêtre de Jupiter qu’avec un couteau de bronze, les prêtres romains n’utilisaient que des rasoirs de bronze, c’est avec une charrue de bronze que les Etrusques traçaient les limites de toute nouvelle cité.