Sociologie des masculinités avec le cas de Ben Nevert (Raywen Conell)
Publié le 04/12/2023
Extrait du document
«
Sociologie des masculinités
RAEWYN CONNELL qui dans les années 90 a écrit un livre essentiel qui
s’appelle Masculinities
Le patriarcat est un système qui repose d’abord sur une
hiérarchie entre les hommes et les femmes, mais que ce
système a besoin pour se maintenir de aussi de hiérarchiser les
hommes.
Autrement dit, pour que les hommes puissent dominer
les femmes, il faut forcément distinguer plusieurs types d’hommes
qui n’auront pas la même valeur dans le système patriarcal.
MAIS cette hiérarchie est autrement plus complexe.
À son sommet on y trouve quelque chose qu’elle appelle la
masculinité hégémonique.
Et cette masculinité ce n’est pas un type
de personnalité.
C’est pas ce qu’on appelle la masculinité toxique, même si ça peut y
ressembler.
C’est pour ça que CONNELL rejette cette notion en
interview :
Car la masculinité hégémonique ce n’est pas un caractère mais une
situation : c’est une position de domination dans l’ordre social du
genre.
Et si ça peut passer par une forme de virilité physique ou morale, ça
peut aussi par passer autre chose, car c’est avant tout un truc
relationnel.
La masculinité hégémonique c’est une place dans
une structure de pouvoir.
C’est d’ailleurs c’est pour ça qu’elle parle d’hégémonie.
Car
l’hégémonie c’est un concept qu’elle reprend à GRAMSCI et qui
désigne en fait toutes les choses qui permettent de légitimer
l’ordre établi.
Et du coup forcément l’hégémonie masculine ça dépend de
comment est structuré notre société, des rapports de force entre les
gens à un moment donné.
Et par exemple ce que voit très bien CONNELL dans nos sociétés, c’est
que la masculinité hégémonique se définit notamment contre ce
qu’elle appelle des masculinités marginalisées.
Des masculinités qui sont celles des hommes qui subissent du
racisme et des hommes des classes populaires.
En gros des hommes qui se situent en bas de la hiérarchie sociale.
Et dans leur cas la virilité n’est pas qu’un avantage, c’est aussi
quelque chose
qui les marginalise.
C’est ce qui ressort très bien par exemple dans
les clichés racistes autour des hommes
noirs, qui sont perçu comme particulièrement virils et du coup sont
considérés comme particulièrement dangereux ou particulièrement
attirant sexuellement.
Et c’est cette hypervirilité, cette dangerosité à laquelle ils sont
renvoyés qui explique que pas mal d’hommes noirs apprennent dès
tout petit à faire en sorte d’apparaître comme inoffensif dans les
espaces publics.
« J’ai vraiment fini part intégrer que je suis grand, que je suis noir
donc je suis
effrayant.
Et ça a eu un impact, peut-être même que ça en a encore
aujourd’hui sur ma manière de vivre l’espace public.
»
C’est aussi quelque chose qui explique très bien le traitement
différencié du sexisme qui semble bien plus respectable quand il
vient des hommes blancs des classes moyennes
et supérieures.
Et cette hiérarchie c’est ce que montre très bien par exemple un
sociologue comme FLORIAN VOROS dans l’enquête qu’il consacre aux
fantasmes sexuels masculins.
Car ce qui ressort c’est que les hommes blancs et bourgeois excité
par des formes de domination masculine dans le porno gardent la
face en se distinguant des mecs de banlieues.
Des mecs qui contrairement à eux exercerait une domination
particulièrement violente et agressive.
« La virilité elle est présenté
par ces hommes comme quelque chose de naturelle mais ils sont
aussi éduqués, donc eux sont capables de la maitriser notamment
par rapport à certains contre-modèles comme le gros beauf ou la
racaille.
Donc des contre-modèles de classes populaires ou d’hommes
implicitement arabes ou noirs
qui a la différence des ces hommes blancs de classes moyennes et
supérieurs ne sauraient pas tenir leur virilité.
» Du coup ces
hommes dont la position social ne dépend pas de la force physique
dévalorisent
cette hypervirilité et font valoir leur respectabilité en mettant en
avant des choses comme leur
assurance, leur sens des responsabilité, ou plus généralement leur
statut social.
Cette promotion d’une virilité civilisée basée sur
l’assurance c’est d’ailleurs quelque
chose qu’on a pu voir dans l’émission Entre mecs et qui est
caractéristique de cette masculinité respectable des classes
moyennes et supérieures blanches.
« Et moi j’avoue je me sens viril, je saurais pas t’expliquer
exactement pourquoi, mais
je pense que ça vient avec la confiance, l’assurance.
Je trouve que
au bout d’un moment quand t’es vraiment un mec assumé, que tu
vis
bien ta masculinité, peu importe ce que tu fais tu seras viril.
» Bref,
je pense que vous l’avez compris mais les hommes considérés
comme virils peuvent
être en bas de la hiérarchie des masculinités, il suffit pour ça qu’ils
soient du mauvais côté des frontières de race ou de classe.
Mais la masculinité hégémonique comme vous vous en doutez ne se
définit pas uniquement contre ces hommes.
Elle s’oppose aussi à un autre type de masculinité : celle des
hommes homosexuels.
« - Ah t’es pédé ! - Mais nan arrêtes… mais ! »
Être un homme hégémonique,
c’est nonseulement être un blanc de classe moyenne et supérieur,
c’est aussi ne surtout pas être gay.
C’est être profondément et authentiquement hétéro.
« C’est toujours
tellement bien de passer des moments hétéro comme ça, entre
bonhomme,
entre couilles, c’est les meilleurs.
» Du coup sortir de
l’hétérosexualité est particulièrement couteux et placent les mecs
qui le font en bas de la hiérarchie des hommes.
Cette masculinité
c’est donc ce que Connell appelle la masculinité subordonnée et elle
expose ces hommes à une violence sociale particulièrement forte.
Une violence qui est juridique ; que ce soit à travers la pénalisation
pure et dure de
l’homosexualité ou par un moindre accès aux droits par exemple
au mariage ou la procréation médicalement assistée.
Une violence qui est aussi économique et qui fait que les homme
gays connaissent plus que les hétéro des situations de précarité.
On peut penser ici en particulier aux jeunes LGBT qui sont expulsés
par leurs familles.
Mais aussi évidemment une violence qui est
physique et verbale et qui culmine par exemple
dans les guet-apens homophobes.
Bref, je pense que vous l’avez compris l’orientation sexuelle est un
élément clef dans la définition de la masculinité.
Et les hommes qui s’affranchissent de la contrainte à
l’hétérosexualité sont donc particulièrement dominés parmi les
mecs.
Alors à ce niveau de la vidéo je ne vous ai pas encore tout dit de la
typologie de Connell, mais déjà on peut constater un truc.
Ce truc c’est que contrairement à ce que pense Ben Névert il n’y a
pas d’un côté les mecs qui incarnent le rôle du male et de l’autre
côté tous ceux qui ne collent
pas à ce role.
Toute la théorie de Connell s’est d’ailleurs construite
en opposition à cette idée d’un
rôle masculin unique.
Et cette erreur se retrouve très bien chez Ben Névert car quand il se
positionne à aucun moment il ne prend en compte son orientation
sexuelle et sa position en terme de classe
sociale ou de race.
Du coup si on suit sa logique on arrive à des
trucs assez aberrants.
Par exemple l’idée que par rapport à un mec arabe ou noir des
quartiers populaires, un mec qui serait disons plus costaud et
moins dans l’émotionnel, Ben Névert serait celui
qui est le plus désavantagé socialement.
Et ça on le sait très bien
c’est tout simplement faux.
« False ! » On sait très bien que parce
qu’il est blanc il n’aura pas à souffrir
de discrimination à l’embauche ou de violences policières.
Et on
sait aussi la masculinité moins virile qu’il incarne est en fait assez
valorisante
puisqu’elle est typique des classes moyennes et supérieures.
Car
vous vous en doutez peut-être Ben Névert ne vient pas des classes
populaires.
Il vient d’une famille assez aisée puisque son père est quelqu’un qui
a fait des études d’ingénieur et a été ensuite dirigeant d’entreprise.
Autrement dit, il vient des classes supérieures et a bénéficié de
bonnes ressources économiques
et culturelles.
Ou encore autrement dit c’est un « bourgeois ».
Et
c’est d’ailleurs pas du tout un hasard
si son père, qui donc est « bourgeois » quand il parle de son enfance
se positionne un peu de la même manière que Ben Névert.
Je cite : « Les garçons étaient populaires parce qu’ils étaient doués
en sport (…) Je me souviens de deux clans finalement, ceux qui
entraient dans ces codes, et ceux qui
s’en foutaient ou ne les comprenaient pas dont je faisais partie.
J’ai
eu de la chance d’avoir une bonne bande de potes garçons et filles
au collège
qui valorisaient d’autres occupations – comme le cinéma, le théâtre
ou d’autres activités intellectuelles non genrées – donc j’ai peu
souffert de ne pas faire partie de la
caste des gens populaires ».
Dans cet extrait on voit bien que ne pas
faire partie des mecs
populaires qui font du sport n’est pas finalement pas si négatif.
Car
se distinguer d’une masculinité plus virile et sportive et valoriser
des activités
culturelles moins genrées comme le théâtre s’est aussi affirmer un
style de vie et de masculinité typique des classes moyennes et....
»
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