CM Nature et Culture
Publié le 29/11/2023
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Séance 1
Introduction : L’Homme coupé en deux ou le paradoxe de la nature
humaine
Double discours, deux visions de l’Homme : Darwin avec sa vision
naturaliste, explication par la biologie / vision culturaliste, diversité des
cultures, diversité humaine donc opposition nature / culture
Vision naturaliste :
Vision de Darwin poussée à l’extrême, radicalisée (et fausse) dans Les
hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus de John Gray,
qui s’appuie sur la sociobiologie ordinaire
Sociobiologie = expliquer comportements sociaux par la biologie
Explique différences de comportements par différences de cerveaux
entre hommes et femmes
Vision culturaliste, position relativiste :
Aujourd’hui, on sait que humains = espèce capable de se réinventer en
permanence, d’échapper au déterminisme.
Donc anthropologie recule ce
qu’on croyait universel.
Marcel Mauss, Les techniques du corps : manières de se comporter et de
se mouvoir soumises à des variations (ex : marche, natation, façon de
pointer quelqu’un…).
Descola : étude des Achuar (Amazonie équatoriale) où seuls les hommes
de 40 ans et plus sont capables de chasser car chasser implique la
capacité à lire environnement logiques d’intégrations, de perceptions
(sens) et d’actions ne sont pas non plus universels et varient selon la
culture.
Est-ce que temps et espace varient aussi culturellement ? Benjamin Lee
Whorf dit que la langue Hopi (Hopis = amérindiens faisant partie du
groupe des Pueblos d’Amérique du Nord) traduit un sens de temporalité
très différent de celui en Occident, qui est beaucoup plus dans le présent.
Donc même l’expérience du temps peut être transformée selon langue et
culture.
Anthropologie se situe au croisement de ces deux visions, qui
opposent ordre de la nature et ordre de la culture
Définitions de nature et culture (mots polysémiques) :
Nature :
environnement
non-humain.
Puis
« nature »
progressivement remplacée par « environnement » car représente
plus ce qui nous environne, propre à chaque sujet.
Nature humaine = essence humaine qui diffère selon les cultures
(part animale ou biologique de l’Homme / part universelle / part
innée / part génétique…)
Culture = origine du latin « cultura » (= fait de cultiver un champ)
donc analogie avec la culture agricole culture de l’esprit, culture
de la personne.
Ce qui est acquis, ce qu’on a appris au cours de son
développement et de son histoire personnelle.
Cultures = ensemble des croyances, pratiques, connaissances,
caractéristiques d’un groupe humain.
Nature et culture : termes indissociables l’un de l’autre.
Chacun se définit
par opposition à l’autre : nature = ce qui n’est pas la culture / culture =
ce qui n’est pas la nature.
Donc humain découpé en 2 moitiés : naturelle et culturelle.
D’autres distinctions : corps et esprit ; inné et acquis ; animal et
humain ; spontané et obligatoire ; universel et relatif, singulier ;
génétique et environnemental
Anthropologie = discipline qui étudie tension entre unité de l’Homme et
diversité des cultures.
Façon de résoudre cette tension : accepter qu’il y
ait un socle commun entre tous les Hommes mais qu’il y ait aussi des
variations, des dérives culturelles, des modifications d’environnement, des
évolutions dans le temps permettant d’accéder à l’Histoire.
Où finit la nature et où commence la culture ? Contradictoire car nature
fait partie de ce qui est commun à tous les Hommes.
Nature humaine est
un terme foncièrement ambigu.
Guerre Naturalisme / Culturalisme
Culturalisme :
Franz Boas (XIX et XXème siècles) : prussien émigré aux USA.
Fondateur de
l’anthropologie américaine, père du culturalisme américain et fossoyeur de
la race en anthropologie.
Explique qu’on ne peut pas réduire des tribus
primitives à des races.
Culture ne s’explique pas la race.
Connu aussi pour
ses travaux sur les esquimaux.
Emile Durkheim (XIX et XXème siècles) : fondateur de la sociologie.
S’appuie sur la coercition du social et explique que société façonne et
contraint l’individu.
Fait social ne s’explique pas par la psycho ou la
biologie, mais s’explique par des faits sociaux.
Sociologie est donc
autonome.
Clifford Geertz, The impact of the concept of culture on the concept of
Man : pas d’Hommes universels.
Être Homme signifie s’inscrire dans une
culture spécifique.
Il faut donc embrasser les diversités culturelles :
addition des différences et pas soustraction des différences.
Critiques et limites du culturalisme :
-
-
Danger d’envisager les cultures comme des totalités clauses :
critique non pas de Boas mais de certains de ses étudiants qui ont
fait l’école « Culture et Personnalité », comme Margaret Mead et
Ruth Benedict, qui considèrent cultures comme des îles, donc
oublient hybridations, échanges et interculturalité.
Comment penser interculturalité ? Si on est si différent, comment
expliquer appétences pour les langues ? Pour naturalistes, cerveau
est limité alors que pour culturalistes, plasticité cérébrale.
Naturalisme :
Nature détermine la culture.
Plusieurs courants :
-
-
Pas de cultures différentes, mais natures différentes, avec principe
de races.
Edward Wilson, qui cherche à réduire la part historique et culturelle
de l’Homme courant sociobiologique : expliquer comportements
par la biologie ou par le déterminisme environnemental.
Volonté de ne pas renoncer à l’universel, à la nature humaine
Lévi-Strauss étudie les rapports logiques pour comprendre comment
les cutures s’organisent.
Dans les étudiants / admirateurs de LéviStrauss, 2 courants :
Certains sont restés dans le structuralisme et le naturalisme,
comme Dan Sperber, avec La Contagion des Idées, où il relie
psycho et social.
Les lois universelles de l’esprit seraient à
l’origine de la diversité des cutures.
Sciences de la cognition
(connaissances) peuvent éclairer les comportements actuels.
Propose donc un dépassement de cette opposition nature /
culture, puisque nature permettrait la culture.
Ex de la
lecture : phénomène cultuel qui provient d’une aire cérébrale
naturelle, d’une capacité innée (attention : inné différent de
génétique, universel et spontané).
Propose une épidémiologie (= science qui met en rapport
niveau micro et macro de l’interaction) des représentations qui
décrit comment les idées se reproduisent en passant d’un
individu à un autre et subissent des transformations.
2ème dépassement pour relativiser rapport nature / culture : en
l’historicisant ou en le comparant à d’autres manières
d’appréhender le vivant.
Ex de Descola, dans Par-delà nature et culture : notions
nature et culture ne sont pas valides chez les Achuar qu’il
étudie.
Animaux ne sont pas rejetés dans la nature.
On leur
reconnaît des caractéristiques culturels (langage, volontés,
orga sociales…).
Donc rapport nature / culture pas universel
mais invention culturelle localisée.
Ex de Donna Haraway qui publie en 2003 Le manifeste des
espèces compagnes où elle explique que les rapports entre
espèces sont intimement liés et raconte sa relation fusionnelle
avec sa chienne concept de « natureculture » = faire fi des
frontières spécifiques entre les espèces, entre nature et cuture
// Baptiste Morizot : étudie relations proches entre les
espèces.
Propose une diplomatie des interdépendances, ex : il
fait une enquête, une immersion dans un troupeau de loups et
étudie chaque espèce et leurs relations entre elles (loups,
moutons, bergers, chiens de bergers, éleveurs…)
Bruno Latour : s’oppose à la notion de nature comme totalité
extérieure régie par lois organisées par les hommes.
Propose
plutôt terme « Gaïa », inventé par l’écologiste Lovelock, qui
désigne la terre comme un macro-organisme vivant, une
planète comme lieu habitable pour cohabitation des espèces.
Les hommes en font donc aussi partis.
Séance 2 : L’humain est-il un animal comme les autres ?
Définition de l’homme et l’animal comme des opposés
I.
Le propre de l’homme ne le reste jamais très longtemps
A.
Des cultures animales ?
Homme serait la seule espèce à échapper aux lois de la nature.
Propres de l’hommes : société, cité, moralité, bipédie, rire, âme,
connaissance de l’homme, conscience de soi, maniement d’outils, culture,
langage.
Alors qu’en fait, ils ne sont pas que le propre de l’homme :
- Rire aussi présent chez perroquets Kéa et rats.
- Outil utilisé depuis toujours pour démarquer animaux et humains.
Mais en 1961, l’éthologue Jane Goodall observe que chimpanzés
utilisent aussi des outils pour casser les noix.
Tandis que d’autres
groupes de chimpanzés vont les casser avec des pierres.
Autre ex : technique de pêche avec des branches chez les
chimpanzés ou les bonobos.
Autre ex : sex-toys chez les bonobos.
- Culture aussi présente chez mésanges anglaises qui, début XXème
siècle en Angleterre, viennent picorer le lait dans les bouteilles de
lait ouvertes.
Années 1920, invention des opercules sur les
bouteilles fait que mésanges apprennent à percer les opercules.
En
1949, Fisher et Hinde reconstituent la diffusion de ce phénomène :
présent dans toute l’Angleterre.
Autre ex : en 1953, île de Kojima au Japon, femelle macaque lave
des patates douces dans l’eau du ruisseau.
Puis phénomène se
diffuse dans tout son groupe social.
Autre ex : « handclasp grooming » (technique de toilettage en
binôme) chez les chimpanzés, qui s’est répandu dans tout un groupe
social.
Autre ex : mode du brin d’herbe dans l’oreille au sanctuaire de
Chimfunshi en Zambie, lancée par une femelle....
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