XXXII Le Président venait à nouveau de hausser le son de son transistor : .
Publié le 30/10/2013
Extrait du document
«
cardinal-archevêque
d’Aixoffredesécoles qu’ilferavider etses séminaires déjàvides...
Àl’unanimité, l’ONUvote
l’abolition desraces, sous-entendu delanôtre, etnous avons votécela, sansrire ! Dans ceguignol bigarré, nousenavons
voté biend’autres !...
ÀGenève, grèvedelafaim dufondateur de Fraternité
humaine :
Edgar Wentzwiller, leader
humanitaire calviniste(lesecrétaire d’Étatlitune dépêche) poursuivant unegrève delafaim commencée depuisl’échec de
São Tomé, entend sepriver detoute nourriture tantquetous lesimmigrants duGange neseront pasinstallés enEurope
occidentale pouryêtre soignés, nourrissauvés.
Ilen est àsa troisième campagne diététique, monsieurleprésident.
Àquel
âge très avancé etaprès combien d’interminables grèvesdelafaim Gandhi est-ilmorttranquillement assassiné !...Dix
mille personnes (Perretlitune autre dépêche) ontjeûné etprié toute lajournée duVendredi saintdansl’abbatiale duBec-
Hellouin enprésence del’abbé DomVincent Laréole, revenuspécialement pourcette occasion d’uncongrès bouddhique à
Kyoto.
DomVincent Laréolearappelé cemot deGandhi (décidément immortel,monsieurleprésident !) :« Comment
pourrait-on sechauffer ausoleil divinlorsque tantd’hommes meurentdefaim ? » Àl’issue delajournée, unemotion aété
votée parapplaudissements quidemande augouvernement françaisdeprendre nettement positionenfaveur del’accueil sur
notre territoire desimmigrants duGange.
Ladépêche neprécise pas,monsieur leprésident, si,après tantdemacérations,
les pèlerins duBec-Hellouin sontretournés chezeuxpour souper...
Jevous passe lereste, monsieur leprésident (les
dépêches volentsurletapis).
Onfrétille danslescathédrales, lessyndicats, lesligues, jusquedansl’école maternelle de
Sarcelles oùles mioches ontfait lagrève desbilles « parsolidarité aveclespetits enfants duGange quin’ont pluslecoeur
à jouer ».
Encoreune,cependant, quivaut sonpesant d’âme : Lecardinal-archevêque deParis, leprésident duConseil
consistorial del’Église réformée, legrand rabbin deParis etlemufti delagrande mosquée SiHadj ElKebir déclarent se
constituer encomité permanent...
— Ceux-là, ditlePrésident, j’aidûles recevoir cematin.
Lemusulman étaitleseul quiparvenait encoreàse contrôler.
J’ai
éprouvé l’impression qu’ilsesentait toutàfait gêné d’être là,comme s’ilensavait plusquelesautres, maisiln’a pas
ouvert labouche.
Lecardinal n’apas cessé deme corner auxoreilles.
IIm’a parlé dejustice danslacapitale –comme sile
Midi menacé neme suffisait pas !Ilaévoqué lescentaines demilliers detravailleurs étrangersattendant l’accession àla
dignité d’homme etbrusquement conscientsdeslimites deleur patience.
Ilm’a remis enmémoire –oui ! lui !cardinal
romain ! prélatcatholique ! – cette
phrase deSartre quiavait faittant debruit autrefois etd’où furent tirésunnombre
considérable despectacles d’avant-garde subventionnés : « Lemonde compte deuxmilliards etdemi d’individus dontcinq
cents millions d’hommes etdeux milliards d’indigènes. » Etpendant cetemps-là, jeregardais levisage hermétique du
grand mufti.
Lecardinal m’afourré danslesmains letexte d’une déclaration deleur comité permanent.
— La voici,monsieur leprésident.
(Perretafouillé danslesdépêches.) Elleaété publiée àmidi : « ...Leur seulcrime est
de nepas être delamême racequenous.
C’estdoncnonseulement unequestion decharité élémentaire, maisdejustice que
de les respecter.
Toutevexation, toutebrutalité, toutmanque derespect àleur égard constituent desactes d’autant plus
odieux queleur condition demigrants lesmet, àdes titres divers, dansunesituation plusdifficile etplus douloureuse. »
— C’est cela !Oui,c’est cela ! J’avais enviedelui crier : « Etnotre situation ànous, Éminence ! » (LePrésident, qui
d’ordinaire n’élevaitjamaislavoix, semblait cettefoisemporté decolère.) Toutceladevenait grotesque ! Jeregardais
toujours lemufti impénétrable etjeme disais ques’ilavait eul’hypocrite couragedesigner cettedéclaration quiconstate
de façon solennelle l’inégalitédesraces, c’estqu’il avait probablement quelquechosed’autre danslatête.
Jesuppose qu’il
devait penser quelesraces sontinégales, certes,maispastoujours lesmêmes ausommet delabalance, c’estunequestion
de rotation.
Àlafin, jen’y tenais plus.J’aidemandé aucardinal : « Quiestlapatronne deParis ? » Ilabredouillé jene sais
quoi.
« Sainte Geneviève », luiai-je Précisé.
« Quand lesHuns sontarrivés auxportes deParis, elleestsortie desmurs en
grande pompe etvotre prédécesseur l’archevêquel’accompagnait, tropheureux decerenfort inespéré decaractère divin. »
Imaginez-vous cequ’il m’arépondu ? Quesainte Geneviève n’avaitjamaisexisté.Quetoutcela était faribole d’enfants et
que lasainte nefigurait plusdepuis longtemps aucalendrier romainofficiel.
Déboulonnée pourcause demythe, paraît-il.
Je
l’avais oublié.
Ilest vrai qu’à l’époque, personnen’avaitprotesté, saufundoux rêveur duConseil municipal deParis dont
le nom n’amême passurvécu.
Ducoup, j’aidonné congéàces quatre saintshommes.
J’étaishorsdemoi.
Uneseule
consolation, cependant.Celledesavoir queleur comité permanent siégeaitàl’archevêché.
Depuisquelecardinal avendu
tous sesmeubles auprofit dejene sais plus quietqu’il vitdans ungourbi dontnevoudrait mêmepasl’évêque rougede
Bahia, c’estbienl’endroit leplus inconfortable deParis.
Siégeant enpermanence surdes tabourets debois, j’espère qu’ils
finiront paravoir malauxfesses.
Maigre consolation, n’est-cepas ?Ons’accroche àce qu’on peut.Quoi d’autre, monsieur
Perret ?
— Tout etrien, monsieur leprésident.
Sansfinetdéjà fini.Pendant sixsemaines, tousceux quis’imaginent penser,ence
monde, ontpris position, ettoujours danslemême sens.Lesgouvernements sesont concertés fébrilement.
Etpour aboutir
à quoi ? Àrien ! Nousvivons ausiècle duverbe dissolvant.
Lesmots nousdispensaient d’agirenattendant l’inéluctable,
car nous savions quecetinéluctable étaitau-delà desmots.
Etvoici maintenant lesseuls actesquicomptent, ceuxqui
expriment lavérité profonde : chrétienoupas, toutlemonde fichelecamp.
Etàmoins denous contenter nousaussi de
mots, noussommes seuls,monsieur leprésident, vousetmoi.
— Seuls, pastout àfait.
Ilyace vieux foudeMâchefer.
EtPierre Senconac, jeviens d’enrecevoir lanouvelle parle
directeur d’Est-Radio.
JeanOrelle sauveinextremis cequi restait enlui deraison.
Etpuis, dansl’autre camp,cetactiviste
de lapensée, Clément Dio.Ettous cesidéalistes debistrot, decampus etde sacristie quidescendent verslesud et
accordent enfinleursactes àleurs discours.
Pourunpeu, d’ailleurs, ceux-là,jeles envierais.
Enfin,ilyal’armée.
Et
l’armée demétier, desrégiments choisis.Depuiscematin, surmon ordre, elleprend position.
— L’armée ! Évidemment, celafaitdes milliers desoldats, d’officiers, degénéraux ! Desmots, toutcela ! Rienquedes.
»
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