XXXI - La chasse à courre Le piqueur qui avait détourné le sanglier et qui avait affirmé au roi que l'animal n'avait pas quitté l'enceinte e s'était pas trompé.
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
frère !
nesommes-nous pas,vous etmoi, desprisonniers àla cour deFrance, desotages denotre parti ?
Le duc François tressaillit àces mots, etregarda Henricomme pourprovoquer uneplus large explication ;
mais Henri s’était plusavancé qu’iln’avait coutume delefaire, etilgarda lesilence.
– Que voulez-vous dire,Henri ? demanda leduc François, visiblement contrariéquesonbeau-frère, enne
continuant pas,lelaissât entamer ceséclaircissements.
– Je dis, mon frère, reprit Henri, queceshommes sibien armés, quisemblent avoirreçupour tâche dene
point nousperdre devue, onttout l’aspect degardes quiprétendraient empêcherdeuxpersonnes des’échapper.
– S’échapper, pourquoi ?comment ? demandad’Alençon enjouant admirablement lasurprise etlanaïveté.
– Vous avezlàun magnifique genêt,François, ditHenri poursuivant sapensée toutenayant l’airdechanger
de conversation ; jesuis sûrqu’il ferait septlieues enune heure, etvingt lieues d’iciàmidi.
Ilfait beau ; cela
invite, surmaparole, àbaisser lamain.
Voyez donclejoli chemin detraverse.
Estcequ’il nevous tente pas,
François ? Quantàmoi, l’éperon mebrûle.
François nerépondit rien.Seulement ilrougit etpâlit successivement ; puisiltendit l’oreille commes’il
écoutait lachasse.
– La nouvelle dePologne faitson effet, ditHenri, etmon cherbeau-frère ason plan.
Ilvoudrait bienqueje
me sauvasse, maisjene me sauverai passeul.
Il achevait àpeine cetteréflexion, quandplusieurs nouveaux convertis, revenusàla cour depuis deuxoutrois
mois, arrivèrent aupetit galop etsaluèrent lesdeux princes avecunsourire desplus engageants.
Le duc d’Alençon, provoquéparlesouvertures deHenri, n’avait qu’unmotàdire, qu’un gesteàfaire, etil
était évident quetrente ouquarante cavaliers, réunisencemoment autourd’euxcomme pourfaireopposition à
la troupe deM. de Guise, favoriseraient lafuite ; maisildétourna latête, etportant soncoràsa bouche, ilsonna
le ralliement.
Cependant lesnouveaux venus,comme s’ilseussent cruque l’hésitation duduc d’Alençon venaitduvoisinage
et de laprésence desGuisards, s’étaientpeuàpeu glissés entreeuxetles deux princes, ets’étaient échelonnés
avec unehabileté stratégique quiannonçait l’habitude desdispositions militaires.Eneffet, pourarriver auduc
d’Alençon etau roi deNavarre, ileût fallu leurpasser surlecorps, tandis qu’àperte devue s’étendait devantles
deux beaux frèresuneroute parfaitement libre.
Tout àcoup, entrelesarbres, àdix pas duroi deNavarre, apparutunautre gentilhomme quelesdeux princes
n’avaient pasencore vu.Henri cherchait àdeviner quiilétait, quand cegentilhomme, soulevantsonchapeau, se
fit reconnaître àHenri pourlevicomte deTurenne, undes chefs duparti protestant quel’on croyait enPoitou.
Le vicomte hasarda mêmeunsigne quivoulait clairement dire :
– Venez-vous ? MaisHenri, aprèsavoirbienconsulté levisage impassible etl’œil terne duduc d’Alençon,
tourna deuxoutrois foislatête surson épaule comme siquelque choselegênait danslecol deson pourpoint.
C’était uneréponse négative.
Levicomte lacomprit, piquadesdeux etdisparut danslefourré.
Aumême instant
on entendit lameute serapprocher, puis,àl’extrémité del’allée oùl’on setrouvait, onvit passer lesanglier, puis
au même instant leschiens, puis,pareil auchasseur infernal,CharlesIXsans chapeau, lecor àla bouche,
sonnant àse briser lespoumons ; troisouquatre piqueurs lesuivaient.
Tavannesavaitdisparu.
– Le roi ! s’écria leduc d’Alençon.
Etils’élança surlatrace.
Henri, rassuré parlaprésence deses bons amis,
leur fitsigne dene pas s’éloigner ets’avança verslesdames.
– Eh bien ? ditMarguerite enfaisant quelques pasau-devant delui.
– Eh bien, madame, ditHenri, nouschassons lesanglier.
– Voilà tout ?
– Oui, levent atourné depuishiermatin ; maisjecrois vousavoir prédit quecela serait ainsi.
– Ces changements devent sontmauvais pourlachasse, n’est-ce pas,monsieur ? demandaMarguerite.
– Oui, ditHenri, celabouleverse quelquefois touteslesdispositions arrêtées,etc’est unplan àrefaire.
En cemoment lesaboiements delameute commencèrent àse faire entendre, serapprochant rapidement,et
une sorte devapeur tumultueuse avertitleschasseurs desetenir surleurs gardes.
Chacun levalatête ettendit
l’oreille.
Presque aussitôtlesanglier déboucha, etau lieu deserejeter danslebois, ilsuivit laroute venant droitsurle
carrefour oùsetrouvaient lesdames, lesgentilshommes quileur faisaient lacour, etles chasseurs quiavaient
perdu lachasse.
Derrière lui,etlui soufflant aupoil, venaient trenteouquarante chiensdesplus robustes ; puis,derrière les
chiens, àvingt pasàpeine, leroi Charles sanstoquet, sansmanteau, avecseshabits toutdéchirés parlesépines,
le visage etles mains ensang.
Un oudeux piqueurs restaientseulsaveclui.Leroi nequittait soncorque pour exciter seschiens, necessait
d’exciter seschiens quepour reprendre soncor.
Lemonde toutentier avaitdisparu àses yeux.
Sison cheval eût
manqué, ileût crié comme Richard III :Macouronne pouruncheval !
Mais lecheval paraissait aussiardent quelemaître, sespieds netouchaient paslaterre etses naseaux
soufflaient lefeu.
Le sanglier, leschiens, leroi passèrent commeunevision.
– Hallali, hallali ! crialeroi enpassant.
Etilramena soncoràses lèvres sanglantes.
Àquelques pasdelui.
»
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