XXV - Les boucliers invisibles Le lendemain du jour où Catherine avait écrit la lettre qu'on vient de lire, le gouverneur entra chez Coconnas avec un appareil des plus imposants : il se composait de deux hallebardiers et de quatre robes noires.
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
Il
faut, pour queLaMole comprenne cebillet etpour qu’ilaitfoi avec Coconnas dansceque lePiémontais
appelait ses boucliers
invisibles ,
que nous ramenions lelecteur àcette petite maison, àcette chambre où
tant descènes d’unbonheur enivrant, oùtant deparfums, àpeine évaporés, oùtant dedoux souvenirs, devenus
depuis desangoisses, brisaientlecœur d’une femme àdemi renversée surdes coussins develours.
– Être reine, êtreforte, êtrejeune, êtreriche, êtrebelle, etsouffrir ceque jesouffre !s’écriait cettefemme ; oh
! c’est impossible !
Puis, danssonagitation, elleselevait, marchait, s’arrêtaittoutàcoup, appuyait sonfront brûlant contre
quelque marbreglacé,serelevait pâleetlevisage couvert delarmes, setordait lesbras avec descris, et
retombait briséesurquelque fauteuil.
Tout àcoup latapisserie quiséparait l’appartement delarue Cloche-Percée del’appartement delarue Tizon
se souleva ; unfrémissement soyeuxeffleura laboiserie, etladuchesse deNevers apparut.
– Oh !s’écria Marguerite, c’esttoi!Avec quelle impatience jet’attendais !Eh bien, quelles nouvelles ?
– Mauvaises, mauvaises,mapauvre amie.Catherine pousseelle-même l’instruction, eten cemoment encore
elle estàVincennes.
– Et René ?
– Il est arrêté.
– Avant quetuaies pului parler ?
– Oui.
– Et nos prisonniers ?
– J’ai deleurs nouvelles.
– Par leguichetier ?
– Toujours.
– Eh bien ?
– Eh bien, ilscommuniquent chaquejourensemble.
Avant-hier onles afouillés.
LaMole abrisé tonportrait
plutôt quedelelivrer.
– Ce cher LaMole !
– Annibal ari au nez desinquisiteurs.
– Bon Annibal !Mais après ?
– On lesainterrogés cematin surlafuite duroi, sursesprojets derébellion enNavarre, etils n’ont riendit.
– Oh !je savais bienqu’ils garderaient lesilence ; maiscesilence lestue aussi bienques’ils parlaient.
– Oui, mais nous lessauvons, nous.
– Tu asdonc pensé ànotre entreprise ?
– Je ne me suis occupée quedecela depuis hier.
– Eh bien ?
– Je viens deconclure avecBeaulieu.
Ah!ma chère reine, quelhomme difficileetcupide !Cela coûtera lavie
d’un homme ettrois centmille écus.
– Tu dis qu’il estdifficile etcupide… etcependant ilne demande quelavie d’un homme ettrois centmille
écus… Maisc’estpour rien!
– Pour rien… troiscentmille écus!… Mais toustesjoyaux ettous lesmiens n’ysuffiraient pas.
– Oh !qu’à celanetienne.
Leroi deNavarre paiera,leduc d’Alençon paiera,monfrère Charles paiera,ou
sinon… –Allons !tu raisonnes commeunefolle.
Jeles ai,les trois centmille écus.
– Toi ?
– Oui, moi.
– Et comment teles es-tu procurés ?
– Ah !voilà !
– C’est unsecret ?
– Pour toutlemonde, exceptépourtoi.
– Oh !mon Dieu !dit Marguerite souriantaumilieu deses larmes, lesaurais-tu volés ?
– Tu enjugeras.
– Voyons.
– Tu terappelles cethorrible Nantouillet ?
– Le richard, l’usurier ?
– Si tu veux.
– Eh bien ?
– Eh bien !tant ilya qu’un jourenvoyant passercertaine femmeblonde, auxyeux verts, coiffée detrois
rubis posés l’unaufront, lesdeux autres auxtempes, coiffurequiluivasibien, etignorant quecette femme était
une duchesse, cerichard, cetusurier s’écria : « Pourtroisbaisers àla place deces trois rubis, jeferais naître trois
diamants decent mille écuschacun !»
– Eh bien, Henriette ?
– Eh bien, machère, lesdiamants sontéclos etvendus..
»
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