XVIII - Ça me fera ma dose, pensa Jacquemort.
Publié le 15/12/2013
Extrait du document
«
XIX
2
septembre.
L’ombre
s’épaississait autourdeJacquemort.
Assisàson bureau, ilméditait.
Unecertaine lassitude le
retenait defaire lalumière.
Ç’avaitétéune journée fatigante, ladernière d’unesemaine fatigante etiltentait de
retrouver lecalme deson âme.
Pendant touscesjours defièvre etd’agitation, ilavait àpeine éprouvé lebesoin
de psychanalyser, maismaintenant qu’ilétait seul, détendu, danssachambre, ilsentait revenir, préciset
angoissants, levide etl’absence depassion masqués untemps parune surabondance d’images.Incertain, nude
désirs, ilattendait quelabonne frappât àsa porte.
Il faisait chauddanssachambre vernie,etcela sentait bonlebois ; lamer voisine adoucissait l’haleine
brûlante del’air etlerendait calmant etdélicieux.
Dehors,onentendait quelquescrisd’oiseaux etdes frottis
aigus d’insectes.
Et puis, ongratta àla porte.
Jacquemort seleva, allaouvrir.
Lajeune paysanne entraetresta surplace,
paralysée parlatimidité.
Jacquemort souriait ;ilmanœuvra l’interrupteur etreferma soigneusement le
panneau.
– Alors ? dit-il.Onapeur ?
Il se reprocha aussitôtsavulgarité, maisselapardonna quelquesinstantsplustardenréfléchissant qu’elle
n’avait puchoquer unepersonne vulgaire.
– Assieds-toi…, proposa-t-il.Là…Surlelit.
– J’ose pas…,dit-elle.
– Allons, allons,ditJacquemort.
Nesois pastimide avecmoi.
Étends-toi etdétends-toi.
– Est-ce quejeme déshabille ? demanda-t-elle.
– Tu faisceque tuveux, ditJacquemort.
Déshabille-toi siça tetente, etsinon, non.Mets-toi àton aise… C’est
tout ceque jete demande.
– Vous allezvous déshabiller aussi ?demanda-t-elle unpeu enhardie.
– Mais écoute, protesta Jacquemort, tuesvenue icipour unepsychanalyse ouune fornication ?
Elle baissa latête, honteuse, etJacquemort sesentit légèrement excitépartant d’ignorance.
– Je comprends pasvosgrands mots,dit-elle.
Moijeveux bienfaire ceque vous medirez.
– Mais jete dis defaire ceque tuveux, insista Jacquemort.
– J’aime bienqu’on medise tout ceque jedois faire… Cen’est pasmoi quicommande, aprèstout…
– Alors, étends-toi commetues, dit Jacquemort.
Il retourna s’asseoiràson bureau.
Elleleregardait parendessous, et,sedécidant, enlevasarobe d’ungeste
adroit.
C’étaitunedeses robes detous lesjours qu’elle avaitremise enrevenant dubaptême, unecotonnade à
fleurs sansintérêt.
Jacquemort ladétailla, unpeu lourde, bienplantée, lapoitrine rondeetgrasse, leventre pasencore déformé
par letravail.
Elleallas’allonger surlelit etilpensa quelorsqu’elle seraitpartie, ilallait setrouver, aumoment
de secoucher, troubléparl’odeur decette femme.
Elle marchait unpeu bêtement, maisc’était encore làsans doute, unreste depudeur.
– Quel âgeas-tu ? demanda Jacquemort.
– J’ai vingtans,dit-elle.
– Tu esd’où ?
– Du village.
– Comment as-tuétéélevée ? Quelestton plus vieux souvenir ?
Il bavardait d’untonléger pourlamettre enconfiance.
– Tu terappelles tesgrands-parents ?
Elle réfléchit uneminute.
– C’est pourquoiquevous m’avez faitvenir ? demanda-t-elle.
Pourmedemander ceschoses-là ?.
»
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