XVI La tête remplie de George Barnwell, je ne fus d'abord
Publié le 15/12/2013
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«
réservé
degens quiensavent beaucoup plusqu’ils neveulent endire, etcela remplissait toutlevillage d’admiration.
Ils
avaient desfaçons aussimystérieuses ensaisissant leursverres ques’ilseussent saisilecoupable lui-même ; pastout à
fait, cependant, puisqu’ilsn’enfirent jamais rien.
Longtemps aprèsledépart deces dignes représentants delaloi, ma sœur étaitencore aulittrès malade.
Elleavait
la vue toute troublée, desorte qu’elle voyaitlesobjets doubles, etsouvent ellesaisissait unverre ouune tasse àthé
imaginaire aulieu d’une réalité.
L’ouïeétaitchezellegravement affectée,lamémoire aussi,etses paroles étaient
inintelligibles.
Quand,plustard, elleputdescendre desachambre, ilme fallut tenirmonardoise constamment àsa
portée pourqu’elle pûtécrire cequ’elle nepouvait articuler ; mais,comme elleécrivait fortmal, qu’elle était
médiocrement fortesurl’orthographe, etque Joen’était pasnon plus unhabile lecteur, ils’élevait entreeuxdes
complications extraordinaires, quej’étais toujours appeléàrésoudre.
Cependant soncaractère s’étaitconsidérablement amélioré,elleétait devenue mêmeassezpatiente.
Un
tremblement nerveuxs’empara detous sesmembres, etils prirent uneincertitude demouvement quifitpartie deson
état habituel ; puis,après unintervalle detrois mois, àpeine pouvait-elle portersamain àsa tête, etelle tombait
souvent pendant plusieurs semaines dansunetristesse voisinedel’aberration d’esprit.Nousétions trèsembarrassés
pour luitrouver unegarde convenable, lorsqu’unecirconstance fortuitenousvintenaide.
Lagrand-tante deM. Wopsle
mourut, etcelui-ci, voyantl’étatdanslequel masœur étaittombée, laissaBiddy venirlasoigner.
Ce fut environ unmois après laréapparition dema sœur danslacuisine, queBiddy arriva cheznous avecunepetite
boîte contenant tousleseffets qu’elle possédait aumonde.
Cefut une bénédiction pournous tousetsurtout pourJoe,
car lecher homme étaitbienabattu, encontemplant continuellement lalente destruction desafemme, etilavait
coutume, lesoir, enveillant àses côtés, detourner surmoi detemps àautre sesyeux bleus humides delarmes, enme
disant :
« C’était unsibeau corps defemme ! monpetit Pip. »
Biddy entradesuite enfonctions etprodigua àma sœur lessoins lesplus intelligents, commesielle n’eût faitque
cela depuis sonenfance.
Joeput alors jouirenquelque sortedelaplus grande tranquillité qu’ileûtjamais goûtée
durant toutlecours desavie, etileut leloisir depousser detemps entemps jusqu’aux Trois
jolisBateliers, ce
qui lui
fit un bien extrême.
Unechose étonnante, c’estquelesgens delapolice avaient tousplusoumoins soupçonné le
pauvre Joed’être lecoupable sansqu’ils’endoutât, etque, d’un commun accord,ilsleregardaient commeundes
esprits lesplus profonds qu’ilseussent jamaisrencontrés.
Le premier triomphe deBiddy, danssanouvelle charge,futderésoudre unedifficulté quejen’avais jamaispu
surmonter, malgrétousmesefforts.
Voiciceque c’était :
Toujours etsans cesse masœur avaittracé surl’ardoise unchiffre quiressemblait àun T ;puis elleavait appelé
notre attention surcechiffre, comme unechose dontelleavait particulièrement besoin.J’avaisdoncpassé enrevue
tous lesmots quicommençaient parunT,depuis Tabacjusqu’à Tyran.Àla fin, ilm’était venudansl’idée quecette
lettre avaitassez laforme d’unmarteau, et,ayant prononcé cemot àl’oreille dema sœur, elleavait commencé à
frapper surlatable ensigne d’assentiment.
Là-dessus,j’avaisapporté tousnosmarteaux lesuns après lesautres, mais
sans succès.
Puisj’avais penséàune béquille.
J’enempruntai unedans levillage, et,plein deconfiance, jevins lamettre
sous lesyeux dema sœur, maisellesemit àsecouer latête avec unetelle rapidité, quenous eûmes unegrande
frayeur : faibleetbrisée comme elleétait, nouscraignîmes qu’ellenesedisloquât lecou.
Quand masœur eutremarqué queBiddy lacomprenait trèsvite, lesigne mystérieux reparutsurl’ardoise.
Biddy
l’examina avecattention, entenditmesexplications, regardamasœur, meregarda, regardaJoe,puis ellecourut àla
forge, suivieparJoeetpar moi.
« Mais oui,c’est biencela ! s’écria Biddy,nevoyez-vous pasque c’est lui ! »
C’était Orlick ! Iln’y avait pasdedoute, elleavait oublié sonnom etne pouvait l’indiquer queparson marteau.
Biddy lepria devenir danslacuisine.
Orlickdéposa tranquillement sonmarteau, essuyasonfront avecsonbras, puis
avec sontablier, etvint ensedandinant aveccette singulière démarche hésitanteetsans-souci quilecaractérisait.
Je m’attendais, jeleconfesse, àentendre masœur ledénoncer ; maisleschoses tournèrent toutautrement.
Elle
manifesta leplus grand désird’être enbons termes aveclui ;ellemontra qu’elleétaitcontente qu’onlelui eût amené,
et parla deluioffrir quelque choseàboire.
Elleexaminait sacontenance, commesielle eûtparticulièrement souhaité
de s’assurer qu’ilprenait saréception enbonne part.Ellemanifestait leplus grand désirdeseleconcilier, etelle avait
vis-à-vis deluicet aird’humble soumission quej’aisouvent remarqué chezlesenfants enprésence d’unmaître sévère.
Dans lasuite, ellenepassa pasunjour sans dessiner lemarteau surson ardoise, etsans qu’Orlick vîntensedandinant
se placer devant elle,avec samine hargneuse, commes’ilnesavait pasplus quemoi cequ’il voulait faire..
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