XLVII À dix kilomètres autour du Village, le pays demeurait désert, nettoyé de toute intrusion étrangère.
Publié le 30/10/2013
Extrait du document
«
solides
chaussures depromenade, cequi semblait bienchoisi etpuis, sanglée parune large ceinture decuir blanc, la
tunique dechasse del’équipage d’Uras,auxboutons d’argent frappésd’unecouronne ducale.Bombe decheval etcouteau
de chasse luibattant lacuisse complétaient cetétrange uniforme hybride,avec,pourpimenter lecocktail, uneécharpe
municipale ensautoir.
Notantlesregards amusés, ils’expliqua :
— Quand M. Mâchefer estvenu m’enlever chezmoi,ruedeVarenne, enm’accordant cinqminutes, j’aid’abord enfiléce
que jetrouvais deplus commode pourvoyager.
Aprèsquoijeme suis ditque, quitte àfaire unefin,autant quecefût dans
un déguisement quisignifiait quelquechosepourmoi.Jesuis capitaine devaisseau, ministreplénipotentiaire depremière
classe, baillidel’Ordre deMalte etgarde-noble pontifical,aumaquis depuisPieXII.
Dejolis uniformes, pourtant,
auxquels jetenais beaucoup.
Maislatunique dechasse, jecrois, remontait encoreplusloindans lepassé.
Etpuis, jesuis
venu pourchasser.
D’ailleurs, jel’ai beaucoup plusportée quelereste, jem’y trouve plusàl’aise.
L’écharpe, mafoi, j’y
suis attaché.
Jen’ai pasvoulu l’abandonner.
Jesuis lemaire trèsrépublicain d’Uras,quinzefeuxdans leVaucluse.
Quinze
feux éteints, probablement.
Il ferma lesyeux uninstant, comme s’ilserecueillait devantunetombe etajouta, touteémotion superflue envolée :
— Et maintenant, sivous voulez vousmoquer demoi, nevous gênez pas !Maire sansmairie, jecrois quenous sommes à
égalité, monsieur leministre !
— Vous voustrompez, monsieur leduc ! Nous avons icitous lespouvoirs publicsaucomplet.
Ilnous manquait encoreun
maire.
Voilàquiestréglé ! Nousvousélisons maireduVillage.
— Et àquoi celaconsiste-t-il ?
— À riendutout, évidemment ! réponditjoyeusement leministre.
Maislalégalité, monsieur leduc, lalégalité, c’estsacré !
— Et nous ? protestèrent deuxvoixvertueusement indignées.Est-cequ’onnousoublie dansladistribution ?
Deux costauds d’unetrentaine d’années, habillésdevelours côtelé,tousdeux noirs depoil etarmés deSpringfield àtrois
coups, l’airdes’amuser franchement, commedescopains qu’ilsétaient.
— Je vousprésente CrillonetRomégas, ditleduc.
Mon chauffeur etmon valet dechambre.
Natifsd’Uras.
Servent la
famille depuisdixgénérations.
J’aivoulu lesaffranchir enpartant, maisrienàfaire ! Ilsont tenu àme suivre etjem’en
félicite ! Sanseux,nous neserions jamaisarrivés.
Ilssavent toutfaire, lacuisine etle coup defeu.
— J’ai uneidée, ditlesecrétaire d’État.Nousdisposons déjàd’un gouvernement avecplusieurs ministres, d’unétat-major,
d’une armée fidèle, d’unmaire dehaute compétence, maisilnous manque encorequelque chosed’essentiel.
Hnous
manque lepeuple !
— Ça, parexemple ! fitlecolonel, jesuis impardonnable ! Jen’y avais passongé.
Crillon etRomégas, vousferez le
peuple ! Celavous va ?
Ils sepoussèrent ducoude etCrillon répondit :
— À nousdeux, jecrois qu’on s’entirera.
Maisest-ce quenous aurons ledroit degrève ?
— Le droitdegrève ? Déjà ?
— Avec pancartes etdéfilés, précisaRomégas.
Ilfaudrait savoir !Onestlepeuple ouon nel’est pas ?
— Il enest dudroit degrève comme delalégalité ! ditleministre, legeste volontairement fauxetlavoix emphatique,
comme s’ilprononçait unquelconque discoursàla Chambre.
EnOccident, touslesdeux sontsacrés ! Jevous donne
solennellement l’assurancequelegouvernement estprêt ànégocier, dansdeslimites raisonnables etnon préjudiciables à
l’intérêt delanation.
Évidemment, ilvous faudra former unsyndicat.
Oumieux, deuxsyndicats rivaux,puisque vousêtes
deux.
Vousdéfilerez àdes heures différentes surdes itinéraires différents, voilàtout.Lemaire arrangera cela...
La phrase finitenbredouillement, carilne parvenait plusàtenir sonsérieux.
Lecolonel pleurait derire, leduc maîtrisait
dignement gloussements ethoquets quiluisecouaient ledos, Mâchefer etl’armée applaudissaient, criaientbravo,agitaient
leurs bérets, tandisquelesdeux compères, jouantlesahuris, prenaient desmines avantageuses.
Incomparableinstantde
grâce, inexplicable pourquinesesent pascomplice etqui lespayait detoutes lescuistreries criminelles.
Sil’on songe à
leur isolement, aucaractère désespéré deleur entreprise, àla précarité deleur sursis, àla conscience quetous avaient d’une
fin prochaine, onseprend àpenser queleur humour avaitquelque chosedevertigineux.
Unpuits sansfond, oùles vérités
admises senoyaient aprèsenêtre trop impudemment sorties.
Au volant ducamion, lecolonel menaleretour tambour battant.Onchanta le« rien derien », etaussi un« tout estauduc,
ici, monsieur, toutestauduc », queMâchefer péchaensolo dans samémoire etqui recueillit unfranc succès.
Surtout
lorsque leduc, épaulant unSpringfield etvisant parlaportière ducamion enmarche, fauchatroisgrands diables duGange
qui détalaient encontrebas duchemin.
Tuésnet,d’une balleaucoeur.
Unbon fusil desafari.
Au vin d’honneur quicélébra, lesoir même, àla mairie, laprise defonction dunouveau maire,levieux Calguès fitun joli
discours :
— J’ai consulté, dit-ilnotamment, quelqueslivresd’histoire pourmerafraîchir lamémoire.
Carvosnoms, messieurs
Crillon etRomégas, nem’étaient pasinconnus.
Ils’agit d’une coïncidence, commedanslecas denotre colonel Constantin
Dragasès, maisvous avouerez qu’elleestdetaille.
Àlabataille deLépante, deuxcapitaines françaisservaient sousDon
Juan d’Autriche.
Ilsavaient pournomCrillon etRomégas.
J’ajoutequ’ilsylaissèrent leurpeau etque l’histoire neleur
connaît pasdedescendance...
Après quoil’ondîna, toujours surlagrande terrasse.
Dix-huit couverts.
Encomprenant ceuxdessentinelles quise
relayaient entrelesplats..
»
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