XII - Les ambassadeurs Le lendemain toute la population de Paris s'était portée vers le faubourg Saint-Antoine, par lequel il avait été décidé que les ambassadeurs polonais feraient leur entrée.
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
douté
quecevieillard àbarbe blanche pûtêtre lemême quecetintrépide chefdeshuguenots quiavait fait,cinq
ou six jours auparavant, unesirude défense.
Un mot deHenri, prononcé àl’oreille deMarguerite, fixalesregards delareine surdeMouy.
Puisalors ses
beaux yeuxs’égarèrent danslesprofondeurs delasalle : ellecherchait LaMole, maisinutilement.
La Mole n’yétait pas.
Les discours commencèrent.
Lepremier futauroi.
Lasco luidemandait, aunom deladiète, sonassentiment
à ce que lacouronne dePologne fûtofferte àun prince delamaison deFrance.
Charles répondit parune adhésion courteetprécise, présentant leduc d’Anjou, sonfrère, ducourage duquel
il fit un grand élogeauxenvoyés polonais.
Ilparlait enfrançais ; uninterprète traduisaitsaréponse après
chaque période.
Etpendant quel’interprète parlaitàson tour, onpouvait voirleroi approcher desabouche un
mouchoir qui,àchaque fois,s’enéloignait teintdesang.
Quand laréponse deCharles futterminée, Lascosetourna versleduc d’Anjou, s’inclinaetcommença un
discours latindans lequel illui offrait letrône aunom delanation polonaise.
Le duc répondit danslamême langue, etd’une voixdont ilcherchait envain àcontenir l’émotion, qu’il
acceptait avecreconnaissance l’honneurquiluiétait décerné.
Pendanttoutletemps qu’ilparla, Charles resta
debout, leslèvres serrées, l’œilfixésurlui, immobile etmenaçant commel’œild’un aigle.
Quand leduc d’Anjou eutfini, Lasco pritlacouronne desJagellons poséesuruncoussin develours rouge,et
tandis quedeux seigneurs polonaisrevêtaient leduc d’Anjou dumanteau royal,ildéposa lacouronne entreles
mains deCharles.
Charles fitun signe àson frère.
Leduc d’Anjou vints’agenouiller devantlui,etde ses propres mains,Charles
lui posa lacouronne surlatête : alorslesdeux roiséchangèrent undes plus haineux baisersquesesoient jamais
donnés deuxfrères.
Aussitôt unhéraut cria :
« Alexandre-Édouard-Henri deFrance, ducd’Anjou, vientd’être couronné roidePologne.
Viveleroi de
Pologne !»
Toute l’assemblée répétad’unseulcri :
– Vive leroi dePologne !Alors Lasco setourna versMarguerite.
Lediscours delabelle reine avaitétégardé
pour ledernier.
Or,comme c’étaitunegalanterie quiluiavait étéaccordée pourfairebriller sonbeau génie,
comme ondisait alors,chacun portaunegrande attention àla réponse, quidevait êtreenlatin.
Nous avons vu
que Marguerite l’avaitcomposée elle-même.
Le discours deLasco futplutôt unéloge qu’un discours.
Ilavait cédé, toutSarmate qu’ilétait, àl’admiration
qu’inspirait àtous labelle reine deNavarre ; etempruntant lalangue àOvide, maislestyle àRonsard, ildit que,
partis deVarsovie aumilieu delaplus profonde nuit,ilsn’auraient su,luietses compagnons, comment
retrouver leurchemin, si,comme lesrois mages, ilsn’avaient eudeux étoiles pourlesguider ; étoilesqui
devenaient deplus enplus brillantes àmesure qu’ilsapprochaient delaFrance, etqu’ils reconnaissaient
maintenant n’êtreautrechose quelesdeux beaux yeuxdelareine deNavarre.
Enfin,passant del’Évangile au
Coran, delaSyrie àl’Arabie Pétrée,deNazareth àLa Mecque, iltermina endisant qu’ilétait toutprêt àfaire ce
que faisaient lessectateurs ardentsduProphète, qui,unefoisqu’ils avaient eulebonheur decontempler son
tombeau, secrevaient lesyeux, jugeant qu’après avoirjouid’une sibelle vuerien dans cemonde nevalait plusla
peine d’être admiré.
Ce discours futcouvert d’applaudissements delapart deceux quiparlaient latin,parce qu’ilspartageaient
l’opinion del’orateur ; delapart deceux quinel’entendaient point,parcequ’ilsvoulaient avoirl’airde
l’entendre.
Marguerite fitd’abord unegracieuse révérence augalant Sarmate ; puis,toutenrépondant àl’ambassadeur,
fixant lesyeux surdeMouy, ellecommença ences termes :
« Quod
nunchacinaula insperati adestisexultaremus egoetconjux, nisiideo immineret
calimitas, scilicetnonsolum fratris sedetiam amiciorbitas.{6}
»
Ces paroles avaientdeuxsens, et,tout ens’adressant àde Mouy, pouvaient s’adresseràHenri d’Anjou.
Aussi
ce dernier salua-t-il ensigne dereconnaissance.
Charles neserappela pointavoirlucette phrase danslediscours quiluiavait étécommuniqué quelques
jours auparavant ; maisiln’attachait pointgrande importance auxparoles deMarguerite, qu’ilsavait êtreun
discours desimple courtoisie.
D’ailleurs,ilcomprenait fortmal lelatin.
Marguerite continua :
« Adeo
dolemur ate dividi uttecum proficisci maluissemus.
Sedidem fatum quenunc sine
ullâ morâ Lutetiâ cederejuberis, hacinurbe detinet.
Proficiscere ergo,frater ; proficiscere,
amice ; proficiscere sinenobis ; proficiscentem sequenturspesetdesideria nostra .
{7} »
On devine aisément quedeMouy écoutait avecuneattention profondecesparoles, qui,adressées aux.
»
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