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Xavier DELACROIX, Le Monde diplomatique

Publié le 21/06/2012

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septembre 1988.

Paraphrasant Clemenceau, un observateur attentif aux récents développements

intervenus sur la scène sportive internationale pourrait dire

que le sport est une chose trop sérieuse pour être confiée à des sportifs.

La politique n'a pas fait soudainement irruption dans le sportet

en particulier dans l'arène olympique- au gré de circonstances fortuites

ou injustes.

Dès 1896, elle lui était associée. Cela se passait à Athènes, à l'occasion

des premiers Jeux Olympiques de l'ère moderne, lorsque le prince

héritier Constantin descendit sur la piste pour accompagner son compatriote

Spiridon Louis dans les dernières foulées de son marathon victorieux.

Cette même année, le jeune journaliste Charles Maurras', parlant

de ces Jeux, écrivait, visionnaire : « Cet internationalisme-là ne

tuera pas les patries, mais les fortifiera. «

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« RÉSUMÉ.

QUESTIONS DE VOCABULAIRE DISCUSSION Moins d'un siècle plus tard, en 1980, dans les salons feutrés du palais de l'Élysée à Paris, Monsieur Gabriel Robin, conseiller diplomatique du président Giscard d'Estaing, fournit au chef de l'État des« argu­ ments politiques » pour refuser de se solidariser avec le boycottage des Jeux de Moscou décidé par le président Carter : « Car en France, lui dit-il, non seulement il y avait des sportifs qui auraient été très mal­ heureux de ne pas aller aux Jeux Olympiques, mais aussi tous ceux qui attendaient, pendant les vacances, la joie de voir les athlètes à la télévision.

)) La décision du président Carter était totalement politique, tout comme l'était celle de la France de se rendre à Moscou en trouvant à peu de frais une occasion de marquer son indépendance à l'égard de Washington.

Aux premières heures de l'ère olympique moderne, l'intervention politique présentait la double particularité d'être inévitable et, d'une certaine manière, légitime.

Inévitable, parce que l'irruption d'un phénomène transnational ne pouvait s'affranchir des contraintes diplomatiques des États.

Légitime, parce que les systèmes politiques- qu'ils fussent, selon les pays, démo­ cratiques ou monarchiques -pouvaient se prévaloir d'une adhésion publique qui faisait défaut à l'olympisme naissant, dépourvu de raci­ nes historiques et de nature particulièrement élitiste.

[ ...

] Dès lors qu'un régime intervient dans tous les domaines de la vie d'une nation, il utilise délibérément le sport à des fins politiques, à l'ins­ tar de l'Allemagne nazie avec les Jeux de Berlin en 1936.

Funk, un assis­ tant de Goebbels 2 , déclarait : « Les Jeux sont une occasion de propa­ gande qui n'a jamais connu d'équivalent dans l'histoire du monde.

)) C'est une véritable révolution copernicienne que subissent les Jeux : de manifestation périphérique aux joutes politiques, ils deviennent un enjeu spécifique.

Ce volontarisme se voit de surcroît servi par un nou­ vel instrument qui assumera plus tard un rôle fondamental dans la popularisation des J .0.

: la télévision.

A Berlin, on l'ignore souvent, les Jeux furent la première grande manifestation de l'Histoire à béné­ ficier d'une couverture télévisée : seize journées d'émission en direct, deux cent mille téléspectateurs regardant tout ou partie des cent trente­ huit heures de programmes.

Longtemps placé au sommet de la pyramide sociale, ne possédant pas de liens traditionnels avec elle, le sport commence à « descendre )) dans la société civile et à en imprégner toutes les composantes.

C'est à partir de ce moment que les manifestations sportives internationales peuvent réellement devenir un levier politique, que ce soit sur le plan intérieur ou sur la scène internationale.

L'apparition de l'Union soviétique aux Jeux d'Helsinki en 1952 est symbolique de la place qu'occupe désormais le rendez-vous olympi­ que parmi les « signaux )) politiques qu'un État peut envoyer aux autres acteurs internationaux.. »

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