Vous établirez le portrait de Chateaubriand : les désirs de sa sensibilité; — les tendances de son imagination ; — le sentiment de l'honneur ; — le goût de la grandeur.

   Le plus simple et le plus sûr est de suivre la division marquée par la matière. La plupart de nos sujets vous renseignent abondamment sur sa sensibilité (inquiète et pessimiste), sur son imagination (à la fois chimérique et sensible à la réalité pittoresque) et sur la prédominance chez lui de cette vie sentimentale. Vous indiquerez la qualité de l'orgueil de Chateaubriand. Il a certainement eu le sentiment de l'honneur; un peu de docilité lui aurait concilié Napoléon ou Louis-Philippe; mais il resta obstinément fidèle aux principes légitimistes et aristocratiques qui étaient les siens et vécut dans un isolement politique dédaigneux.    A côté de cette sensibilité, de cette imagination et de cette dignité morale, il y a eu chez Chateaubriand une intelligence lucide qui explique ses qualités d'homme d'action et, dans une large mesure, le goût classique qui lui a conservé dans son romantisme tourmenté le sens de la mesure et de l'harmonie.    Vous pouvez aussi fort bien, après avoir donné le portrait de Chateaubriand, le juger, bien que le sujet n'impose pas ce jugement. Ce jugement relève en grande partie de votre sentiment personnel. Ayez soin d'indiquer qu'on ne peut pas ne pas convenir de certaines qualités ou défauts de Chateaubriand ; mais l'impression d'ensemble ne peut pas être imposée.